1 livre et 4 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
4 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
NICOLAS LEBEL
Titre : Le gibier
Editeur : Le Masque
Sortie : 10 mars 2021
Lien vers ma chronique du roman
Nouveaux personnages, nouvel éditeur, la révolution Lebel est en marche…
Exactement ! Je me suis dit qu’il était temps que j’incarne officiellement cette révolution du genre en devenant le Grand Timonier du Polar, le Mao de… Non.
Plus sérieusement, j’avais envie de nouveaux personnages, de nouvelles ambiances, de m’essayer au thriller aussi, tout cela en mettant (provisoirement) de côté Mehrlicht et le roman policier « pur ». Cet air du large s’est accompagné d’un changement de maison d’édition. Je suis ravi de rejoindre les prestigieuses éditions du Masque, de retrouver une partie de l’équipe qui a accueilli Mehrlicht, quelques années plus tôt, au Livre de Poche, et de rencontrer le reste de la team, à commencer par Violaine Chivot, mon éditrice.
On sent que tu as pris plaisir à inclure de nombreux ingrédients références du polar pour mieux perturber le lecteur (et le divertir !)…
Le Gibier est avant tout un jeu avec les codes du genre : on y retrouve pêle-mêle une enquête de police, un mystère de la chambre jaune, une femme fatale, une machination, une chasse à l’homme qui rythme tout le roman puisque l’histoire est divisée en vingt parties, vingt étapes d’une chasse à courre…
Le plus amusant a été de m’appuyer sur la connaissance de ces codes du noir par le lecteur pour le(s) prendre à contre-pied. D’ailleurs, le méchant le dit lui-même : il lit beaucoup de polars et est un auteur contrarié. Y a-t-il plus dangereux et pervers criminel qu’un auteur de polar ?
Ton duo de flics est formidable. Tu as vraiment soigné leurs profils, ainsi que leurs dialogues savoureux et décalés…
Le commissaire Starski et la lieutenante Chen sont bien sûr complémentaires en raison de leurs différences. Lui fonctionne complètement à l’affect, à l’intuition, et malheureusement pour lui, son compteur émotionnel est rapidement bousillé en début de roman au moment où il retrouve un amour de jeunesse qui l’a dévasté. Si l’on ajoute le fait que son couple est en plein naufrage et que son chien adoré est en train de mourir, Starski, le héros, le beau gosse, le viril, le presque-Starsky, n’est en fait plus bon à rien.
Chen tente de compenser. Elle est la raison du duo, la tête, mais est tellement froide et indifférente aux autres qu’elle se neutralise toute seule ! Évidemment, les frictions de ce binôme m’ont permis de m’amuser dès qu’ils s’adressent l’un à l’autre. Je dois avouer que les dialogues sont la partie de l’écriture qui m’amuse le plus ! (mais ce n’est pas nouveau !)
Par contre, quand il s’agit de recherches, là on ne rigole plus. On sent qu’elles ont été une fois de plus poussées. Pour mieux prêcher le faux pour savoir le vrai, ou l’inverse…
Je le dis souvent : la documentation est le ciment de la fiction ! Le pacte avec le lecteur est simple. L’auteur (de polar, en l’occurrence) a trente pages pour le convaincre de signer le contrat, c’est-à-dire de lire la suite. À partir de là, l’auteur peut tout se permettre mais pas n’importe quoi ! Il doit être cohérent avec l’intrigue qu’il a posée et, autant que possible, donner au lecteur des preuves de véracité, de réalisme. La documentation fait partie de cela. Qu’elle soit historique, géographique (connaissance réelle du lieu où l’action se passe), procédurale… la documentation vient nourrir la fiction de réalisme et aide à sceller le pacte avec le lecteur. De plus, parce qu’on ne se refait pas, (prof un jour, prof toujours), je prends un vrai plaisir à parler de contrées lointaines, d’histoires nationales méconnues, de littérature aussi, parce qu’en tant que lecteur, j’aime apprendre des choses, m’immerger dans des cultures nouvelles, des contes et légendes, des folklores. Et j’aime quand c’est bien fait !
Ici, il s’agit de l’histoire effroyable de l’apartheid en Afrique du sud et du programme de nettoyage ethnique que voulait mettre en place le gouvernement raciste de l’époque. Ce qu’on en sait aujourd’hui à trente ans de l’abolition de l’apartheid (30 juin 1991) fait froid dans le dos. Une autre raison de s’en souvenir.
Merci Yvan pour ton enthousiasme et pour tes compliments !
Photo : Patrice Normand
Catégories :Interviews littéraires
Un éclairage savoureux sur un livre qui l’est tout autant !
Il va être temps que je me décide à découvrir cet auteur
Oh non, pas un récit où son chien adoré est en train de mourir ! Non, non, non ! :/ *pas contente*
Bon, abstraction de ça, j’ai très envie de découvrir le nouveau roman de Lebel, sa plume, son humour, bref, tout ! 😆
Aucun animal n’a souffert, à part une belette 😉