Esprit joueur
Le King a passé l’âge de devoir prouver quoi que ce soit, et j’ai traversé cet exercice de style avec le même esprit « joueur » que lui. Je peux même dire (moi qui suis un grand habitué des polars et des thrillers) que j’ai très vite (volontairement) gommé le poids du passé de l’écrivain pour entrer à fond dans son récit.
Parce que Stephen King est, quelque que soit l’histoire racontée, un conteur hors pair. Il a su mélanger les ingrédients du polar traditionnel et y saupoudrer ceux du thriller moderne. La trame de base est très bien trouvée et le traitement de l’intrigue maîtrisée de bout en bout.
L’idée de cette sorte de combat de coqs à distance, entre un flic désœuvré face à sa retraite et un criminel névrosé qui n’est pas si caricatural qu’il n’y paraît, est formidable. Rien que l’analyse de l’écrivain King, sur la relation épistolaire entre les deux personnages, vaut son pesant de cacahuètes.
Retournements
Classique peut être, mais l’auteur ne s’interdit rien, ose faire mal à ses personnages, ose « désacraliser » une certaine violence bien mieux que certains de ses compères américains. Je peux même vous assurer que plusieurs retournements de situation sont totalement imprévisibles et qu’ils vous secoueront (alors que vous sembliez vous complaire dans une certaine zone de confort quelques lignes avant).
Là où l’on retrouve l’incomparable patte de Stephen King, c’est dans cette propension à soigner l’aspect psychologique de ses personnages. Une fois de plus, très vite, ils sortent de leur forme de papier pour prendre littéralement vie. Que ce soit avec cet ex-flic, avec ses acolytes pour le moins atypiques (quelle « équipe » singulière, qui n’arrête pas de nous surprendre page après page) ou avec ce psychopathe qui est loin du traditionnel tueur en série de beaucoup de romans actuels.
Parce que mine de rien, même si ce roman reste avant tout un divertissement, l’écrivain fait passer quelques messages. Des messages sous forme d’instantanés d’une époque actuelle où la menace se transforme en terrorisme au quotidien, dans une société gangrenée par le chômage, la crise ou encore la malbouffe. L’Amérique (le monde) dans toute sa décadence.
Violence et Humanisme
Mais à l’image de ses derniers romans, le King transperce cette histoire de fulgurances humanistes, de moments de fraternité et d’amour absolument magnifiques. Pas dans le cadre de relations entre ados comme dans ses romans des années 80-90, mais entre adultes. Nous sommes beaucoup de lecteurs à avoir développé notre vie en parallèle des livres du romancier et lui-même a profondément évolué ces dernières années (moins dans l’horreur et davantage dans les sentiments).
Il y a donc un vrai aspect ludique du récit aussi : ces clins d’œils habituels à ses romans passés (ce n’est pas la première fois qu’une voiture tient un rôle important), la volonté de proposer une structuration familière mais résolument moderne (les nouvelles technologies sont une des bases de l’intrigue) ou encore la référence à de nombreuses séries TV.
Et puis il y a ce que j’appelle les amorces « à la King », une phrase qu’il vous jette en pleine face et qui claque comme un coup de fusil, vous déstabilisant et vous plongeant dans mille questionnements. Pour ça aussi, c’est un maître.
Classicisme assumé
Le classicisme assumé de ce nouveau Stephen King risque de perturber certains de ses fans, voir leur déplaire s’il ne cherchent pas à se détacher de son illustre passé. Pour ma part, j’ai pris un plaisir énorme avec ce roman.
Cette histoire m’a passionné, je me suis attaché aux personnages au point de littéralement trembler pour eux, j’ai vécu à fond ce suspens haletant et j’ai pris un plaisir immense avec cette écriture si expressive. Même dans un genre un peu atypique pour lui, je trouve qu’il éclate une bonne partie de la concurrence (et ce sur leur propre terrain).
Pour les habitués de ce genre littéraire, qui ne connaîtraient pas le King, ce roman peut être une intéressante et captivante porte d’entrée. Mr Mercedes est un excellent roman de genre, King ou pas King.
Sortie : 28 janvier 2015
Éditeur : Albin Michel
Traduction : Océane Bies et Nadine Gassie
Notes (sur 5) :
Profondeur : ♥♥♥♥
Psychologie : ♥♥♥♥ 1/2
Qualité de l’écriture : ♥♥♥♥ 1/2
Émotion : ♥♥♥♥ 1/2
Note générale : ♥♥♥♥ 1/2
4° de couverture
Midwest 2009. Un salon de l’emploi. Dans l aube glacée, des centaines de chômeurs en quête d un job font la queue. Soudain, une Mercedes rugissante fonce sur la foule, laissant dans son sillage huit morts et quinze blessés. Le chauffard, lui, s est évanoui dans la brume avec sa voiture, sans laisser de traces.
