1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.
(et pour la peine, parce Mallock ne fait jamais vraiment les choses comme les autres, les cinq questions se transforment ici en six)
Mallock
Titre : Le principe de parcimonie
Sortie : 11 février 2016
Éditeur : Fleuve éditions
Lien vers ma chronique du roman
Chacune des aventures de Mallock a une personnalité bien à part. Comment décrirais-tu celle-ci ?
Chacun de mes thrillers a effectivement une personnalité à part, une ambiance spécifique et un type d’histoire à chaque fois nouveau. J’essaie de ne jamais me répéter. Seuls le style et les protagonistes sont là pour faire le lien entre toutes les Chroniques Barbares.
Dans cette 5e aventure du commissaire Mallock, on assiste à un double déferlement : d’eau et de sang. Une vague scélérate qui s’abat d’abord sur Paris, avant de gagner le monde entier…
Énoncé par un philosophe franciscain du XIVe siècle, Le principe de parcimonie, aussi appelé le rasoir d’Ockham, est une théorie qui consiste à privilégier les raisonnements les plus simples et à… « éliminer » tous les éléments superflus d’une réflexion. Dans le roman, le « méchant » de cette aventure – il en faut toujours un – prend ce concept au pied de la lettre et fait du rasoir métaphorique une arme de crime bien réelle, un coupe-choux avec lequel il va « retirer » ce qu’il juge inutile chez certaines personnes. De leurs cheveux à d’autres… membres plus vitaux.
Pourquoi avoir voulu placer cette intrigue dans le contexte particulier d’une crue de la Seine à Paris ?
Parce que ça me permet de peindre un Paris extraordinaire, encore plus beau et fantasmatique qu’il ne l’est déjà, tout en augmentant la dramaturgie (et en filant la métaphore). Le chaos engendré par l’arrivée de l’eau dans les rues de Paris « accompagne » en quelque sorte le bouleversement généré par l’apparition du meurtrier, déguisé en polichinelle.
Les inondations sanglantes de celui qui se fait appeler le « Docteur Ockham » font écho aux débordements aquatiques de la Seine. L’ensemble se multiplie pour donner un spectacle plus grandiose, et me permettre de peindre une nouvelle chronique bien barbare et baroque comme je les aime !
Ton grand méchant est particulièrement inventif pour propager la terreur, en s’en prenant à de nombreuses « icônes » actuelles…
Notre société d’hypocrites, de « miroirs aux paillettes », de mensonges, de vulgarité et de bêtises sans nom, mériterait encore bien plus de sarcasmes, de paires de gifles et d’insultants apophtegmes (celui-là, c’est pour toi, cadeau). J’ai été au plus loin dans la charge qu’il m’était possible de le faire avant d’être mis au pilori par sa majesté « la pensée unique » et tous les tenants du politiquement correct. Tous ces bien-pensants liberticides qui s’érigent en censeurs au nom d’idéologies faisandées. Bon, bon, je me calme ! ! ! Il faut que je pense à mon cœur.
En cette occurrence… écœurante, il est certain qu’Amédée Mallock, voire Mallock l’écrivain, n’a été que trop content de laisser le pauvre Ockham aller au charbon pour exprimer haut et clair ce qu’ils n’étaient pas loin de penser.
C’est peut-être le récit mallockien où on en apprend le plus sur ce fameux commissaire, bien que tu fasses attention à ne jamais perdre les nouveaux lecteurs dans les méandres de son passé…
Présenter les personnages est toujours un exercice délicat. En apportant plus de vie encore à l’équipe de Fort Mallock, j’ai tenté de “mettre au parfum” les nouveaux lecteurs sans pour autant lasser les habitués de la maison. De surcroît, j’ai préparé l’avenir, en donnant au commissaire la possibilité de commencer à rédiger ses mémoires…
Attention SCOOP : si tout se passe bien et que Dieu, mon banquier ou mon médecin personnel (ma petite souris chérie de femme que tu connais bien) me prêtent vie, les Chroniques Barbares se termineront, comme prévu, à la 9e aventure. Et le livre suivant ne sera plus écrit par Mallock l’écrivain, mais par Amédée Mallock le commissaire, et ce… à la première personne. Ces « Petites barbaries », sorte de mise en abysse, seront plus courtes et révéleront tout sur l’enfance de Mallock à la ferme et les raisons qui ont fait de lui l’homme qu’il est. Tout en racontant ses premières enquêtes, bien entendu.
