Dévotion – Dean Koontz

Dans ses intrigues, Dean Koontz aime certaines choses par dessus tout. Le combat manichéen du bien et du mal, les complots des plus riches et des gens du pouvoir (gouvernement en tête), les nouvelles technologies, les manipulations. Et les Golden Retriever.

Même si les premiers ingrédients sont bien plus présents dans son œuvre que les chiens, il suffit de se souvenir (pour les anciens comme moi) d’un de ses romans phares de 1988, Chasse à mort, que son éditeur français actuel a judicieusement ressorti en poche en même temps que ce Dévotion.

Concentré

Ce nouveau roman, sorti en 2020 en VO, est une sorte de concentré de tout ce que propose l’auteur américain depuis des décennies. Des ingrédients qui ont fait de lui l’un des grands maîtres du thriller, un précurseur, trop injustement méconnu en France de nos jours, après un joli succès dans les années 80. Il faut savoir qu’il a vendu davantage que Stephen King dans le monde, pour des carrières commencées presque en même temps. Les deux K, indissociables dans mon esprit pendant une longue période.

Voilà donc une porte d’entrée intéressante pour les lecteurs qui ne connaissent pas ou peu l’écrivain américain. Et un plaisir sans surprise mais diablement efficace pour ses fans.

Un livre qui a du chien

Koontz aime tant les chiens, et cette race en particulier, qu’il a même écrit des livres à la mémoire de son chien Trixie et du suivant Anna. Autant dire que la tentation d’inclure les canidés dans ses intrigues et de les mettre au même plan que les humains était très grande.

Dévotion est un thriller hyper prenant, qui arrive à conjuguer terreur et émotions. Un cocktail détonnant qui sans cesse confronte le pire de l’Homme avec ce qu’il peut faire de meilleur (ou l’inverse). Des ténèbres les plus sombres à la lumière la plus aveuglante.

Chez Koontz, les belles âmes se défendent contre les âmes damnées, et leurs belles valeurs sont leurs armes principales contre le Mal (bon, ils ont des flingues aussi…). Et ne parlons pas des chiens qui sont la pureté même.

Comme souvent chez l’auteur, tout commence par des manipulations génétiques. Et leurs dérives du fait de l’immoralité et de la folie de certaines « élites ». Le méchant de l’histoire en est particulièrement effrayant.

Duo attachant

Il n’est pas si courant de voir un mélange dosé de telle manière dans un thriller grand public. Des scènes horrifiques assez violentes sont contrebalancées par des passages d’une grande chaleur portés principalement par deux êtres lumineux.

Un jeune garçon de 11 ans, autiste, qui n’a jamais dit un mot mais se révèle d’une grande intelligence (tout en gardant une naïveté liée à son âge). Et puis un golden retriever particulièrement atypique et qui dévoilera des talents et une intelligence inédits. L’écrivain joue à fond la carte de l’anthropomorphisme, et ça marche ! N’oublions pas la mère du garçon, trois personnages magnifiques.

La relation qui va se forger entre Woody et le chien Kipp est aussi étonnante que puissante. Et se construira de manière vraiment singulière.

Comme souvent avec Koontz, on a affaire à une sorte de course poursuite (presque en huis clos cette fois…). Il récite ses gammes, et les connaît sur le bout des doigts. C’est prenant, rythmé, surprenant, déstabilisant, flippant et jubilatoire. A l’image de la fin, proprement jouissive.

Et son style est toujours aussi efficace, expressif, parfois passionné et empathique, d’autres fois cynique.

Dérives

Oui, ce nouveau roman a un ADN commun avec Chasse à mort. En réalité augmentée. Nullement besoin de l’avoir lu avant, mais une bonne raison de s’y pencher tout de même (je viens de le relire, 33 ans après ma première fois).

Les autres livres récents de Koontz, l’épatante série des Jane Hawk, montrait déjà que notre « ancien » (76 ans déjà) est dans une phase où il veut à la fois distraire et effrayer, en appuyant fort sur les dérives de la technologie quand elle est utilisée à mauvais escient. Quitte à trancher dans le vif et faire couler le sang, mais aussi à démontrer qu’il reste des personnes droites et bourrées d’énergie pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être.

Dévotion est à la fois un thriller universel et moderne, avec un auteur qui n’a plus rien à prouver et qui s’en donne à cœur joie. Il propose ce qu’il sait faire le mieux : raconter des histoires à la fois humaines et inhumaines, emplies de terreur et d‘émotions fortes, où l’amour et la violence se confrontent. Parce que dans toute cette noirceur, il y a de l’espoir.

Même en restant dans ses thématiques familières, Dean Koontz demeure un Maître incontestable du thriller, qu’il soit fantastique (comme ici) ou non.

PS : si ce livre vous plait, plongez dans Chasse à mort, qui n’a presque pas pris une ride (à part quelques aspects technologiques) et est toujours aussi formidable, même 33 ans après !

Yvan Fauth

Date de sortie : 02 septembre 2021

Éditeur : L’Archipel

Genre : thriller

4° de couverture

Un enfant et un chien peuvent-ils sauver l’humanité ?

Woody Bookman, 11 ans, n’a pas dit un mot depuis sa naissance. Pas même quand son père est mort dans un prétendu accident. Mais pour Megan, sa mère, le plus important est que son fils autiste, doté d’une intelligence supérieure, soit heureux.

Woody, lui, est persuadé qu’un laboratoire se livrant à des expériences génétiques secrètes et ultrasensibles est responsable de la mort de son père. Et que la menace se rapproche désormais de lui et de sa mère.

Avec l’aide de Kipp, un golden retriever télépathe, Woody va tenter de stopper l’être maléfique tapi dans l’ombre…



Catégories :Littérature

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9 réponses

  1. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Il faut vraiment que je découvre cet auteur et tu me donnes très envie ! Les thématiques ont l’air très intéressantes (et moi aussi j’adore les Golden !) Très belle chronique toute en émotion.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Arrête de lire les pâles copies, lis l’original 😉

  2. Lord Arsenik – Noumea - Nelle-Calédonie

    Comme toi mes années adolescentes (et jeune adulte) ont été bercées par les 2 K (Koontz essentiellement grâce à la collection Terreur chez Pocket).Ca doit faire plus de vingt ans que je n’ai pas ouvert un roman de l’auteur (j’en ai quelques uns en stock, dont la série Jane Hawk).

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Ben lance-toi à nouveau, parce que papy est en forme ! 😉

  3. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    un super auteur pas assez mis en avant, alors merci à toi mon ami

  4. Il a l’air aussi prolifique que l’autre K 😉
    Il faudrait que je ressorte ses romans des années 80 et 90 que je n’ai pas encore lu et voir si le style de l’auteur me plairait toujours. Mais il me semble qu’on parle moins de lui depuis les années 2000.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Il est même encore plus prolifique que l’autre K ;-). Mais malheureusement il n’a plus été traduit en français durant quelques années, avant que les éditions de L’Archipel aient la bonne idée de le remettre en lumière. Clairement le lire maintenant diffère de le lire il y a 35 ans, mais ça en vaut toujours la peine

Rétroliens

  1. Chasse à mort - Dean Koontz (re-sortie poche 2021) - EmOtionS - Blog littéraire

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