1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
SONJA DELZONGLE
Titre : Sur l’île noire
Editeur : Paulsen
Sortie : 09 septembre 2021
Lien vers ma chronique du livre
Tu nous racontes une étrange fascination…
La mienne mais également celle de ces « doux rêveurs » ou ces « marginaux » du Loch Ness, de ces « soldats sans victoire » qui font de cette aventure sans fin un Désert des Tartares écossais. L’histoire d’une fascination, oui, mais laquelle et pour quoi au juste ? Pour le mystère, les contes… à dormir debout ou à faire peur, les monstres, pour une terre, celle des fantômes et des brumes au passé chaotique… terre de reliefs géologiques, de volcans anciens et d’eau…
Plus qu’une « étrange fascination », il s’agit surtout ici d’une fascination pour l’étrange. L’inconnu qui fascine autant qu’il inquiète. Telle est mon approche dans ce livre, entre carnet de voyage et essai, avec une part d’imaginaire, à petites touches.
Ce livre propose aussi des histoires de rencontres de personnes qui vivent à travers une obsession…
En effet, mais cette obsession est finalement transcendée par autre chose, d’ordre plus métaphysique, par une quête infinie, la recherche de soi, de ses propres limites, afin de pouvoir les repousser toujours plus et par l’attente. Tous ces passionnés, à force d’y croire et d’attendre un signe, deviennent l’attente, ils deviennent eux-mêmes l’expression de l’éternité. Ce qui les sauve de leur propre mort.
Ce sont bien ces genres d’endroits et de mythes qui nourrissent l’écrivain de fiction…
A condition de s’en dégager aussi et laisser son propre imaginaire œuvrer. Un bel exemple en est Dracula de Bram Stoker, un de mes romans cultes avec le fantastique Seigneur des Anneaux de Tolkien, Le moine de Matthew G. Lewis et autres bijoux du genre. La Roumanie et les paysages sombres et froids des Carpates, ses châteaux inquiétants, pas si éloignés de l’atmosphère écossaise, associés au mythe du vampire (dont la première apparition a été d’ailleurs recensée en Serbie et non en Roumanie) et à l’Histoire, avec Vlad Tepes dit Vlad l’Empaleur, sinistre personnage historique, ont donné un chef d’œuvre de littérature gothique, dont j’ai dévoré quelques autres perles comme Les mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe, Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley.
Le message sur les routes d’Ecosse
Ce projet a-t-il permis de concilier deux manières d’écrire, raconter comme tu le faisais à ton époque de journaliste et conter à la manière d’un écrivain ?
Pas vraiment. Si la démarche a été un peu celle d’un Tintin reporter, je suis très loin de l’écriture journalistique dans ce livre dont le style est plutôt littéraire et poétique, tout en ménageant une certaine efficacité et un suspense, forcément. Je n’oublie pas que je suis auteur de thrillers, mais j’aime l’idée de montrer aux sceptiques que même un auteur d’un genre encore assez récemment considéré comme « roman de gare » ou sous-genre, a d’autres cordes à son arc et sait manier une écriture plus littéraire. Ce livre, qui est à mon sens une fable réaliste, a d’ailleurs créé la surprise.
En fait, ce n’est rien de moins qu’une ode à l’imagination…
L’ « eau de » Nessie… L’ode au Loch Ness. A l’imaginaire et au rêve. Et, surtout, aux rêves. A ceux qui, le plus souvent, germent dans l’enfance pour, plus tard, donner des fruits, si la graine n’a pas gelé en chemin. Aller au bout de ses rêves, les vivre, ne pas se contenter de les regarder passer. Une ode aux monstres, ceux qui se terrent dans nos nuits, dans nos peurs, ceux que l’on exhibe comme des trophées, ceux qui ont, un jour, peuplé la Terre, ceux qu’on ne voit pas. Une ode à l’étrangeté, à la différence, une ode à un pays tourmenté, sublime et sublimé, une ode à ses poètes et ses écrivains, Walter Scott, Conan Doyle, Peter May… Une ode à la nature et au surnaturel qui découle de notre méconnaissance de la première, de ces phénomènes que la science ne sait pas encore expliquer. Enfin, une ode à l’humanité qui se perd, une humanité aussi merveilleuse que d’une absolue cruauté qu’elle retourne contre elle-même en dégradant son propre terreau. Une ode à un monde perdu, dont seule l’imagination peut retrouver la trace et les vestiges.
Selfie de Sonja Delzongle avec le Loch Ness en arrière plan
Catégories :Interviews littéraires
On attend Sonia dans un roman de l imaginaire avec toutes ces références classiques.
jipaif
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