Thriller, hypnose, psychologie. Voilà des ingrédients tellement usés jusqu’à la moelle qu’on se dit que tout est dit.
En ayant tant lu dans le genre, je choisis maintenant ce genre de lectures avec parcimonie. Mais on ne rate pas un Donato Carrisi.
Enfance et mémoire
L’enfance et la mémoire, voilà deux sujets qui, lorsqu’ils sont bien traités, peuvent accoucher d’histoires puissantes.
Carrisi a décidé de la faire courte, un petit 300 pages, à coups de chapitres ramassés, avec un rythme qui ne faiblit pas. Pas dans l’action, mais principalement dans les développements psychologiques et les surprises (de taille) qui égrainent l’intrigue.
Un psychologue pour enfants, qui pratique l’hypnose pour faire jaillir la vérité sur les maltraitances subies, et une patiente adulte qui s’immisce dans son cabinet, dans sa vie. Pour très vite lui faire perdre le contrôle.
Les livres de l’écrivain italien ne se ressemblent pas, entre personnages récurrents et one shot (ce qui est le cas ici). Avec le plus souvent le mental comme trait d’union.
J’aime beaucoup Donato Carrisi. Sur ce coup-là, il m’a encore bluffé.
Entre réalité et mensonge, vérité et secrets
Pour être au plus juste du contenu, il faudra d’avantage parler de psychiatrie que de psychologie, même si évidemment les deux sont liés. Un livre qu’on pourrait ranger aux cotés de l’excellent Dans son silence d’Alex Michaelides.
En matière de plongée psychique, ce récit est impressionnant. On sent un vrai travail de fond sur le sujet, sur la mémoire des enfants, la manière dont ils reproduisent ou déforment leurs souvenirs, la façon dont ils peuvent les enfouir.
Voilà une histoire folle (sans mauvais jeu de mot), ludique, qui pourtant repose sur de solides fondations, les racines du mal ressenti se trouvant souvent profondément enterrées.
L’auteur choisit la technique des entretiens psychologue / patients pour faire avancer l’intrigue. Un exercice loin d’être facile à mener sans perdre le tempo. De ce coté, c’est une belle réussite tant il arrive à bringuebaler le lecteur entre réalité et mensonges, entre vérité et secrets.
Perte de repères
C’est bien simple, cette lecture m’a foncièrement mis mal à l’aise, déstabilisé au point de perdre mes repères (sans pourtant jamais me faire perdre le fil, même fin, même dans l’obscurité). Jusqu’à presque me mettre à entendre des voix.
Le final de ce genre de livre se doit d’être à la hauteur, c’est mon seul bémol. Il est surprenant et aussi dingue que le reste, mais quelques questions restent tout de même en suspens, c’est dommage. Mais le livre est tellement bon par ailleurs que ça n’en a pas gâché l’expérience.
La maison des voix est globalement une réussite, ténébreusement éblouissante dans sa manière de nous plonger dans l’inconscient et les secrets de la mémoire.
Donato Carrisi a construit une intrigue qui arrive à sortir du lot, si bien pensée et tellement déstabilisante qu’elle en devient addictive. La mémoire des enfants renferme parfois de terribles secrets et l’écrivain joue d’un tel sujet avec une maîtrise rare.
Yvan Fauth
Date de sortie : 04 novembre 2020
Éditeur : Calmann-Lévy
Genre : Thriller
4° de couverture
Florence, de nos jours. Pietro Gerber est un psychiatre pour enfants, spécialiste de l’hypnose. Il arrive ainsi à extraire la vérité de jeunes patients tourmentés.
Un jour, une consoeur australienne lui demande de poursuivre la thérapie de sa patiente qui vient d’arriver en Italie.
Seul hic, c’est une adulte. Elle s’appelle Hanna Hall et elle est persuadée d’avoir tué son frère pendant son enfance.
Intrigué, Gerber accepte mais c’est alors qu’une spirale infernale va s’enclencher : chaque séance d’hypnose révèle plus encore le terrible passé d’Hanna, mais aussi qu’elle en sait beaucoup trop sur la vie de Gerber. Et si Hanna Hall était venue le délivrer de ses propres démons ?
Catégories :Littérature
Pile dans mes goûts !
Merci pour cette analyse;je l’achète sans tarder!
dans ma PAL
PUNAISE !!! Il remonte là !