Ce que je n’ai pas su – Solène Bakowski

J’ai envie de rebaptiser l’autrice en « Solaire » Bakowski. Un petit nom qui lui sied parfaitement à la lecture de ses trois derniers romans, dont Ce que je n’ai pas su.

Qu’on soit clair, on est loin de toute mièvrerie dans ces histoires-là, les douleurs et la dureté de la vie y sont bien présentes, et sont souvent même le socle des récits. Mais, même dans les difficultés, même quand les personnages montrent leurs terribles failles, la narration rayonne.

Ce nouveau roman irradie d’émotions touchantes et qui sonnent vrai, que ce soit lors de passages qui serrent le cœur (et il y en a beaucoup) ou quand la vie y fait de vrais cadeaux.

Solaire, mais pas que

Solène « Solaire » Bakowski aime les gens, elle en a même théorisé le titre de son précédent roman. Elle croit au salut par les autres. A la magie des rencontres qui tissent des liens, même les plus inattendus.

Elle ne tombe pas dans l’angélisme pour autant, mais croit au pouvoir de la rédemption. Rien de religieux dans tout ça, mais simplement ce qui humainement peut aider à surmonter un lourd passé ou ses propres cassures.

Paul est un romancier qui semble avoir tout pour lui. Un grand succès littéraire et populaire, une femme qu’il aime et qui l’aime. Pourtant, il disparaît un jour sans laisser de trace, à part un laconique mot d’excuse. Un an passe, avant que sa compagne apprenne son décès.

Elle se rend à ses obsèques. Pour comprendre autant que pour se recueillir. Elle va découvrir un grand pan de sa vie totalement inconnu d’elle. Mais qui était vraiment Paul ?

Alternance de voix

L’autrice fait alterner deux types de narration. Le présent d’Hélène, cette femme quittée, meurtrie et désemparée, qui tente peu à peu de se reconstruire après la disparition. Et ce qui ressemble à un journal intime, celui de Paul.

Deux histoires, deux versions des faits, deux manières d’écrire. Car c’est aussi un joli exercice pour l’écrivaine que de peindre ses personnages à travers deux façons de penser et de relater les faits. Car tout est également histoire de perception.

J’ai été immédiatement touché par Hélène, par cette belle écriture qui la fait vibrer d’émotions. Le récit de Paul semblait plus froid au début, plus littéraire, en bon écrivain qu’il était. Et puis, inévitablement on s’allie plus facilement à la victime qu’à celui qui a trahi. Mais rien n’est jamais aussi simple…

Sensibilité

C’est, une fois encore, une histoire de protagonistes cabossés, de vies meurtries où le temps ne répare pas tout. Une variation autour du mensonge aussi, aux autres et à soi-même, même dans l’intimité.

L’autrice fait preuve d’une sensibilité et d’une générosité qui touchent. Une manière dynamique de conter, pétillante quand il le faut, humainement poignante à d’autres moments. Arrivant à souffler un vent de romanesque dans le quotidien de personnages du quotidien.

Des traits de lumière si intenses et si poignants qu’on ne peut être que touché par humanité qui déborde de ces phrases.

Un récit qui ne s’essouffle jamais, empli de surprises, de scènes étonnantes. De rencontres marquantes, avec des personnages secondaires mémorables. Et même une peinture un brin piquante du milieu de l’édition.

Solène Bakowski touche une nouvelle fois au cœur avec ce roman tout en sensibilité. Ce que je n’ai pas su est une nouvelle belle réussite. Ce que moi je sais, c’est que l’autrice a un énorme talent.

Yvan Fauth

Sortie : 13 avril 2023

Éditeur : Plon

Genre : Fiction

Prix : 20 €

4ème de couverture

Hélène, la quarantaine, est enseignante. Avec Paul, un écrivain célèbre, elle a filé le parfait amour pendant dix ans. Jusqu’au jour où il a disparu, sans laisser d’adresse.

Un an plus tard, le téléphone sonne. Paul s’est tué en voiture, ses obsèques ont lieu le lendemain. Guidée par le besoin de comprendre, Hélène décide de s’y rendre. Elle va découvrir que Paul était, en réalité, un sublime inconnu…

Roman du grand amour et de la liberté, Ce que je n’ai pas su évoque avec une infinie délicatesse le pouvoir de la littérature et la joie retrouvée.



Catégories :Littérature

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5 réponses

  1. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Nous sommes d’accord : Solène a un immense talent ♥️

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      et de plus en plus de lecteurs s’en aperçoivent, mais ça ne suffit pas ! 😉

  2. Solène Solaire, ça lui va bien. Il est dans ma pal. Merci à toi Yvan pour la chronique 🙏😘

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      oui ça lui va vraiment bien 😉

Rétroliens

  1. Ce que je n’ai pas su de Solène Bakowski – Amicalement noir

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