Un an plus tard. Bill Hodges, un flic à la retraite, reste obsédé par le massacre. Une lettre du tueur à la Mercedes va le sortir de la dépression et de l ennui qui le guettent, le précipitant dans un redoutable jeu du chat et de la souris.
Catégories :Littérature
Je me doutais bien qu’elle n’allait pas tarder à venir cette petite chronique. Bien vu, bien pensé, bien écrite…..com’ d’hab ! Merci , Yvan
tu te doutais bien que ça ne pouvait pas traîner avec moi ! Et pourtant j’ai lu le Manook avant, alors que j’ai acheté les deux le même jour 😉
Merci pépite des libraires ! 😉
Bon, j’étais curieux de ce King polardesque, qui inaugure apparemment un cycle de trois romans du genre, me voilà harponné. A lire donc ! Merci Yvan 🙂
moi aussi j’étais curieux, et j’ai tout fait pour ne pas comparer avec ses autres romans. Avec ses personnages là, il y a de la matière !
You’re welcome my friend
Je le veux!!!!!!!!!!!!!!Il me le faut de toute urgence!!!!!J’avais meme pas vu la date de sortie…………:(
Une future trilogie qu’il me faudra acquérir et faire troner a coté de tous les autres de ma bibliotheque…..Ahhhhhhhhhhhh King…………….
ben alors tu traînes ! ça va pas du tout hein 😉
mdr…..Ahiiiiiii c’est grave!!!!!;) C’est mon auteur favori, et je suis en retard…..Bon faut dire que le Monsieur est ultra prolifique…….;)
c’est pas une excuse ! faut le commencer ce we, allez allez on se motive ! 😉
Argh, mais vous le faites exprès, les mecs ? Oui, toi et Lord, vous publiez en même temps alors que moi je suis encore assise sur le siège passager !
Non, je ne veux rien savoir des retournements bruts alors que j’étais dans le confort… mince, j’aurais pas du te lire, là, j’angoisse déjà 😛
eheh ça s’appelle enfoncer le clou ! et en plus on dit tout pareil 😉
Mais arrêtez de m’enfoncer des clous, nomdidjoû ! Ça fait mal !! 👿
Moi non plus je n’aurai pas dû lire cet article, comment ne pas avoir envie de livre ce bouquin après avoir lu ça ?? Impossible.
tu as raison, c’est impossible, donc inutile de résister 😉
Ce fut un plaisir de lire ta chronique, mais je ne le lirai pas quand même, pourtant tu m’as convaincu.
Et maintenant il va falloir que je trouve quelqu’un qui m’en raconte un peu plus 😉
dommage, parce qu’il te plairait vraiment bien celui-là ! mais je peux te raconter si tu veux 😉
J’ai hâte de le sortir de ma pal ^^
ne tarde pas alors 😉
Haha il est top tu avais raison 😉
ça va, tu n’as pas trop tardé 😉
Je sors de ma librairie favorite (sans livre…un truc de dingue…va neiger…) je l’ai vu, j’ai hésité et l’ai laissé. Finalement, mes vacances seront littérature blanche !
tu veux de la neige donc littérature blanche, normal 😉
De la balle ce bouquin ! Et nos posts synchro à l’insu de notre plein gré, trop bon !!!
Ahah oui on est sacrément synchro, jusque dans nos propos 😉
Hâte de le lire:)
ça ne dépend que de toi 😉
Je vous lis régulièrement et j’apprécie cet article sur King. Je reviendrai le plus souvent possible. C’est superbement écrit, Quel plaisir de vous lire 😉
Merci sincèrement Cycé ! Je ne fais qu’essayer de faire passer mes émotions. Heureux de vous savoir par ici alors 😉
Et vos essais sont fructueux ! 🙂
😉
C’est pas possible ça!!!! Deux superbes chroniques tentantes….vous le faites exprès ou quoi???? Monsieur Fred et monsieur Yvan…vous n’avez donc aucune pitié ou quoi!!!!!
non, absolument aucune
Sadique!!!! 😛
c’est pour ton bien, il faut me faire confiance 😉
Comme je suis un peu maso…ahahah….je te ferai confiance tout le temps 😛
Super article bravo. Ça donne envie de le lire 🙂
superbe billet ! Je viens de finir l’excellent “Mr Mercedes” et je fais mention de votre chronique, parfaite 🙂
merci beaucoup !