Interview littéraire 2013 – Gilles Legardinier

Gilles_Legardinier_

Après l’entretien réalisé avec Gilles Paris, voici le tour de celui de Gilles Legardinier (à croire que les « Gilles » sont des personnages particulièrement sympathiques).

Après deux thrillers plutôt remarqués (« L’exil des anges » et « Nous étions les hommes »), Gilles Legardinier s’est lancé dans la comédie et a rencontré un grand succès populaire (« Demain j’arrête ! » et « Complètement cramé ! »).

L’occasion de constater que la belle humanité qui se dégage de ses romans fait vraiment partie de l’homme.

 L’entretien :

1. Pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?

Attaché à la vie (je sais, ça fait 4 mots !)

2. « Il faisait nuit, un peu froid ». Vos romans débutent par ces mêmes mots. Quelle est l’histoire derrière cette petite phrase ?

 Tous mes romans commencent par cette phrase, ou elle apparaît dans les toutes premières pages. C’est mon « il était une fois » à moi. J’en ai eu envie dès mon premier livre et je trouve que tout en étant courte, elle a le mérite de poser une ambiance.

3. Vous avez écrit pour la jeunesse, pour ensuite vous plonger dans le thriller et enfin émerger par la comédie. Quel est, pour vous, le point commun de vos différents univers ?

 Seule l’envie d’emmener les gens dans des histoires est commune. La segmentation, le genre, ce sont des idées de marketing. On ne s’habille pas tous les jours de la même façon, on ne mange pas tous les jours les mêmes choses. Pourquoi un auteur écrirait-il toujours le même type de livres ? Je suppose qu’il y a des points communs, mais comme ils sont sans doute étroitement liés à ma nature, je suis le moins bien placé pour avoir assez de recul pour répondre.

4. Vous insistez dans vos livres sur les émotions, à l’image de vos longues postfaces, pétries d’humanité et particulièrement touchantes. Il est rare qu’un auteur prenne autant de soin à rédiger ses remerciements.

Depuis longtemps, les remerciements sont la première chose que je lis pour affiner mes choix de romans à lire. C’est le seul espace où l’auteur redevient enfin lui-même, sans le masque de ses personnages.

Je ne lirai jamais le livre de quelqu’un qui se contente de remercier son agent et son avocat (je l’ai vu en vrai). Pour moi, mes dernières parties de livres s’inscrivent naturellement dans le contact que j’essaie de nouer avec le lecteur.

Et puis j’aime dire merci. Je suis conscient de ce que je dois, aussi bien à ceux qui éclairent ma vie qu’à ceux qui me font l’honneur de me suivre dans mes pages.

5. Vous avez rencontré un large succès avec « Demain j’arrête ! », vous attendiez-vous à une telle réception du public ? D’après vous, à quoi cela tient-il ?

Au mieux, on espère le succès, mais je ne crois pas qu’il soit possible de s’y attendre. C’est à chaque fois un miracle. Pour le petit gars que je suis, ces chiffres, y compris à l’international, sont un cadeau.

Ce qui m’a le plus surpris, c’est l’écho humain que le livre – que les livres devrais-je dire puisque « Complètement cramé ! » rencontre aussi le succès – trouve au-delà de l’humour. Les gens me disent avoir beaucoup ri mais ils sont aussi touchés. Cela me bouleverse. Je n’ai pas la prétention d’expliquer. Mais je sais que cela me touche et me conforte dans ce que je crois au sujet de la nature humaine : les gens valent beaucoup mieux que le pire que l’on montre trop souvent.

6. Ce roman est traduit dans de nombreux pays, y compris éloignés culturellement du nôtre (Chine, Corée…). Avez-vous des retours sur la perception du roman à l’étranger ?

J’ai reçu mes premiers messages en tchèque, en taïwanais et en espagnol – premier public à avoir découvert le livre. Je trouve émouvant et fascinant d’avoir des échanges aussi proches avec des gens aussi lointains. C’est aussi pour moi l’occasion de confirmer ce que j’ai toujours senti à travers mes voyages : au-delà des codes culturels, partout sur Terre, les humanités se ressemblent. C’est rassurant.

7. Vos deux derniers romans (« Demain j’arrête ! » et « Complètement cramé ! ») utilisent un ton très positif et apportent une vraie bouffée d’air pur dans la grisaille ambiante. Ces bouquins ont l’air de faire du bien aux lecteurs, ça fait quoi à l’auteur que vous êtes ?

Du bien aussi ! Quand les lectrices et les lecteurs me disent qu’ils ont ri, qu’ils ont pleuré, qu’ils sont passés pour des fous dans les salles d’attente ou qu’ils ont loupé leur station de train parce qu’ils me lisaient, je suis juste heureux et ça me donne envie de faire mieux en pire, ou l’inverse !

8. Vous avez eu l’intelligence pour « Complètement cramé ! », tout en restant dans la même veine que le précédent, de proposer un univers totalement différent. Aviez-vous peur de tomber dans le piège de la redite ?

J’ai trop d’histoires à vous proposer pour ça. Je viens du cinéma, on y voit trop souvent des gens tirer sur la corde, user jusqu’à l’os des personnages, des situations, et tout ce qui va avec. En tant que spectateur, je n’en peux plus et les résultats montrent que je ne suis pas le seul. Je ne vais donc pas faire ce coup-là à des lecteurs.

Toutes les histoires ont déjà été écrites et la seule chose qui puisse apporter un peu d’air frais dedans, c’est la sensibilité, le regard de celui qui raconte.

9. Avez-vous une méthode bien rodée lorsque vous vous lancez dans un nouveau roman ?

Je n’ai pas de méthode. J’aborde toujours mes sujets par l’émotion. Ils doivent me toucher, m’emporter. Le reste, ça n’est que du métier. Ce qui compte, c’est l’étincelle de l’émotion, quelle qu’elle soit.

10. Et cet humour assez irrésistible, il se travaille ou vous laissez-vous porter par la verve du jour ?

Je ne sais pas s’il est irrésistible, mais c’est le mien. Dans la vie, je suis un garçon plutôt joyeux. Pas malin, mais affectueux et joyeux !

11. Quel est votre prochain projet ? Encore une histoire de chats (un chat psychopathe, peut-être) ? 😉

Je suis en plein dedans. Je trouve que c’est plus déjanté que « Demain j’arrête ! » et plus touchant que « Complètement cramé ! ». Mais c’est top secret pour le moment et seul le public pourra dire si mon ressenti est juste. Il y aura un chat… et un chien.

12. Ce blog est fait de mots et de sons. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?

La musique fait partie de ma vie. J’en parle souvent dans mes livres, même si je n’écris jamais en écoutant de la musique. Mon job au moment où j’écris, c’est d’être au plus près de ma musique intérieure, sans adjonction de colorant ou de complément artificiel. Mais dès que j’ai fini, j’écoute de la musique. C’est ma récompense.

13. Le mot de la fin ?

Merci de faire partager vos bonheurs de lecture. Que ce soit au sujet de mes livres ou de ceux de mes valeureux confrères. Car si les histoires sont imaginaires, les sentiments qu’elles engendrent sont, eux, bien vrais. A bientôt.

http://www.gilles-legardinier.com



Catégories :Interviews littéraires, Littérature

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9 réponses

  1. Je suis très touchée par ses mots!!! Un vrai génie du coeur!!! Un homme rempli d’humanité et de vraies valeurs qui sont trop rares de nos jours!!!!

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