Mothercloud – Rob Hart

Le monde, demain, celui à notre porte. Rob Hart pousse légèrement le curseur temporel, à peine. Une société si proche que nous risquons fort de la connaître encore. Peut-on parler de dystopie alors que tout semble si crédible ?

Le monde qui est en marche

Dérèglement climatique, chaleur à crever, la montée des eaux qui change la cartographie. Voilà juste une partie des conditions qui vont amener cette évolution sociétale.

Les gouvernements exsangues et corrompus ont perdu leur pouvoir, ce sont les immenses entreprises qui mènent la danse et pilotent dorénavant notre civilisation (et ses citoyens). Du moins, une seule, en quasi-monopole : Cloud. Les descriptions vous font penser à Amazon ? C’est bien ce futur de l’ultra libéralisme et de la consommation de masse qui est décrit, celui du jetable (les produits comme les gens). Un futur bien présent.

Mothercloud est un vrai thriller d’anticipation, accessible à tous. En toute humilité, Rob Hart cite à plusieurs reprises ses références dans le livre, 1984, Fahrenheit 451, La servante écarlate. Des romans qui brisent la frontière des genres littéraires et ont vocation à toucher un large public. Quand ambition rime avec accessibilité, sans jamais oublier le divertissement.

Oxygène vicié

Pas de propos complexes, une fluidité de narration constante, une vraie intrigue. L’univers de l’auteur suit la voie de la technologie et de l’économie, sans jamais perdre le lecteur dans des termes techniques. L’essentiel en est le résultat. Et comment le vivent les Hommes, et deux personnages principaux aux profils très différents mais qui vont s’unir par la force des choses.

Paxton, qui a vu sa petite entreprise mangée par l’immense Cloud. Zinnia, la « gentille » fille qui est en fait une espionne infiltrée. A ces deux protagonistes se rajoute Gibson Wells fondateur de la solution finale (expression à prendre au premier degré, ou non…).

Cloud fait vivre le monde, le fait travailler (beaucoup), manger (ce qu’il décide), dormir (quand il l’ordonne), s’amuser (à Pac-Man…). Cloud est l’oxygène du monde. Vicié, même si l’entreprise se targue de ses extraordinaires résultats en termes d’écologie…

Big business vs libertés

Le roman regorge d’une foultitude de bonnes idées. La meilleure est sans doute de donner la parole au patron de Cloud, à travers son blog. C’est particulièrement intelligent de le laisser s’exprimer sur son projet, d’expliquer comment il en est arrivé là et ce qu’il cherche à construire. Pour réfléchir à une situation, il faut l’ensemble des éléments et des avis.

Peut-on encore croire qu’il est possible de concilier le big business avec la liberté de penser ? Ce roman formidable aide, en tout cas, à réfléchir à cette situation et à sortir la tête du sable. Car cette société-là est déjà en marche et nous en sommes les acteurs au service de quelques « bâtisseurs ».

Mothercloud est aussi plausible que divertissant, aussi crédible qu’effrayant. Rob Hart a un talent rare, celui de raconter une histoire à message, tout à la fois terrible et réjouissante, prenante au possible. Il nous pousse à la réflexion en nous permettant de prendre un certain recul sur notre monde, avant qu’il ne soit trop tard.

A lire absolument par le plus grand nombre, quels que soient vos goûts littéraires ! Un indispensable de cette année.

A noter que le roman sera adapté au cinéma par Ron Howard (rien que ça).

PS : j’adore la couverture française, très bien vue et plus parlante que l’originale ! Et sympa la lecture augmentée (plan du site Cloud, vidéos…), via l’application “Lisez”

Yvan Fauth

Date de sortie : 05 mars 2020

Éditeur : Belfond

Genre : thriller d’anticipation

4° de couverture

Effrayant hommage à Ray Bradbury, Margaret Atwood ou George Orwell, MotherCloud nous entraîne dans un monde où le Big Business aurait supplanté Big Brother, un monde d’une perversion totale, pas si éloigné du nôtre.

Ex-petit patron désormais ruiné, Paxton n’aurait jamais pensé devoir intégrer une unité MotherCloud, cette superstructure de l’e-commerce qui a dévoré la moitié de l’économie mondiale. Pourtant, dans une société n’ayant plus rien à offrir, comment peut refuser un job qui propose non seulement un salaire, mais aussi un toit et à manger ?

La jeune Zinnia non plus n’aurait jamais pensé rejoindre MotherCloud, mais sa mission est tout autre : une révolution est en marche dont elle est le bras armé. Devenir salariée n’est qu’un premier pas pour infiltrer le système, en percer les secrets. Le détruire.

Dans cet univers où tout est calculé, paramétré, surveillé, où l’humain disparaît au profit de la rentabilité, où l’individu n’est qu’un algorithme, Zinnia et Paxton réalisent bientôt qu’il est impossible de dévier. À moins d’être prêt à se sacrifier ?

Car derrière sa façade d’entreprise idéale, MotherCloud est une machine à broyer, impitoyable à l’égard de ceux qui oseraient se rebeller.



Catégories :Littérature

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11 réponses

  1. Bon ok ok, je le met dans mes listes de lecture de ce pas.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Tu fais bien ! Merci de ton intérêt

  2. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Teaser de dingue !!! Très attractif 😉

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Ce livre est extra ! Arrêtez de commander sur Amazon, allez chez votre libraire en local est un acte citoyen et défendre notre mode de vie avant qu’il ne soit trop tard. Toi je sais que tu le fais 😉

      • Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

        Ben moi je veux même dormir là-bas mais le libraire n’est pas emballée par mon idée !

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          Ahahah ! Enfermé une nuit dans une librairie, ce serait top 😉

      • belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

        Pour le moment, même la librairie Filigranes, ouverte 365/365 ferme le week-end et livre à domicile les livres… Je ne passerai pas par Amazon et lorsque je le fais, c’est parce que je n’ai pas d’autres solutions.

        Bon, j’ai noté ce titre (tu m’énerves, toi !!!) et c’est sur cette chronique que je vais dormir, en espérant ne pas rêver de Ah Ma Zone 😆

  3. J’avais déjà repéré la 4 ème de couv’ qui me faisait envie 😜 alors là ce que tu en dis m’attire encore plus. Je vais le lire c’ est sur ! 😉

  4. En train de le lire, très bon roman et très bonne chronique de votre part !

Rétroliens

  1. C'est la reprise (on espère) - EmOtionS - Blog littéraire
  2. Paradox Hotel - Rob Hart - EmOtionS, blog littéraire

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