Tu sembles jouer encore davantage avec les mots à travers ce récit, dans une prose poétique et ténébreuse. Le style est-il aussi important que l’intrigue, pour toi ?
Oui, oui, oui… et oui !!! Depuis quand l’écriture devrait-elle être le parent pauvre de l’écrivain ? Depuis quand le style serait-il devenu une quantité négligeable, pire, un intrus sacrifié par les fabricants de livres au poids ?
Certes, un style trop marqué risque de ralentir l’action s’il n’est pas dompté. Il est vrai que, sans une parfaite maîtrise, le fond et la forme peuvent s’affronter. Mais il ne faut pas refuser cette bataille en optant pour l’écriture lisse des traductions anglo-saxonnes, efficaces certes, mais vides et impersonnelles. Un écrivain doit pouvoir se reconnaître au bout de quelques phrases tant par sa musique que par ses métaphores obsédantes, il se doit d’habiter son texte tout autant que son récit, même si ce travail requiert bien plus de temps et d’effort.
Non pas pour faire joli et rendre hommage aux grands anciens, mais parce que, lorsque la forme est au service du fond, on parvient à une amplification des sensations, un peu comme le fait une bande-son dans un film. Attention, ce n’est que mon opinion (ce qui n’est déjà pas si mal). Mon orgueil et mon amour de l’écriture me poussent peut-être trop loin. Allez donc savoir, mon bon monsieur !
Question bonus : Parallèlement à la sortie de ce nouveau roman, sortent des versions revues de tes deux précédents bouquins. Tu nous en dis un peu plus sur ces nouvelles versions ?
On m’a en effet posé la question plusieurs fois. Parfois même avec une nuance de reproche dans la voix. Cependant, prenez l’exemple des peintres. Leurs repentirs et leurs repeints sont monnaie courante. Pourquoi l’écrivain en serait-il privé ? Est-ce orgueil de vouloir retoucher son œuvre ou humilité de vouloir l’améliorer ?
Pour ma part, malgré l’énorme somme de recherche et de travail, d’écriture et de relecture, (environ 3 ans par livre) je ne suis jamais complètement satisfait. On peut toujours améliorer les choses, du fait du recul, de l’expérience acquise, voire de l’envie ou du désir de replonger dans cette ancienne maison que l’on avait construite quelques années plus tôt. Si l’on a trouvé une GRANDE histoire, en a-t-on pour autant exploité toutes les potentialités, la moindre pièce ?
Pour répondre plus précisément à la question, je vais prendre pour exemple la réédition des Larmes de Pancrace, qui sort aussi le 11 février. Dans la première version, Mallock chasse et tente de coincer la « Méchante-Méchant » de l’histoire tout au long du récit. Et si l’on en croit les retours de lecture, cette action suffit à maintenir la tension nécessaire à tout thriller digne de ce nom.
Mais, tentation pour moi, j’ai senti qu’il m’était possible d’amplifier cette tension en doublant ce concept de chasseur-chassé. J’ai ainsi créé des scènes où Mallock et son équipe deviennent, à leur tour, les « chassés » et risquent d’y laisser la vie. Pour exemple : une scène complète d’attaque, retirée lors du 1er tirage, a été retravaillée et remise en place. La dramaturgie s’en est trouvée complètement modifiée et très largement amplifiée.
