1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
OLIVIER NOREK
Titre : Surface
Editeur : Michel Lafon
Sortie : 05 avril 2019
Lien vers ma chronique du roman
Il ne faut pas chercher à comparer « Surface » avec tes livres précédents, tu as vraiment voulu te lancer dans un autre type d’histoire noire…
Tu sais, on s’ennuie à faire la même balade tous les jours… j’avais besoin de respirer, je crois. Ma trilogie s’installait dans les cités du 93, puis Entre deux Mondes dans la Jungle de Calais. Alors un peu de verdure, même si j’y laisse quelques traces de sang, c’était nécessaire. Se renouveler autant que possible, c’est une manière de dire au lecteur que chaque voyage sera différent.
Avec ce récit, tu replonges dans tes racines…
J’ai déménagé 12 fois avant mes 18 ans. Je viens de nulle part. Je n’ai pas de racines. Pourtant, et très rapidement, la vieille bicoque de ma grand-mère, à Aubin dans l’Aveyron, est devenue un refuge. C’est dans la grange que j’ai découvert mon premier Playboy. C’est dans la forêt qui borde la maison que je me suis fait sauter la main avec un pétard et c’est dans le grenier que j’ai failli foutre le feu à toute la maison. C’est l’endroit de mes noëls en famille, de mes premiers tirs à la carabine et des nuits étoilées où mon père tentait de me montrer Mars parmi un millier de points scintillants. Je recherche toujours l’émotion afin de la faire partager, alors pourquoi l’inventer puisqu’elle est juste là, dans mes souvenirs.
C’est un sacré personnage principal que tu nous proposes là ! Si forte et tellement fragile…
Je voulais absolument avoir une héroïne, mais immédiatement me séparer de la superficialité du physique. L’aimer pour ce qu’elle est, même cassée, même instable. L’aimer parce qu’elle ne s’aime pas. La sauver, en somme. Comme si à travers elle, je pouvais apprendre à m’aimer davantage.
Ce qui frappe, c’est l’hyper humanité qui se dégage de tous les protagonistes…
Simplement parce que je suis un hyper sensible. Et franchement, c’est un atout pour écrire, mais pour le reste de ta vie, c’est une malédiction. Je me mets à la place des personnages, j’imagine leurs moteurs, leurs souffrances, leurs envies, leurs forces et leurs failles, comme si elles étaient les miennes. Pour moi, écrire n’est pas un acte gratuit, il faut donner de soi. La générosité de l’auteur se sent entre les lignes. Je l’espère en tout cas.
Ton écriture est toujours aussi directe et prenante, mais elle semble s’être adaptée à l’ambiance de l’endroit où se déroule l’intrigue…
Parce que le décor de l’intrigue devient aussi personnage. Les cités défavorisées, un camp de réfugiés, la douce campagne… l’Homme s’adapte à son environnement, mes personnages aussi. Normal. Même l’enquête et l’intrigue s’en voient modifiées. À la ville, la police est toute en sciences et techniques : ADN, empreintes, téléphonie… simplement parce qu’on ne peut pas connaître tous les habitants. À la campagne, c’est d’abord l’humain qui prime, justement parce que tout le monde se connaît.
Ainsi, le décor ou l’arène de mon histoire modifient ma plume et mon encre. Quand je parle des flics du 93, j’écris avec du béton et de la poussière. Lorsque j’écris l’histoire des migrants de Calais, c’est avec du sable et des larmes. Pour Surface, j’écris avec mes souvenirs, ceux de mes parents, et avec l’amour que je porte à ma région aveyronnaise. Puis je saupoudre allègrement de meurtres, de trahisons, de mensonges, de disparitions d’enfants, de chien cassé, de robot sous-marin, de village inondé… et je secoue le tout jusqu’à explosion.
Yvan Fauth
Photo : Sophie Mary, durant les Quais du polar 2019 (son site photo : Lumières de l’ombre)
Catégories :Interviews littéraires
Superbe interview. Merci pour ce partage !
Cet auteur (et cet homme) sont magnifiques
Et bien j’ai tout à fait senti cette hyper sensibilité. Elle est très présente et cela en fait un roman singulier.
c’est l’ingrédient principal, oui !
Vivement que Smep arrive pour que je puisse me procurer cette nouvelle perle dédicacée par son admirable auteurs, # le bogoss des salons#. Ce n’est pas spécialement de moi mais voilà.
Hâte de l’isoler en compagnie de cette héroïne cassée brisée par la vie, dans cette partie ensoleillé de la France.
tu verras que son héroïne est formidable !
Cet ecrivain est tout simplement GEANT!
Il nous transporte dans son monde et perso j aime ca..
Merci à toi mon roi du polar..
Une fidèle
Béa
merci à toi pour tes mots, Béa !
Une interview qui donne envie de lire le livre… Mais comme d’habitude je vais attendre qu’il sorte en poche. 🙂
Norek est un auteur d’une belle humanité, ça ne peut que te toucher
J’adore !!! j’adore !!! j’adore !!! j’ai tellement hâte de lire surface .
Au top Yvan et au top Olivier ☺️
Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire que merci pour ce partage, j’adore cet auteur et c’est en partie grâce à toi, Yvan, qui me l’a fait connaître !
tu me fais plaisir en me disant ça 😉
Aussi sincère dans ses réponses qu’il est agréable à lire dans ses romans ! Bravo et merci
Joli interview oui on sent que vous donnez beaucoup de vous-même dans vos livres car on écrit encore mieux avec nos fêlures et surtout on va plus loin.Votre hyper-sensibilité est un atout dans l’écriture car à chaque fois,elle nous amène dans des endroits inexplorés au plus profond de nous,là où cela peut être douloureux ou tabou.Encore une fois hâte de découvrir ce nouveau roman!🙏
J’ai souri à sa dernière phrase “je secoue le tout jusqu’à explosion” alors que plus haut, il parlait du magazine Play-Boy trouvé dans la grange… No comment 😆
J’ai été sur le cul de voir dans l’émission “stupéfiant !” son espèce de planogramme au mur, quand il écrit, afin de tout avoir sous les yeux. Un truc de ouf, mais une excellente idée pour tout savoir et ne rien oublier.
Pas encore lu son dernier, mais je refais surface à mon aise et il arrivera dans mes mains, pas d’inquiétude 😉