Le code Twyford – Janice Hallett

Voir le fond se fondre dans la forme, la forme épouser le fond, ce n’est pas si courant dans un livre.

Le code Twyford est un jeu, mais qui n’oublie jamais qu’il est avant tout un roman. Le genre d’expérience ludique qui développe suffisamment de matière pour qu’on s’y attache le temps de 450 pages.

Le fond dans la forme

Imaginez une autrice ayant écrit une kyrielle de livres pour enfants durant la seconde guerre mondiale. Le genre de bouquins qui ressemble au Club des 5, mais largement critiqués pour leur pauvreté voire leur idéologie discutable.

Imaginez que ces livres se révèlent d’une toute autre utilité et que, de nos jours, la vérité devienne une véritable quête.

Imaginez que ces textes cachent un code qui pourrait receler un secret extraordinaire.

Voilà un roman qui surprend dès le début par son approche stylistique. Loin d’une narration classique, il se compose des transcriptions audios d’un ex-taulard. Entré en prison sans presque savoir ni lire ni écrire, il en ressort après avoir réussi à dépasser en partie son handicap de dyslexie grâce à des bénévoles. Mais pas au point d’oser se lancer dans l’écriture.

D’où l’idée d’enregistrer ses pensées, et de relater les événements sur le vieil iPhone offert par son fils.

Transcriptions audios

Voilà l’une des formidables idées de ce roman. Le langage parlé, entre monologues et discussions, apporte une dynamique différente au récit. Et est l’une des clés de ce qui se cache derrière cette histoire.

Janice Hallett vous invite donc à venir jouer avec elle et ses personnages, Steven et ses anciens camarades de collège en tête. Parce que cette étrange affaire a débuté pour lui à ce moment-là.

Cette intrigue se veut ludique, et elle l’est bel et bien. Mais, là où nombre d’auteurs se seraient contentés de cet aspect-là, l’écrivaine anglaise lui a insufflé davantage. Une âme à travers les passages introspectifs où Steven évoque son enfance. Cet inattendu coté social donne une autre profondeur au récit. Même s’il souffre de quelques longueurs sur cet aspect, à mon sens.

Pouvoir des mots

Le livre est aussi, surtout, un véritable cri d’amour à la langue, au langage. Et au pouvoir des mots, au sens propre comme au figuré. Au passage, vous découvrirez peut-être ce qu’est un acrostiche, par exemple.

Le roman renferme nombre de secrets, qui vont se révéler peu à peu, certains comme fausses pistes, d’autres en révélations incroyables. Jusqu’à un final que vous avez peu de chance d’anticiper !

Le code Twyford est un roman à nul autre pareil, très original dans sa forme, mais qui n‘oublie pas de remettre le jeu en perspective pour apporter une autre dimension à l’aspect joliment ludique de l’intrigue.

Janice Hallett se révèle comme une écrivaine sacrément ingénieuse, et sans aucun doute profondément amoureuse des mots, de leur puissance et de leurs significations.

Yvan Fauth

Date de sortie : 04 mai 2022

Éditeur : Denoël

Genre : Roman noir

4ème de couverture

Steven Smith, condamné pour braquage, vient de terminer une longue peine de prison. Ne sachant ni bien lire ni écrire, il enregistre ses pensées sur un téléphone portable afin de progresser dans sa quête.
Sa quête ? Déchiffrer le code Twyford, inventé par une écrivaine de littérature jeunesse des années quarante, Edith Twyford. C’est un besoin impérieux, presque vital. Pour l’aider, Steven peut compter sur quatre amis avec qui il a partagé à l’époque du collège un événement qui a changé le cours de leur vie.
Rapidement, il devient évident qu’Edith Twyford n’était pas seulement un « simple » écrivain. Le code Twyford a un grand pouvoir, et Steven n’est pas le seul à essayer d’en percer les secrets.
Ode au pouvoir des mots et à la littérature, Le Code Twyford est un thriller qui se savoure avec délectation.



Catégories :Littérature

6 réponses

  1. Jonathan Herbrecht – Enseignant en Production Audiovisuelle à l'Université de Haute-Alsace, écrivain et critique. J'aime juste l’idée de vous faire découvrir des trucs que vous pourriez aimer, et faire découvrir à vos voisins au moment du repas, ou autour d’un barbecue quand viendra, de toute façon, le moment où vous ne saurez plus quoi dire d'autre.

    Lu semaine passée. Il me manquait, disons… quelque chose d’un peu grinçant, je crois, pour en faire un coup de cœur. Mais oui, belle lecture, et toujours intéressante.

  2. Vais vendre un morceau de foie, je reviens. Merci à toi Yvan. 🙏😘

  3. Merci vraiment, j’hésitais mais à présent je n’hésite plus

  4. C’est l’effet Yvan ça 😉

  5. J’adore l’idée. Merci Yvan.

  6. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Là tu me donne envie !

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