1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
FRANCOIS D’EPENOUX
Titre : Les désossés
Editeur : Anne Carrière
Sortie : 09 octobre 2020
Lien vers ma chronique du roman
Comme il serait criminel de trop en dire sur cette histoire, parlons de ce qui vous a poussé à vous plonger dans ce type d’ambiance…
Sans doute la contemplation de mes contemporains, qui me donne à penser qu’une violence inouïe sommeille en chacun de nous. Sous le vernis, la sauvagerie ! Il en faut peu, je pense, pour la réveiller. L’idée de ce livre m’était venue à l’occasion d’un épisode d’aqua alta, à Venise : prisonnière de la montée des eaux, une riche famille se déchirait sous les ors d’un palais… Finalement, j’ai préféré transposer l’action en montagne. La neige virginale, veloutée, silencieuse, m’est apparue encore plus inquiétante que l’eau pour mettre en scène mon huis clos. Sur le blanc immaculé, le rouge ressort mieux.
Certaines scènes pourraient facilement s’imaginer comme une pièce de théâtre. C’est tout sauf un hasard…
En effet ! Le huis clos se prête bien au genre théâtral. D’après l’intrigue que j’avais esquissée après Venise, c’est donc sous la forme d’une pièce qu’a d’abord été écrite cette histoire, à quatre mains, avec Jean Franco, auteur dramaturge et avant tout, ami. Devant nos difficultés à monter le projet, je l’ai adapté en roman. En gardant le squelette – si j’ose dire – mais en prenant tout de même quelques libertés avec la version originelle. Après tout, qui sait : peut-être la pièce se montera-t-elle ! La boucle serait bouclée.
Comment avez-vous écrit ce roman ? Avec un plan bien établi ou vous êtes-vous laissé porter par les personnages et l’histoire ?
La réponse est dans la précédente ! Oui, le plan était établi, les personnages bien définis. En prenant vie, chacun d’eux à imposé son caractère, presque malgré moi ! L’idée était de raconter de façon très dialoguée, sèche, sans mauvais gras, comment on passe des conventions sociales à une forme d’état primitif. Autrement dit : comment les fourrures d’apparat retrouvent leur vocation de peaux de bêtes, destinées à protéger du froid…
Ce n’est pas si facile d’arriver à créer l’empathie envers des personnages assez antipathiques, non ?
A mesure que la situation dans le chalet se détériore, chacun révèle sa vraie nature. Pour le meilleur… ou pour le pire. Certains deviennent étonnamment touchants, pathétiques mais émouvants. D’autres s’avèrent être des ordures. Mais à des degrés divers, on peut s’identifier à eux – du moins dans certaines de leurs réactions. C’est ce qui les rend sinon sympathiques, du moins humains.
On peut aussi dire que l’environnement dans lequel se déroule ce récit est un personnage à part entière…
Absolument ! La station d’altitude où se situe l’action, mais aussi le chalet lui-même, aussi somptueux soit-il, font figure de maquette à l’échelle de la montagne. Se dressant tout autour, celle-ci fait figure de monstre aux dents acérées, prêt à broyer les minuscules destins qui s’agitent dans son ombre. Quant à la neige, omniprésente, envahissante, elle est d’autant plus effrayante qu’elle paraît, au départ, inoffensive. Comme un grand chien blanc et doux qui finit par mordre.
Catégories :Interviews littéraires
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