Erin Young n’est pas une jeunette dans le milieu littéraire, puisque c’est le pseudonyme de Robyn Young connue mondialement pour ses romans noirs historiques. Elle remet les deux pieds dans le présent pour son premier polar contemporain, Les moissons.
Ruralité et groupes industriels
Bien qu’Anglaise, elle a décidé de placer son intrigue dans le grenier des États-Unis, en Iowa, au cœur d’un milieu rural où tout tourne autour du maïs.
Cette Amérique profonde qui s’effondre, à la pauvreté qui devient endémique. Où la ruralité comme mode de vie se meurt, au profit des énormes groupes industriels devenus en quelques années propriétaires d’une grande partie des champs, traités à coups de produits chimiques dangereux.
C’est dans ce contexte qu’est découvert un corps. Le sergent Riley Fisher, promue cheffe des enquêtes, va devoir prouver qu’une femme sait faire le job. D’autant plus que cette affaire la touche personnellement, la personne assassinée étant une amie d’adolescence.
Secrets
Les secrets, même profondément enterrés, resurgissent toujours dans ce petit monde agricole, surtout quand son âme est défigurée par la grosse machine des multinationales agroalimentaires.
L’enquête s’annonce vite comme atypique, les corps s’accumulant, tués dans des conditions particulièrement atroces (non, je ne vous ferais pas l’injure de la blague du céréale killer).
Ce polar est de facture assez classique dans sa construction, avec une véritable plongée dans l’enquête et le fonctionnement d’un bureau de shérif de comté. Et aussi dans la vie personnelle de l’enquêtrice principale qui, elle aussi, cache un lourd secret que cette affaire rend encore plus difficile à porter.
Minutie
Erin Young est du genre minutieuse, tant concernant le cadre procédural que lorsqu’elle raconte des pans plus personnels. On sent l’autrice aguerrie, qui sait quels détails comptent et quels passages développer pour accentuer la crédibilité et l’immersion. 450 pages denses et palpitantes, où le lecteur sent très vite qu’il est question de bien davantage que de « simples » crimes abominables.
Oui, certaines scènes sont glauques à vous glacer le sang et se dévoilent petit à petit en lien avec les terribles dérives de l’agroalimentaire de masse. Mais, je peux vous assurer que c’est bien le final incroyable qui vous fera le plus frissonner, bien davantage que les passages sanglants.
Même si j’aurais aimé que les implications des scandales sur la santé soient davantage développés, le roman est une belle démonstration qu’un roman noir peut à la fois être prenant, divertir, et faire réfléchir.
Avec Les moissons, Erin Young a su créer une ambiance, autour d’une enquête qui combine les qualités d’un polar fouillé et d’un thriller dynamique. Tout en pointant du doigt un sujet de société terrifiant qui mène aussi à méditer sur l’évolution de notre monde. Dans le genre, voilà un roman efficace.
Yvan Fauth
Sortie : 02 mars 2023
Éditeur : Belfond
Genre : polar / thriller
Traduction : Valérie Bourgeois
Prix : 22,50 €
4ème de couverture
On récolte ce que l’on sème…
Iowa. Des champs, des silos et des fermes à perte de vue. Mais derrière l’image bucolique d’une Amérique éternelle se cache la misère d’une population paysanne rendue exsangue par l’agrobusiness ; un taux de misère et de violence qui grimpe aussi vite que celui des pesticides dans le sol.
Habituée aux difficultés locales, la sergente Riley Fisher se retrouve à enquêter sur une vague de crimes hors normes. Un premier corps découvert dans un champ de maïs. Puis d’autres. Tous porteurs de stigmates dignes d’un film d’horreur. Là, derrière les épis, un serial-killer guette ses proies.
À mesure que l’enquête avance, d’autres liens apparaissent : l’implication d’un géant de l’agriculture, des ramifications politiques et financières qui dépassent largement le Midwest. Comment Riley pourrait-elle lutter contre un scandale d’État ? Comment faire éclater une vérité que personne ne veut entendre ?
Catégories :Littérature
Ça donne envie de découvrir ce « céréale »killer (si, si, je te jure que c’était la blague à faire 😂)
je n’ai pas pu m’en empêcher, j’ai essayé, mais je n’ai pas réussi 😉
” céréale killer”, fallait oser. Je l’avais déjà repéré grâce aux maïs sur la couverture.
Tu as fait du bon pop corn avec ta chronique. Merci Yvan. 🤗😘
j’ai un peu honte (juste un peu) 😉
Voilà qui me tente terriblement. Merci pour la découverte, je note tout de suite “Les moissons” dans ma liste d’envies !
(En regardant rapidement la couverture, j’ai cru que c’était une armée casquée avec nombre d’étendards jaunes et j’ai donc d’abord pensé qu’il s’agissait d’un roman historique ; ce qui est marrant, c’est que tu indiques que l’autrice est habituée de ce genre.)
c’est marrant ça !
Nannn, défense d’avoir honte. 😊
Intéressant, ce pseudo féminin pour nous offrir un polar fouillé et d’un thriller dynamique 😉
“Céréales killer”, je voulais le faire et on m’a devancé ! Moi qui n’avais pas ajouté ce roman en découvrant ton article sur les sorties, voilà que j’ai envie de l’ajouter…
Maurice, tu pousses le bouchon vraiment trop loin ! 😆
J’ai été à bonne école avec toi, concernant les calembours 😉
C’est trop tard pour “céréale killer” 🤣 c’est pas Maurice, c’est Yvan. Ça revient au même.
Envie de découvrir…
J’étais çà et là pour le prendre lors de mon dernier passage en librairie. En lisant ta chronique, je me dis que j’aurais dû car je sais que ce roman a tout pour me plaire. Ce n’est que partie remise.