1 livre et 5 questions pour permettre à son auteur de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger

ANTOINE RENAND
Titre : Fermer les yeux
Éditeur : Robert Laffont – Collection : La bête noire
Date de sortie : 12 mars 2020
Lien vers ma chronique du roman
Cette histoire ne devait initialement pas voir le jour au travers d’un roman…
Je l’ai écrite sous forme de scénario il y a des années, dans le but d’en faire un film. Il s’agissait de mon premier script de long-métrage. J’ai trouvé des producteurs et le projet a failli voir le jour au cinéma, avant de finalement être arrêté.
Bien que le film n’ait pas été tourné, beaucoup de gens dans mon entourage personnel et professionnel considéraient qu’il s’agissait de l’une de mes meilleures histoires. Lorsque L’Empathie a été publié, j’ai envisagé de reprendre ce scénario et de le transformer en roman mais certaines particularités du récit – que je ne peux pas révéler à celles et ceux qui n’auraient pas lu le livre – rendaient l’adaptation très compliquée. Finalement, j’ai trouvé des solutions et je me suis lancé. Le travail m’a pris un an, avec des étapes complexes.
Adapter un roman en scénario est une chose très fréquente dans le milieu du cinéma ; l’inverse l’est beaucoup moins et n’est en rien plus facile. Il a fallu exprimer de façon littéraire ce qui était prévu pour être filmé, cela impliquant une vraie transformation, le mode d’écriture d’un scénario n’ayant rien à voir avec celui d’un roman.
J’ai néanmoins beaucoup apprécié de pouvoir me replonger dans cette histoire et d’entrer dans la tête de ces personnages qui m’accompagnaient depuis si longtemps. Exprimer leurs pensées, fournir tous les détails dont j’avais envie sans être limité en nombre de pages, ne pas me censurer au niveau de la violence, également. Et pouvoir enfin les présenter au public ! Un scénario est un projet de film, seuls les professionnels le lisent et il n’est pas considéré comme une œuvre, même si le travail est là. Tassi, Nathan, Emma et les autres patientaient depuis longtemps et le public peut à présent faire leur connaissance.
Tu sembles être particulièrement intéressé par le poids du passé qui pèse sur les épaules…
Il est vrai que les personnages principaux de cette histoire, Tassi et Nathan, ont vécu des événements atroces avant que l’intrigue du roman commence. L’un durant sa vie d’adulte et l’autre pendant son enfance. Leur passé les poursuit, et ce sont des survivants ayant des comptes à régler avec eux-mêmes. En cela, ils peuvent évoquer certains personnages de L’Empathie…
La quatrième de couverture parle d’un tueur en série, mais ton intrigue va bien au-delà de ce style d’histoire-là…
Je souhaitais dessiner un tueur en série réaliste, ne pas en faire un génie du Mal, supérieurement intelligent et créateur d’un puzzle macabre destiné à faire jouer les enquêteurs… Je désirais me rapprocher de la psychologie de vrais tueurs en série français comme Émile Louis et bien d’autres. Avec l’envie d’ancrer cette histoire dans la province française et d’en suggérer la dualité : ses paysages sublimes à certains moments et terrifiants à d’autres.
Je voulais également parler des erreurs judiciaires, des aveux parfois forcés, de la justice qui rechigne à se remettre en question… Une partie du roman est composée d’un montage alterné entre une contre-enquête sur le terrain et un procès aux assises, dont je me suis efforcé de rendre les débats le plus réalistes possible.
Un roman noir, certainement, mais surtout une histoire qui fait la part belle à des personnages complexes…
Je crois être quelqu’un de nuancé dans la vie et c’est ce que j’amène dans mes histoires. J’avais un professeur au lycée qui répétait : « la vérité est souvent dans la nuance », et je suis d’accord avec ça.
J’aime les personnages sur le fil du rasoir, complexes, non manichéens, les gentils pas si gentils que ça. Je pense que ça correspond à ma vision du monde.
Avec quel état d’esprit aborde t’on l’écriture d’un second livre, quand le premier rencontre un succès populaire et critique ?
J’ai commencé à écrire ce roman trois mois avant la parution de L’Empathie. Donc lorsque les premiers avis sur les réseaux sociaux et les premières critiques ont été publiés, j’étais déjà en phase d’écriture, en train de me bagarrer avec mon nouveau texte. Si j’ai été enchanté et rassuré de découvrir de nombreux retours positifs – dont le tien, et je t’en remercie –, le fait d’être plongé dans l’écriture du prochain roman a eu l’avantage de me rappeler que rien n’était gagné, qu’écrire restait difficile, malgré mon expérience sur L’Empathie.
Catégories :Interviews littéraires
Merci à vous deux pour ce partage et ce bel échange. Un livre à lire sans fermer les yeux justement 😉😘
Un excellent livre, où les personnages sont tellement bien décrits. Que cela soit à l’intérieur, extérieur, tout est écrit si visuellement. Je comprends mieux pourquoi.
Que de méandres, de pièces de puzzles qu’il a fallu construire pour écrire ce roman. Il n’est pas simple, du moins pour moi. Et au final boum, la révélation inattendue, bravo. Là tout se met en place. J’ai ensuite réfléchi à la construction
de ce roman. Il vous a fallu un grand tableau pour ne pas vous perdre ou une excellente mémoire ? 😀
J’ai dû relire la fin pensant ne pas trop avoir compris, tant pour moi c’était si….si soudain et inattendu.
Merci pour ce bel interview où je comprends mieux le livre.🙏
alors notre mission est accomplie !
J ai dévoré les deux romans , à quand le prochain ? Une fan …
Mois d’octobre. 😉😘