Miroir et digression
Même s’il s’est inspiré de ce fait d’actualité serpent de mer, l’auteur ne raconte pas pour autant cette histoire-là. Camille, le perso principal, est un quadra qui cherche encore un sens à sa vie. Il a des idées à défendre, mais surtout n’en a pas grand chose à faire du monde actuel. Crise de la quarantaine, version radicalisation lente.
Faut dire, qu’avec ce qu’il lui tombe sur la tronche, il y a de quoi perdre ses repères. Déjà qu’il n’en avait pas beaucoup (de repères, pas de tronche)…
Un roman de JB Pouy, c’est un peu un vaste fourre-tout. A la fois miroir critique de la société, compilation de jeux de mots foireux et digressions à tout-va. Ça fait 30 ans qu’il applique sa recette avec bonheur, ce n’est pas maintenant qu’il va en changer. Pour le plaisir de ses fervents amateurs tout comme des nouveaux lecteurs.
Pandémonium drôlatique
Son héros est plus proche du zéro, et son récit tourne à la quête décalée. Normal quand on prend pour cible un personnage marginalisé.
Avec ses 200 pages, son intrigue pourrait tenir sur un ticket de bus. Et alors ? Quoi de plus populaire qu’un ticket de bus ? Et Pouy revendique corps et âme le fait d’écrire de la littérature populaire. Et l’écrivain n’aime rien tant que de raconter ses personnages, voilà bien l’essentiel pour lui.
Ma ZAD est un roman noir entre désespoir profond et espoir naïf, au sein de ce vaste pandémonium (Pouy aime beaucoup ce mot) qu’est notre monde. Il en rit (jaune parfois, aux éclats aussi), une sorte de désenchantement en chansons de mots. Mais il y a de l’émotion aussi.
Un récit comme une diatribe drôlatique, constamment entrecoupée d’apartés, entre culture et grosse déconnade. Pouy, un Nosferatu grimé en clown (ou l’inverse).
Tantôt sérieuse, acerbe ou cocasse, sa plume est plantée dans le fondement de notre société. Et quel chapitre final ! En terme d’écriture, ces derniers paragraphes sont un modèle du genre.
Ma ZAD est un roman noir brûlant d’actualité, par un Jean-Bernard Pouy plein de noire dérision.
Sortie : 11 janvier 2018
Éditeur : Gallimard / Série Noire
Genre : Roman noir
Ce que j’ai particulièrement aimé :
Le sujet
Le coté fourre-tout
L’écriture, bien sûr
4° de couverture
Camille Destroit, quadra, responsable des achats du rayon frais à l’hyper de Cassel, est interpellé lors de l’évacuation du site de Zavenghem, occupé par des activistes. À sa sortie de GAV, le hangar où il stockait des objets de récup destinés à ses potes zadistes n’est plus qu’un tas de ruines fumantes, son employeur le licencie, sa copine le quitte… et il se fait tabasser par des crânes rasés. Difficile d’avoir pire karma et de ne pas être tenté de se radicaliser!
Heureusement, la jeune Claire est là qui, avec quelques compagnons de lutte, égaye le quotidien de Camille et lui redonne petit à petit l’envie de lutter contre cette famille de potentats locaux, ennemis désignés des zadistes, les Valter.
Catégories :Littérature
Lu il y a quelques jours, effectivement un peu fourre-tout ou plutôt multi-thèmes car ça ne parle pas que zad mais sur l’errance de son personnage. Roman noir réussi, court, pas inoubliable mais plaisant.
le style Pouy 😉
Depuis quand les tickets de métro sont ils populaires à Strasbourg ? 😉
On a le tram, c’est presque pareil 😉
Pas tout à fait quand même 😉
T’as raison, j’ai mis ticket de bus, c’est plus universel 😉
Vos trams sont encore tiré par des chevaux comme chez nous ? ou bien vous êtes passés au système des clients qui pédalent ??
Je note ma ZAD 🙂