Les polars qui s’appuient sur le duo flics / enquête, la vraie définition du genre, ont tendance à se ressembler un peu à la longue. Les romans d’Elsa Roch sont bien à cataloguer dans ce style-là, et pourtant leur singularité saute assez vite aux yeux. La fureur des mal-aimés ne fait que confirmer ce sentiment.
Mélancolique poésie noire
Tout découle de l’écriture de l’écrivaine, emplie d’une mélancolique poésie, au service de personnages qui ne peuvent laisser indifférent. L’enquête en devient presque l’arrière-plan.
Il y a les policiers évidemment, protagonistes récurrents, principalement le commissaire Marsac. Toujours insomniaque, toujours perturbé.
Mais ce qui marque dans les romans de l’autrice ce sont les personnages de l’autre côté de la barrière. Ceux qu’on découvre, les victimes directes ou collatérales.
A la marge
Dans son précédent roman, Le baiser de l’ogre, Elsa Roch avait dessiné une petite fille autiste, touchante au possible, vraiment inoubliable.
Avec ce roman, elle montre à nouveau la tendresse qu’elle ressent pour les personnes cabossées, les jeunes surtout. Ceux que la vie n’a pas épargné. Des innocents qu’on a fait souffrir, et qui ne trouvent donc pas leur place dans la société.
A la marge de celle-ci, ces personnages sont complexes et attachants, même quand ils perdent cette innocence.
Le roman est construit en deux temps, sur deux époques. Passé et présent, pour comprendre l’histoire de ces deux protagonistes qui ont dû trouver une autre position sociétale pour ne pas mourir dans la rue. Mais quand on est blessé à l’intérieur, la cicatrice ne se referme parfois jamais.
Histoire de rencontres
Avant / après, tranches de vie / enquête. L’alternance fonctionne, toujours dans l’émotion.
N’attendez pas une intrigue originale, l’écrivaine préfère construire un récit poignant, tout en ambiance. Avec, comme toujours, des rencontres qui changent la donne et font dévier le chemin.
Les romans d’Elsa Roch sont foncièrement tournés vers les autres. Avec La fureur des mal-aimés, ce sont à nouveau les personnages qui sont le cœur et le sang du récit. Noir clairement, lumineux parfois aussi, sensible toujours.
Yvan Fauth
Date de sortie : 12 mai 2021
Éditeur : Calmann-Lévy
Genre : Polar
4° de couverture
Paris, veille de Noël, de nos jours. Comme tous les soirs ou presque, le commissaire Amaury Marsac va s’asseoir sur un banc dans le square du Vert-Galant, sa soupape pour chasser les horreurs du métier avant de rentrer chez lui. Mais cette nuit-là, son refuge a été gagné par le Mal : dans une poubelle du jardin public gît un cadavre au ventre ouvert, rempli de mort-aux-rats.
Paris, mars 1995. Alex a 15 ans, il a fui l’appartement familial et est à la rue. Mais il résiste au désespoir, car dès que possible il va partir, il va la retrouver, il n’y a qu’Elle qui compte désormais dans sa vie. Et ensemble, ils surmonteront tout.
Lorsque les chemins de Marsac et d’Alex convergent, chacun se méprend en pensant avoir connu le pire…
Une bouleversante variation sur les enfances brisées, mais aussi la puissance de la fraternité et la beauté cruelle de la vengeance.
Catégories :Littérature
Tu as trouvé les mots.
j’essaye ;). Merci de me confirmer le ressenti
Aude a raison, Yvan. Tu as trouvé les mots pour qualifier le talent d’Elsa. Certainement ma prochaine lecture. Miss Butterfly est entrée dans ma vie il y a presque deux ans, et la plume d’Elsa s’est gravée dans mon cœur. Merci pour cette chronique toute en douceur et lumière malgré le noir. 🙏😘
J’ai du retard, mais c’est très tentant !
bon rattrapage alors 😉