Et si vous preniez un billet pour un voyage dans le temps ? Dans les rues de Paris et de province, au tout début du XXème siècle, aux côtés du peuple.
Louise Michel est enterrée en cette année 1905, la foule suit le cortège dans une tension palpable. La lutte ouvrière perd un porte-voix, mais d’autres cris et chants s’élèvent.
Même époque, autre schéma
Gwenaël Bulteau a rencontré un joli succès avec son premier roman, La république des faibles (Prix Landerneau polar 2021), un vrai bon polar historique qui se déroulait en 1898.
A-t-il reproduit les mêmes schémas pour ce deuxième roman ? Oui et non. Là où le précédent mettait vraiment en avant une enquête policière, celui-ci est d’une autre veine. Toujours assez noire, mais pas vraiment polar.
Alors oui, il est bien question d’une disparition et de quelques morts, mais cette histoire est avant tout centrée sur les personnages et le sort des prolétaires.
Comme ses illustres ainés
On pourrait réellement croire à un livre d’un illustre aîné littéraire de l’époque. Quel étonnant travail de reconstitution, allant jusqu’à la langue. Un vrai retour vers le passé, dans la crasse et les douleurs des petites gens, et de ceux qui osent sortir de leur condition pour les côtoyer.
On est loin d’une reconstitution en papier mâché, on s’y croirait à suivre ces personnages qui luttent.
L’un des points communs des deux livres est la manière appuyée de parler de la situation des femmes, de leur peu de droits. Car ce sont plusieurs d’entre-elles qui sont mises en lumière dans les méandres des ruelles, à se battre tout comme à chercher à comprendre. Des femmes fortes à une époque où elles n’avaient pas vraiment voix au chapitre.
Au plus près du réel
Le roman suit donc leurs chemins et leurs errances, à une époque clé où la révolte gronde. Il s’attache vraiment aux personnages, c’est le sens même de ce récit.
Le livre est donc autant affaire de ressentis, de tragédies quotidiennes, que l’histoire de la disparition d’une jeune fille. Cet événement devient une sorte de fil conducteur qui permet de suivre ces gens-là, loin de tous clichés.
La forme romanesque est donc plus évanescente qu’avec le premier roman, même si l’histoire réserve son lot de (sérieuses) surprises dans sa deuxième partie.
Avec Le grand soir, Gwenaël Bulteau propose une fiction noire au plus près du réel et des personnages forts qu’il a dessinés. Un voyage dans le temps fictionnel mais qui a beaucoup à nous apprendre de ce passé si loin si proche.
Yvan Fauth
Sortie : 06 octobre 2022
Éditeur : La manufacture de livres
Genre : Roman noir et social
4ème de couverture
22 janvier 1905. Paris se presse à la suite du cortège funéraire de Louise Michel, icône légendaire de la Commune. Parmi les ouvriers, la jeune Jeanne Desroselles, travestie en femme du peuple, se mêle à la foule. Idéaliste et militante, cette jeune héritière fréquente depuis quelques mois les rassemblements publics, vibrant des revendications de ceux qui luttent pour la justice et la liberté. Mais ce matin d’hiver sera pour Jeanne le dernier. Aux yeux de la police comme de sa famille, Jeanne s’est volatilisée. Sa cousine Lucie n’entend pas se satisfaire de cette conclusion, et elle se glisse de tavernes en ruelles pour retrouver la trace de la disparue. Pendant ce temps, aux quatre coins de la France, les manifestations se multiplient, les femmes se rassemblent pour faire entendre leur droit à la parole et à disposer de leur corps, les mineurs et les ouvriers réclament un travail qui ne les condamne pas à mort… Tous s’apprêtent à venir massivement à Paris, manifester ensemble le 1er mai. Ce sera le Grand Soir.
Après La République des faibles, lauréat de plusieurs prix littéraires, Gwenaël Bulteau nous entraîne aux côtés de Lucie, dans une Belle Époque vibrant au son des cris de révolte.
La forme romanesque est donc plus évanescente qu’avec le premier roman, même si l’histoire réserve son lot de (sérieuses) surprises dans sa deuxième partie.
Avec Le grand soir, Gwenaël Bulteau propose une fiction noire au plus près du réel et des personnages forts qu’il a dessinés. Un voyage dans le temps fictionnel mais qui a beaucoup à nous apprendre de ce passé si loin si proche.
Catégories :Littérature
Forme romanesque évanescente ? Ça promet. Merci à toi Yvan. 🙏😘