Sauvage – Joan Mickelson

Atypique, dans sa forme comme dans le fond. Le roman de Joan Mickelson marque sa singularité, avant même de l’ouvrir. Sauvage jusque dans sa présentation. Couverture superbe, branches qui mangent la ville, ville qui pointe sous les branches.

Deux histoires en une, présentées tête-bêche. Un livre à lire dans les deux sens, un roman à double sens. Et, pour couronner le tout, une primo-romancière américaine qui se charge elle-même de la traduction (elle a vécu quelques temps à Strasbourg).

A vous de choisir

Ce n’est pas rien, d’autant plus que l’écriture est très imagée, travaillée, et qu’elle porte littéralement le récit.

Du coup, l’ordre de lecture n’est pas indiqué, la liberté est laissée au lecteur. Ce sont deux histoires indépendantes au départ, et qui vont finir par se réunir. Fusionner, à l’image des deux êtres qui sont le cœur du récit.

Si vous me demandez mon avis, j’opterais pour démarrer par la partie qui parle de LUI pour ensuite passer chez ELLE. Débuter par la mégalopole pour passer ensuite en pleine nature. New-York vs les Catskills. A vous de suivre votre instinct, votre sensibilité, votre envie.

Recherche de complétude

Ce sont les histoires de deux personnes d’âge mûr, au long vécu, à l’existence bien remplie. Et pourtant, les deux sentent qu’ils ne savent pas ce qu’ils sont vraiment. Jusqu’à ce que l’Autre le leur révèle, sur le tard.

Loin de ces romans qui parlent d’amour adolescent, l’autrice fait le pari de laisser mûrir ses personnages avant de les réunir. Une autre surprise du livre.

Ou comment arriver à sa complétude grâce à l’autre, grâce au bout qui manque pour être enfin soi-même. C’est leur part animale qui va les rassembler.

Dualité

LUI, le citadin, le businessman, sent que cette part lui échappe. ELLE, la sauvageonne, n’arrive pas à trouver réellement sa place chez les humains.

L’écrivaine joue avec les non-dits, avec l’implicite. Et cette dualité omniprésente, y compris dans chacune des deux parties, au ton parfois très humains / urbains, d’autres fois évanescent.

Avec la figure du renard en arrière-fond, ce qui nous change des récits lycanthropiques. Une originalité de plus, les deux animaux n’ayant pas la même image, pas la même aura. Pas la même rémanence non plus dans cette histoire.

Etonnant

Une narration qui parfois flirte avec la fantasy (urbaine ou non), avec le fantastique aussi, pour subitement redevenir très terre à terre.

Ça surprend, ça déstabilise aussi, j’ai été tantôt subjugué, d’autres fois un peu perdu. C’est indéniablement une lecture à part, entre poésie merveilleuse et prose cruelle.

Là aussi, ma lecture aura dansé parfois d’un pied sur l’autre. Mais au final, il m’en reste des émotions vivaces, des sensations après avoir tourné la dernière page, preuve que c’est bien un texte qui marque l’esprit.

Part animale

Au-delà des deux personnages, c’est bien la question de notre part animale à tous qui est posée. Tout comme de suivre ou non son instinct, et de savoir, d‘oser se regarder en face.

ELLE, LUI, dualité pour une histoire d’amour qui ne ressemble à aucune autre, à travers un roman inclassable qui joue de sa gémellité ; yin-yang littéraire.

Joan Mickelson touche du doigt le côté Sauvage qui est en nous, avec une sensibilité et une inspiration très personnelle. Pour une vraie expérience littéraire.

Yvan Fauth

Sortie : 04 octobre 2023

Éditeur : Hachette / Le rayon Imaginaire

Genre : fantastique

Traduction : Joan Mickelson, elle-même

Prix : 23 €

4ème de couverture

Elle est renarde, peut-être humaine tout à la fois ; il est humain, peut-être renard, autrefois. 

Au cœur des forêts sombres des Catskills et dans l’hiver new-yorkais, leurs récits en écho racontent deux vies traversées de pulsions contraires, aimantées l’une vers l’autre : deux âmes jumelles et magiques qui se cherchent en tâtonnant dans l’obscurité. 

Un premier roman somptueux dédié aux figures mi-humaines mi-animales venues de la nuit des temps.

Un objet-livre unique à la fabrication audacieuse, formé de deux récits complémentaires placés tête-bêche, à découvrir dans l’ordre que l’on souhaite.

Lumineuse, profonde, organique, une ode à nos parts sauvages, par une révélation des lettres américaines.



Catégories :Littérature

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5 réponses

  1. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Notre part sauvage, notre animalité, je le sens bien celui-ci….M^me si j’aurai préféré Elle et Elle😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      tu verras que tout fait sens 😉

  2. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Tu continues tes explorations ♥️
    Ça c’est bien !!!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      absolument ! 🙂

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