Certains livres tiennent par leur histoire, d’autres par leur(s) personnage(s). Le premier roman d’Ophélie Cohen entre dans la deuxième catégorie, entièrement centré sur Héloïse.
Écrit à la première personne, le récit nous plonge (très) profondément dans les états d’âme d’une « héroïne » qui aurait tout donné pour connaitre une vie normale. Las, son existence va se remplir d’horreurs et de moments difficiles, parfois entrecoupés de lumière.
Mais, quand on ressent à ce point un tel sentiment d’abandon à chaque instant, il est difficile de se construire.
Terrible destin
Tout a mal commencé pour Héloïse, dès sa naissance. Peu de choses lui seront épargnées, et son état psychologique l’empêchera souvent de côtoyer ses semblables, si différents d’elle. Inclusif, voilà bien un mot qu’elle n’intègre pas.
Il est donc question du destin de ce personnage, de ses relations avec les autres. De son mal-être et de la manière dont il évolue. Une virée au plus près de ses ressentis, de ses douleurs, de ses doutes, de ses malheurs. De ses quelques bonheurs aussi. Et de ses choix, pas toujours bons…
Parce que si une grande partie du roman est plongée dans une terrible noirceur, certains passages sont subitement illuminés d’une lueur éblouissante. Mais si peu présente au final.
La dureté de ce qu’éprouve Héloïse est déchirant. Ce ne sont pas les quelques chapitres presque (trop) fleur bleue qui changeront la donne, nous le savons dès les premières pages.
Sensoriel
N’attendez pas une intrigue, il n’y en a pas, ce n’est pas le genre de la maison. Ce roman noir est avant tout sensoriel, à la recherche d’une empathie envers un personnage qui touchera mais agacera aussi. Tout sauf lisse.
La voir vivre et surtout endurer tant d’atrocités accumulées n’est pas un parcours de plaisir pour le lecteur. Un peu à la manière de ce qu’on trouve dans les romans de Karine Giebel.
Mais, ce qui frappe aussi (surtout ?), c’est l’écriture. Celle d’Ophélie Cohen est à la fois directe et imagée, brutale et soignée. Sensorielle, assurément. C’est, à mon sens, l’intérêt dominant de ce premier roman, qui augure de belles choses pour la suite si l’autrice trouve d’autres noires histoires à raconter.
On pense parfois à la plume d’un Michaël Mention lors de certains passages, le fait d’inclure des paroles de chansons n’y étant pas étranger.
Héloïse est un voyage intérieur sans retour, où le lecteur est plongé dans les affres de la souffrance et du désespoir, incarnés par une solitaire Héloïse dont le sentiment d’abandon est impossible à combler.
Ophélie Cohen prouve, dès son premier roman, qu’elle a une voix à faire entendre, une plume à affiner. Pleine d’émotions.
PS : le chanteur du groupe The Rasmus s’appelle Lauri Ylönen et non Ylönon, il me fallait corriger cette coquille, vu que je suis un grand admirateur du bonhomme 😉
Lien vers mon interview d’Ophélie Cohen au sujet de “Héloïse”
Yvan Fauth
Date de sortie : 13 octobre 2021
Éditeur : Phénix noir
Genre : Roman noir
4° de couverture
« Toutes les femmes ont une histoire. La mienne est plutôt moche. »
À la veille de ses trente ans, au cours d’une nuit entourée des fantômes de son passé, Héloïse va se raconter. Portée par les souvenirs et les remords, elle ouvre la boîte de Pandore. Noir, intime et dérangeant, un roman à la fois sombre et lumineux dans lequel les émotions sont à fleur de mots.
Catégories :Littérature
je pense l’acheter bientôt 🙂
Wooowwww j’ai dû lire ta chronique en apnée. Merci à toi Yvan. 🙏😘
Merci Yvan je vais l’offrir c’est certain et le lire aussi !!!
Ça fera des heureux, même si l’histoire n’a rien de drôle !
Belle chronique ! ça m’intrigue…
J’ai été frappée par la puissance de la plume d’Ophélie, pour une première, elle frappe fort !
Mou j’ai adoré Héloïse mais comment aurait-il pu en être autrement