L’homme peuplé – Franck Bouysse

Ceux qui lisent déjà Franck Bouysse connaissent son amour de la terre et de la ruralité, qu’il développe de livre en livre. Mais ce serait lui faire injure que de penser qu’il propose toujours des histoires semblables, aux mêmes tonalités.

Guérisseur et écrivain

L’homme peuplé n’a pas grand-chose à voir avec ses deux précédentes merveilles de romans, Né d’aucune femme et Buveurs de vent. Si ce n’est la qualité de l’écriture. Il se rapprocherait d’avantage de Grossir le ciel, s’il fallait vraiment trouver une filiation.

Deux hommes se partagent principalement ces pages, en alternance. Un paysan, guérisseur, mais qui réserve son don uniquement aux animaux, seuls à mériter son attention. Un écrivain victime de la page blanche, qui vient se perdre dans cette campagne profonde pour tenter de se retrouver.

Deux destins que rien n’aurait dû faire se croiser, deux caractères très différents qui vont sans le vouloir nourrir l’auteur en panne de mots.

Cérébral

Là où les deux précédents romans faisaient la part belle aux émotions et à un souffle romanesque, ici l’ambiance est plus glaciale. Du fait de l’environnement hivernal, mais également par ce que Bouysse raconte. Avec, cette fois-ci, une plume qui se met au diapason de cette atmosphère, assez froide.

Le récit est bien plus cérébral dans son approche, empli de pensées et méditations, le poids de l’écriture prenant le pas sur l’histoire en elle-même. Une toute autre approche.

Je vous conseille vraiment d’éviter la lecture du résumé de la quatrième de couverture, pour mieux vous préserver de ce qui vient, et rester vierge de toute attente.

Mise en abyme

En se laissant porter par l’écriture de l’auteur, vous ne comprendrez alors le titre du roman qu’à la fin.

L’homme peuplé est un roman très « écrit », moins abordable sans doute. Assez clinique dans l’approche, moins émotionnel.

Une vraie expérience de lecture, comme une mise en abyme, telle une malédiction. Même si j’ai indéniablement une préférence à lire Franck Bouysse quand il se lance davantage dans le romanesque.

Mais c’est une nouvelle preuve du talent d’écriture de l’auteur, à travers des traits d’esprits qui marquent et portent à réflexions.

Yvan Fauth

Sortie : 17 août 2022

Éditeur : Albin Michel

Genre : roman noir

4ème de couverture

Harry, romancier à la recherche d’un nouveau souffle, achète sur un coup de tête une ferme a l’écart d’un village perdu. C’est l’hiver. La neige et le silence recouvrent tout. Les conditions semblent idéales pour se remettre au travail. Mais Harry se sent vite épié, en proie à un malaise grandissant devant les événements étranges qui se produisent.

Serait-ce lie a son énigmatique voisin, Caleb, guérisseur et sourcier ? Quel secret cache les habitants du village ? Quelle blessure porte la discrète Sofia qui tient l’épicerie ? Quel terrible poids fait peser la mère de Caleb sur son fils ? Entre sourcier et sorcier, il n’y a qu’une infime différence.

Au fil d’un récit ou se mêlent passé et présent, réalité apparente et paysages intérieurs, Franck Bouysse trame une stupéfiante histoire des fantômes qui nourrissent l’écriture et la création.



Catégories :Littérature

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7 réponses

  1. Matatoune – Retraitée, je profite de ce nouveau temps libre pour lire, visiter et voyager et comme j'aime partager, j'ai créer ce blog : vagabondageautourdesoi.com. Venez y faire un tour !

    Il m’attend …

  2. Je suis en train de le lire ( j’en suis à peu près à la moitié). Autant je m’étais laissée porter par ses deux précédents romans, autant j’ai du mal à me passionner pour celui ci.
    L’écriture reste très agréable mais je n’arrive pas à être touchée par les personnages

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Attendons ton ressenti final 😉

  3. J’aime au contraire ces livres-là plus que tous les autres, l’histoire structurant le récit même si on ne découvre qu’à la fin. Et j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’émotion dans la place de l’écrivain. Même s’il ne faudrait bien sûr pas assimiler Harry à Franck Bouysse… Un régal.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Pour cette fois, je n’ai pas ressenti cette émotion forte des deux précédents livres. C’est très personnel, comme chaque lecture.

  4. Abandonné pendant quelques jours puis repris, je viens de le terminer. Il faut vraiment lire la fin pour retrouver l’âme des précédents romans de Franck Bouysse. De ce fait, je revois un peu mon jugement , ayant finalement été émue par ses personnages.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est parfois aussi une question de moment

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