“Depuis tout petit, je veux tuer le ciel”. Ainsi commence l’histoire racontée par Icare, un petit garçon naïf et inculte, surnommé Courgette, qui, à neuf ans, vit à la campagne avec sa mère.
Depuis son accident, la mère de Courgette ne travaille plus à l’usine et boit des bières en regardant la télévision du matin au soir. Elle s’occupe peu de son fils qui n’apprend rien à l’école et joue seul pour la plupart du temps. Les rares dialogues échangés passent par la télévision, source d’inspiration de Courgette qui ne connaît la vie qu’à travers le petit écran.
Un jour, Courgette découvre un revolver et tue accidentellement sa mère. Le juge le déclare “incapable mineur” et Courgette est envoyé dans une maison d’accueil. Mais pour Courgette, contrairement aux autres enfants, la maison d’accueil est loin d’être “une prison”.
L’apprentissage d’une vie passe désormais par les Fontaines et tous les rêves de Courgette deviennent possibles.
Mon avis
La courgette est une plante de la famille des Cucurbitaceae. Le terme désigne un ensemble de cultivars de l’espèce Cucurbita pepo (dont fait partie aussi la citrouille véritable). Voilà pour la définition de Wikipédia.
Mais Wikipédia ne dit pas tout. Car Courgette est aussi un petit bonhomme de neuf ans, qui refuse qu’on l’appelle par son vrai nom.
Gilles Paris écrit comme un enfant de neuf ans, mais si vous pensez que sa prose en est dévalorisée, vous avez tout faux (et même si le petit gars est tellement naïf qu’on a souvent plutôt l’impression de côtoyer un garçon de cinq ans).
Ce langage « parlé » permet d’entrer en empathie directe avec les différents personnages et on sent que les phrases ont été maintes fois travaillées pour en trouver la bonne musique (comme il me l’a confié lors de son interview accordée sur ce blog).
Le récit de Gilles Paris touche le cœur en ligne droite, pas de déviation, ni de cul-de-sac. Parce que ce roman est rempli à ras bord de bons mots d’enfants et d’idées lumineuses.
Vu le sujet, l’histoire pourrait être pesante. Pourtant on sourit voire on s’esclaffe à chaque page, pour être touché la page suivante, pour pouffer de rire la page d’après.
Et que dire des personnages, Courgette au premier chef : ils prennent corps sous nos yeux, tellement qu’on jurerait de leur existence véritable.
Cette autobiographie est une sorte de conte moderne, mêlant dureté et espoir, pleine d’optimisme pour l’humanité ; un roman qui parle à notre âme d’enfant.
Un oignon fait pleurer les gens. Gilles Paris démontre que la courgette les fait rire. Un roman trop “choux” et qui donne la “banane”.
Pour bien terminer je ne peux mieux faire que citer un extrait du livre : « Des fois, les grandes personnes faudrait les secouer pour faire tomber l’enfant qui dort à l’intérieur ».
Publication française : 2002
Originalité de l’histoire : ♥♥♥♥
Profondeur de l’histoire : ♥♥♥♥
Qualité de l’écriture : ♥♥♥♥
Émotion : ♥♥♥♥♥
Note générale : ♥♥♥♥
Catégories :Littérature
Quelle éloge! Je prends!
C’est un livre très particulier. Mais si on accepte de lire une prose “d’enfant”, c’est un petit bonheur
Lu il y a quelques années, j’ai même vu l’adaptation télévisuelle et l’ensemble est très bon.
Il faut que je creuse cette histoire d’adaptation tv !
Je prends aussi ! dans ton résumé, ça me fait un peu penser au livre de Mark Haddon Le bizarre incident du chien pendant la nuit où Christopher, un jeune autiste raconte l’histoire qui suit l’assassinat du caniche de la voisine. C’est aussi raconté à la première personne et quand c’est bien fait, c’est très intéressant. Cela m’a l’air d’être totalement le cas d’Autobiographie d’une courgette.
Je ne connais pas du tout le livre dont tu parles, je vais me pencher sur le sujet, merci 😉
Je l’ai chroniqué sur mon blog cet automne si tu veux en avoir une idée 😉