J’ai également « changé le sexe » d’un des personnages (sans en dire plus !!!) Cela a rendu « évident » le principe d’identification du meurtrier et intensifié la tragédie qui se passe au Moyen-Âge. Qui plus est, très paradoxalement, cela a fluidifié le récit. Malgré une centaine de pages supplémentaires, les premiers lecteurs (qui en avait lu la première version) ont adoré et l’ont trouvé… plus court.
Vous voulez des arguments supplémentaires ? Allez visiter le superbe site de lancement du roman, avec les avis sur le livre et la possibilité de lire les premières pages : Le lien vers le site de lancement
Catégories :Interviews littéraires
J’adore ce mec…. son livre sera mien…c’est clair!!!
eheh espèce de possessive, va ;-). Tu fais bien, ma chère Foumette, tu fais bien
Merci pour cette interview tordue comme je les aime. Le site de lancement est top !
oui le site est vraiment top ! et concernant l’interview c’est du Mallock tout craché, j’adore 😉
Je le découvre. J’ai tellement aimé Le principe de Parcimonie.
tu verras que celui-ci est très différent, ils sont tous différents (mais avec le sacré Amédée)
Alors tu me donnes encore plus envie 😉
Ca met l’eau à la bouche, j’ai pas encore plongé dans l’univers de Mallock alors que j’ai un de ses bouquins dans ma PAL. Cette ignominie de peut pas durer 😉
ahah non ce n’est plus possible ! 😉
😉
Ce principe de parcimonie me fait diablement envie… Mais la crapule que je suis a encore un peu de retard à l’allumage. Comme je te l’ai dit par ailleurs, j’ai “Les larmes de Pancrace” sur ma Pile à Lire… Saint Yvan et Saint Amédée, pardonnez-moi, pauvre pécheur… 😉
va lire Pancrace, ça parle de pinard 😉
Je sais… mais… tu connais le problème: trop de livres et trop peu de temps… 😉
JE LE VEUX! voilà comme ça, c’est dit…..En plus je ne connais pas encore cet auteur, et celui me tente plus que tous, en ce moment!
Pas la peine de crier ! ;-). Oui oui faut lire Mallock, tous les Mallock (je sais, le temps…)
Oui voilà, le temps, l’argent toussa toussa, et même mélanger “le temps c’est de l’argent”, ça ne me donne pas plus de plage de lecture…..Enfin quoi, je note, je note…..Je ne crie pas en plus, je m’enthousiasme!!!!!;) mdr
Enfin je vais pouvoir le lire ! depuis le temps que je l’attends 😉 Une super interview d’un écrivain qui manie les mots magnifiquement. Un de mes auteurs préféré ! Merci Yvan !
Il est épatant le Amédée 😉
Yvan le sadique barbare, mais jamais barbant ! Voilà ce que tu es ! Bon, j’ai adoré lire Mallock, je parle de son interview, niveau livres, j’ai fait ma méchante et bien qu’ayant les autres, je ne les ai pas encore lu. Oui, une fessée, je suis d’accord ! Je la mérite !
Bon, s’il a retravaillé les romans, j’attends pour lire les rééditions ou je lis ceux que je possède ?? Hein ?? Comme si j’étais riche, tiens ! 😆
L’essentiel est de le lire. Pour la fessée faut trouver quelqu’un d’autre que moi hein
Je lis et je demanderai fessée à Chouchou, mais pas maintenant, fait trop froid !
PS : le lien est tout niqué ! Y’a rien qui vient…
apophtegme???
Nom d’une chèvre qui vole, heureusement que les dictionnaires existent! lol
Je vais lire ce titre mais je ne sais pas si je vais relire m^me modifié les précédents.
Non pas que je ne les ai pas aimés, non j’adore Mallock depuis ses premiers écrits, mais j’ai tellement de nouvelles lectures à découvrir.
et surtout merci à vous deux pour ce bel entretien où on en apprend un peu plus sur le créateur et la créature. 🙂