Manière si personnelle
S’inspirant librement d’un fait divers tragique de 2010, où une femme a été mise en cause lors d’une fusillade dans une université d’Alabama, Turner développe un récit à sa manière reconnaissable.
L’auteur est un scientifique de renommée internationale qui a travaillé sur l’anthrax. Cette fois-ci, il s’éloigne de ses domaines de compétence (sauf à lier ce choix au fait que la tireuse en question est également une scientifique).
Car c’est ce qui frappe de prime abord. La femme en question n’est pas une banale délinquante et John N. Turner nous brosse son portrait (pas toujours dans le sens du poil), à coups de retours vers le passé. Alternance de chapitres, entre l’après fusillade et la vie passée de la suspecte (présomption d’innocence oblige), avec un style d’écriture propre à l’auteur.
Dissection d’un fait divers
Je le répète, John N. Turner est un scientifique et il écrit ses livres tel un chercheur, disséquant les faits divers avec sa plume. Une écriture et une construction scénaristique au scalpel pour comprendre le cheminement d’une psychologie meurtrière (loin des poncifs du genre) et ce qui peut conduire à une folie destructrice.
Ne vous attendez pas à un thriller palpitant, le propos et les intentions de l’auteur ne sont pas là. Méthodiquement, il raconte l’histoire de cette femme, usant de ce coté rationnel qui lui est personnel et de son écriture analytique bien maîtrisée.
Fabrique à monstres
Même si ce parti-pris me fait regretter un petit manque d’émotion, ce roman est une formidable plongée dans cette société qui peut engendrer des monstres, à l’image de ce que le sujet met en avant par rapport à la légalisation des armes à feu aux États-Unis.
Oui, John N. Turner est en train de s’affirmer comme le scientifique (jamais barbant) du roman noir ; une place à part pour des romans à part.
Le livre en un mot : Scientifique
Sortie : 04 juin 2015
Éditeur : Editions de l’Aube
Genre : Roman noir
Notes (sur 5) :
Profondeur : ♥♥♥♥
Dimension de l’intrigue : ♥♥♥♥
Psychologie : ♥♥♥♥
Qualité de l’écriture : ♥♥♥♥
Émotion : ♥♥♥ 1/2
Note générale : ♥♥♥♥
4° de couverture
Nous sommes dans une salle de réunion de l’université d’Alabama, à Huntsville. Le professeur Joan Travers, 45 ans, sort une arme de son sac à main et abat froidement trois de ses collègues. L’Amérique, sidérée, découvre cette diplômée de la prestigieuse université d’Harvard, mère de quatre enfants, qui affirme ne pas se souvenir de cette journée. Sauf que les témoignages sont unanimes : c’est bien elle qui a tiré, elle qui a tué.
Dans l’attente de son jugement, Joan Travers repasse le film de son existence, son passé chaotique, son histoire familiale trouble. Est-elle réellement coupable ? Comment en est-elle arrivée là ? Est-ce le produit de sa frustration professionnelle, un effet collatéral de la libre circulation des armes à feu, si faciles à trouver, si simples à utiliser ? Est-ce l’ultime rebondissement d’une vie tourmentée ?
Catégories :Littérature
Cette Amérique, rêvée et idéalisée par beaucoup, est vraiment un drôle de pays. Pour ma part, il y a longtemps qu’elle ne me fait plus rêver. Pays où la violence est omniprésente, où des gosses se voient offrir des armes à feu en cadeau d’anniversaire. Comment s’étonner de cette propension à se flinguer à tout va?
Je porterai probablement un regard sur ce roman, quand ma PAL se sera éclaircie…
Amitiés. 🙂
même avis que mon papé !!!! un pays de paraître mais quand on enlève un peu la première couche c’est pas joli joli …. qu’on autorise un aveugle à porter une arme car c’est son droit constitutionnel moi j’hallucine …m’enfin sommes nous meilleur ??
meilleur je n’en sais rien, en tout cas différent dans notre manière de voir certaines choses
Je ne sais pas si nous sommes meilleurs, mais en tout cas beaucoup moins paranoïaques… 🙂
Quand je suis allé dans ce pays, dans les années 90, j’étais jeune et totalement dans le trip du rêve américain. Je suis revenu avec le rêve sérieusement écorné, même si j’ai adoré visiter le pays (en sac à dos)
J’adore ce sujet…je me le note de suite!!!!
Alors là Yvan : MERCI 🙂 Je ne connaissais absolument pas ce livre et j’adore le sujet, j’adore les États-Unis, j’adore ton avis donc… JE LE VEUX !!!! 😀
you’re welcome ;-). Oui toi qui aimes les romans sur l’Amérique, c’est une tranche de pays qui vaut la peine de s’y pencher
Il a l’air pas mal, mais je passe mon tour pour celui ci …Les armes à feu, toussa, toussa…..A vomir…..Amerithrax me tentait plus mais je ne suis pas encore tombé dessus…..:(
ben tente Amerithrax alors oui 😉
Une belle chronique sur un sujet épineux. Combien de morts faudra-t-il pour qu’ils interdisent la vente d’arme ? Le pire c’est que ce genre de fait divers est une publicité efficace pour les marchands d’armes car à chaque nouvelle fusillade dans un lycée ou une université, les ventes d’armes explosent aux States. Un problème sans fin…
ce n’est pas le sujet central, quoi que… c’est en tout cas une peinture réaliste d’une partie de l’Amérique
Oui et elle a l’air de faire froid dans le dos…
J’ai adoré ce titre et je pense avoir été plus touché que toi par le récit de la vie de cette femme 😉
je n’ai pas dit que je n’ai pas été touché ! je dis juste que l’auteur ne met pas en avant l’émotion avant tout
Ok, je vais donc relire ton avis 😉
j’avais lu et aimé son premier, ” Amérithrax”, celui ci je l’attaque dès que je termine le William Bayer que j’ai en cours ! je te dirai ce que j’en aurai pensé pour ma part ! en attendant, les balles continueront de fuser !
what a good idea ! 😉
Je le note sur un coin de la nappe… a valley !!! Warf warf warf