Violence (et lumière)
HS 7244 est un roman noir à la fois violent et particulièrement émouvant. Sa force, il la tire du fait que l’histoire est basée sur un fait réel, odieux, scandaleux. De ceux qui ne peuvent laisser indifférents, sauf à avoir perdu son humanité. De ceux qui permettent de développer une dramaturgie poignante.
Encore fallait-il donc réussir à créer une véritable histoire autour de cette thématique, et avoir suffisamment de sensibilité pour la raconter. Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée et de vouloir mettre en lumière un scandale, il faut aussi avoir une certaine capacité de conteur.
Lorraine Letournel Laloue écrit avec le cœur, sans fioritures, avec l’envie de faire passer les émotions. Quitte à aller vers certaines extrémités. Car oui, le roman est un concentré de violences psychologiques et physiques parfois difficilement soutenable. Un peu trop parfois à mon goût, mais ça n’a absolument rien eu de rédhibitoire pour ma lecture.
D’une noirceur extrême. Mais où pourtant pointe toujours une étincelle de lumière, celle qui humanise le propos et rend les personnages attachants.
C’est cette manière de faire, exacerbée, qui marque l’esprit, choque, touche. Et fait réfléchir sur ce que l’homme est capable de faire de pire. En se rappelant que de tels comportements se déroulent aujourd’hui… Il semblerait que l’humanité ait la mémoire bien courte et n’apprend pas des leçons du passé.
Être bouleversé… et réfléchir
La manière d’être écrivaine de Lorraine Letournel Laloue, sa manière de construire une histoire, me fait penser à ce que propose Karine Giebel. Non pas qu’elle tente de copier une auteure qu’elle admire, mais on y retrouve le même genre de sensibilité noire, une même envie de heurter pour faire ressentir et faire réfléchir sur l’âme humaine.
L’écriture à la première personne rajoute à cette impression émotionnelle, à ce que le lecteur ressente l’émoi encore plus profondément.
Mais HS 7244 n’est pas qu’une accumulation de scènes-chocs, ne se résume pas à cela. Cette lumière qui pointe à travers l’obscurité est fragile, mais paradoxalement d’une puissante intensité. Parce qu’à travers l’horreur se noue l’amitié, la solidarité. Et certains y survivent par amour.
Hors de question de vous dévoiler le sujet du livre. Il faudra vous y plonger corps et âme pour en savoir davantage.
Le voyage n’est clairement pas de tout repos, HS 7244 est le genre de roman coup de poing, remuant, bouleversant. Lorraine Letournel Laloue a le don de se fondre dans son histoire, d’appuyer là où ça fait mal, pour mieux s’insurger et ensuite créer l’émotion. Un peu à l’image d’un roman comme Enfermé.e de Jacques Saussey.
Le bon roman noir n’est jamais un divertissement banal. En voici un nouvel exemple.
Lien vers l’interview de Lorraine Letournel Laloue au sujet de ce roman
Date de sortie : 27 juin 2019
Éditeur : Belfond
Genre : Roman noir
4° de couverture
Lorsque Marius se réveille dans cette cellule froide et puante, ses derniers souvenirs sont ceux d’une soirée arrosée et joyeuse avec Camille, l’amour de sa vie. Après Saint-Pétersbourg et Moscou, leur voyage à travers la Russie les avait conduits dans un petit bar de Grozny. Des vacances en amoureux, cela avait commencé comme ça…
Aujourd’hui, Marius est enfermé, il a tout perdu, à commencer par ses droits. Il entend des hurlements, des hommes sont torturés. On les accuse d’être malades, contagieux. Dans cette prison non officielle, ils font l’objet d’expériences médicales, menées par ceux qui veulent trouver l’origine de leur mal et surtout un remède à ce fléau.
Avec l’histoire de Marius, inspirée d’un drame qui a choqué le monde entier, Lorraine Letournel Laloue embarque le lecteur pour un aller simple en enfer.
Catégories :Littérature
Enchaîner les scènes chocs aurait lassé le lecteur. Le mix entre abominable et humain est superbement maîtrisé. Un roman choc. Tu sais déjà que je partage ton enthousiasme.
Je le sais déjà oui 😉
J’ai adoré ce roman … tu as eu l’intelligence de ne pas révéler le sujet 😉 Percutant, touchant j’ai été particulièrement touchée par ce roman …
ce serait criminel de parler du sujet ! Je ne suis pas étonné que tu sois touchée 😉
Nous sommes d’accord 😉
comme souvent 😉
Il me tente bien. Pourtant pour la premiere fois, je me demande si je serai assez forte pour supporter cette lecture. Pourtant j en ai deja lu des similaires, sinon pires. Serais je en train de changer ou est ce juste un coup de mou polardesque ? Affaire a suivre. Tres belle chronique qui donne envie en tout cas !
la lecture est une histoire de moment, aussi. parfois ce n’est pas le moment et ça vient ensuite
Oui c est ca ! Je vais laisser ce roman dans un coin de ma tête et je le tenterai quand je m’en sentirai capable. Bon week end Yvan bises
A bientôt 😉
Oh celui là je le note ! merci Yvan 😉
bon courage pour cette lecture éprouvante !
Il doit être dans la lignée de Mathias Köping avec “le manufacturier” où il fallait s’accrocher et avoir l’estomac solide ^^ Excellent weekend Yvan !
Je ne peux pas te dire, je ne l’ai pas lu. Ça ne me semble pas le même genre de sujet
Le Mathias Köping est un uppercut, il est génial mais c’est très violent. C’est en ce sens que je faisais ce parallèle même, si c’est vrai, les sujets sont différents.
Il me tente beaucoup 😊
il est fait pour toi 😉
Je le possède et je sais déjà que je vais devoir m’accrocher à Chouchou pour le lire ! 😆