L’art d’être premier
Et pourtant… Posons tout d’abord le contexte : ce troisième opus des aventures du capitaine Mehrlicht peut tout à fait se lire indépendamment des deux autres et l’auteur est un sacré phénomène. Deux vérités absolument indiscutables (et quand on porte le patronyme d’un fusil ayant servi durant les deux guerres, il ne faut pas s’étonner que l’on pétarade à coup de bons mots autour d’une commémoration de champs de bataille).
Posons les faits. Cette nouvelle intrigue est le cadre d’une ténébreuse histoire de pièces « d’art premier », disparues sans qu’on en ait rien à Branly (je parle du musée si cher à l’ex-président Chirac, dont le supérieur de Mehrlicht aime tant citer les « grandes » paroles. Mais je m’égare…).
La langue à toutes les sauces
Nicolas Lebel est un amoureux de la langue, un épicurien des belles phrases et des traits d’esprits, un hédoniste qui aime le bel ouvrage. Sa nouvelle histoire (si bien ouvragée) est un plaisir du cerveau, qui fait de l’effet autant sur les tripes que sur les muscles faciaux.
Ce roman est à l’image de son démarrage. Avec une scène d’enterrement qui arrive à nous faire balancer entre tristesse, émotion et franche rigolade, d’une phrase à l’autre. Il sait être sombre (très sombre même parfois) et franchement désopilant à d’autres instants.
C’est la parfaite dualité du style Lebel, qui sait jouer de ses mots pour faire jaillir l’émotion (négative ou jouissive), sans que jamais on ne sache trop à quoi s’attendre. Il s’amuse à nous proposer ses personnages excessifs et à écorner certains travers de notre société à coups de scènes mémorables (je ne suis pas certain de me remettre un jour des scènes dites « de la sonnerie du téléphone », tant je me suis bidonné).
Noir, c’est noir
Mais attention ! Quand Nico bêle le la, s’en est fini de rire. Le récit prend alors une tournure très noire, sans doute la plus violente qu’il nous ait proposée jusqu’ici. Il ne ménage rien ni personne dans cette ménagerie de forts en gueule.
Il aime jouer avec les stéréotypes pour nous confectionner des personnages inimitables, immédiatement identifiables, détestables ou chérissables. Il apporte la lumière à travers Capitaine « c’était mieux avant » Mehrlicht (même si on doute parfois qu’il soit plus vivant que mort, le bougre à tête de grenouille). Il accentue le côté obscur de son intrigue – passionnante plongée dans le monde de l’art – grâce à des personnages secondaires hauts en couleur, avec qui on se paye de belles tranches de lard.
Il nous fait profiter de son érudition sans jamais se la raconter (il faut dire qu’il est « TEL » dans ses autres vies – Traducteur, Enseignant et Linguiste). C’est Baudelaire qui sert, cette fois-ci, de faire-valoir à ce qui s’apparente à un vrai jeu de piste culturel et ludique à travers Paris.
Monsieur +
Malgré un très léger coup de mou juste après la moitié (juste pour pinailler un chouïa), l’auteur s’est vraiment transformé en Monsieur + dans ce troisième opus particulièrement fouillé. Plus noir, plus drôle et toujours intemporel, Nicolas Lebel est sans pitié pour nos nerfs et nos zygomatiques (et je suis certain qu’il n’en éprouve aucun remords). Nicolas, le bel et bien nommé, est indéniablement devenu un auteur à ne pas manquer dans le paysage du polar français.
PS : les lecteurs qui connaissent bien l’univers du polar francophone s’amuseront à rechercher les noms d’autres auteurs du noir derrière les dénominations des personnages ; exercice ludique supplémentaire proposé par ce roman et chouette cerise sur le gâteau.
Le livre en un deux mot : Monsieur +
Lien vers mon interview de Nicolas lebel au sujet de ce roman
Sortie : 26 août 2015
Éditeur : Marabout / Collection : Marabooks
Genre : Polar
Notes :
Profondeur : 8/10
Dimension de l’histoire : 7/10
Psychologie : 7/10
Qualité de l’écriture : 9/10
Émotions : 8/10
Note générale : 7,5/10
4° de couverture
9 novembre, cimetière du Montparnasse. Le capitaine Mehrlicht assiste, en compagnie de son équipe, aux obsèques de son meilleur ami, Jacques Morel. Quelques heures plus tard, il se retrouve dans le bureau d’un notaire qui lui remet, comme « héritage », une enveloppe contenant un diamant brut. Il s’agit de l’un des yeux d’une statue africaine, le Gardien des Esprits, dérobée dix ans auparavant lors du déménagement du Musée des arts africains et océaniens, que Jacques avait supervisé, et recherchée depuis par la « Police de l’Art ».
Merlicht prend un congé et son équipe se retrouve sous le commandement du capitaine Cuvier, un type imbuvable aux multiples casseroles, quand les inspecteurs Latour et Dossantos sont appelés sur la scène de l’apparent suicide d’un retraité. Quelques heures plus tard, ils assistent impuissants à la défenestration d’une femme qui, se sentant menacée, avait demandé la protection de la police. Les deux « suicidés » avaient un point commun : ils travaillaient ensemble au MAOO lors de son déménagement.
Ces événements marquent le début de 48 heures de folie qui vont entraîner Mehrlicht et son équipe dans une course contre la montre, sur la piste de meurtriers dont la cruauté et la détermination trouvent leur origine dans leur passé de légionnaires. Une enquête sous haute tension, dans laquelle débordent la fureur et les échos des conflits qui bouleversent le monde en ce début de XXIe siècle.
Catégories :Littérature
j’ai hâte de l’avoir entre les mains.
tu l’as compris, je pense qu’il en vaut la peine 😉
Bon finalement j’ai pas résisté au fait de lire ton avis.
En plus je sais que tu ne stolies jamais l’histoire, alors…
Marci pour cette fort sympatique chronique sire Yvan.
Aussi plaisante que l’est la lecture de ce super polar 😉
eheh j’ai essayé en tout cas 😉
ça va tu n’as rien retirer au plaisir de le lire 😉
Il est décidément grand temps que je découvre cet auteur. Dis-moi, puisque tu as lu les trois volumes qui sont lisibles indépendamment : lequel te semble le meilleur pour commencer ?
Je trouve que l’auteur maîtrise de mieux en mieux son sujet, donc tu as la réponse ;-). Mais objectivement à ta place je commencerais par le premier, tu profiteras encore mieux des suivants
oui faut commencer par le premier..
donc, commence par le premier 😉
Bon Lebel est dans on programme de lecture 2015!!!!Il faut absolument que je le découvres cette année!!!!Tout le monde adore , et moi, je ne l’ai pas encore lu……:(
J’adore ta chronique 😉
merci ;-). je me suis super bien amusé à l’écrire, le livre s’y prêtait 😉
Je dois le découvrir aussi, ma binômette !! Au plus vite, j’ai les deux premiers opus qui sont en train de dépasser de ma pile physique de romans ! 😛
AAhahahah……Alors petite LC au programme?!
Pourquoi pas ?? Ne nous reste-t-il pas une place en décembre ???
Je sais plus on en a tellement dit!!!!mdr mais va pour décembre……;)
Faudra que je regarde sur mon petit papier accroché dans mon bureau et je te dis quoi !! Mais je sais que oct est avec Territoire et nov avec l’alchimiste, donc, je pense que décembre est libre !!
On avait parlé aussi du talisman des territoires….. décidément on est très territoriales dans nos LC!!!!mdr
Pas encore trouvé le talisman du machin… mais l’heure des fous, je l’ai !! en papier… et toi ?
J’ai e temps jusqu’en décembre pour le trouver…..;)
Mouais, tu es tenaces, toi !! PTDR
Mais on commencera par le 1er… MDR
Ben c’est évident!!!!!mdr….Allez Lebel est calé!!!!;)
Nicolas, nous voilà !!!
Faudra que je regarde qui est le 1er de ses romans… l’heure des fous ou le jour des morts ! Je pense que c’est l’heure des fous… c’est nous donc !!
Oui je la vois d’ici ton intro de folie!!!!;)
Je vais être trèèèèès sobre, na !
mdr ca ne te ressemble pas….
Justement, je dois te surprendre de temps en temps, non ?? 😀
Je résiste ! Je résiste !!!!
“que l’on pétarade à coup de bons mots” et là, je suis PTDR mais le coup de grâce arrivera avec le “rien à Branly” et là, MSPD !! Tu deviens aussi cochon que moi, dis-donc (doudoudidonc).
Pas encore eu le temps de lire les romans de ce monsieur très drôle et très joueur dans les salons littéraires ! 😀 mais je sens que ça va venir… oui, ça viens !! 😛
Je savais que tu serais à la hauteur pour souligner mes jeux de mots idiots. Merci pour ça 😉
Je souligne toutes tes idioties, fais-moi confiance pour cela ! La blague à deux balles, c’est mon dada aussi ;-))
j’ai toute confiance en toi 😉
Tu ne devrais pas… mhouhahahaha
Je le commence ce soir 🙂
J’adore ce mec , j’adore ses bouquins, j’adore ta chronique 🙂
La Yvan je suis totalement d accord avec toi un grand moment et un vrai plaisir de lecture… la g trouve que 2 auteurs pr le moment
Biz
tu en as plein d’autres à trouver encore alors 😉
Merci pour ton message !
Je l’ai!! ohhhh yeah!! Trop envie de me faire Lebeliser! J’adore trop ça!!!