1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre.
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.
FABRICE PAPILLON
Titre : Régression
Sortie : 10 octobre 2019
Éditeur : Belfond
Lien vers ma chronique du roman
Après les femmes qui étaient au centre du “Dernier hYver”, c’est au tour de l’Homme (avec un grand H)…
Oui tu as raison, avec « Régression » j’élargis mon propos à toute l’humanité, parce que je voulais faire passer un message encore plus inquiétant que celui de la condition des femmes (très grave, mais très hétérogène, en fonction des cultures, des sociétés etc.). Ici, j’aborde des problématiques globales qui ne laisseront de répit à personne. Nous serons tous égaux devant le « mur » qui nous attend si rien ne change… Et j’imagine, dans cette nouvelle dystopie, une rupture inattendue, brutale, qui fournirait une sorte de solution extrême et de la dernière chance pour sauver ce qui peut encore l’être…
J’avais dit de ton premier roman qu’il était d’une folle ambition. Mais que dire alors de celui-ci, qui démarre à la préhistoire pour aller jusqu’à notre époque, avec des thématiques encore plus inouïes…
Je pense que « Le dernier hYver » m’a engagé sur la voie des intrigues aux ramifications multiples et entrelacées, pour offrir au lecteur plusieurs décors très inhabituels et inattendus, qui le déstabilisent et piquent sa curiosité. Des décors dans l’espace, bien sûr, mais aussi dans le temps. Car j’ai souhaité une fois de plus alterner des chapitres au présent, avec une enquête folle dans toute l’Europe et au-delà, sur la trace de meurtriers redoutables ; et des chapitres au passé qui, en effet, commencent dès la préhistoire – et pour cause. Je me réfère à des thématiques qui me sont chères, comme la paléoanthropologie, l’histoire de nos origines, les découvertes stupéfiantes récentes sur la coexistence de plusieurs « cousins » de Sapiens, comme Néandertal, mais aussi Denisova ou Luzonensis. Bien d’autres thèmes comme l’écologie, le racisme, le refus de la différence, sans oublier mes « marottes » scientifiques comme la biologie et la génétique, me permettent de tisser l’intrigue en perdant le lecteur jusqu’au ‘twist’ final auquel il ne s’attend probablement pas…
Ton intrigue incroyable n’a pourtant rien de farfelue, la somme de tes recherches historiques ou à la pointe de la science est proprement ahurissante…
C’est gentil de le présenter comme ça, je ne me rends pas vraiment compte car c’est un peu ma vie depuis 20 ans, depuis que je suis journaliste scientifique, que j’écris des ouvrages de vulgarisation scientifique et que j’écris ou co-écrits de nombreux films scientifiques. J’ai repris aussi, c’est vrai, le bâton d’historien (ma formation) pour, comme dans « Le dernier hYver », faire la passerelle permanente entre l’histoire – avec de grands personnages, souvent très célèbres – et les technologies les plus innovantes et modernes. Mais dans tous les cas, tout existe, tout est vrai. Seule l’intrigue qui relie les uns aux autres est bien entendu le fruit de mon esprit quelque peu agité 😉
Et puis ce cocktail historique, scientifique et de thriller joue une nouvelle fois habilement à gommer la frontière entre fiction et réalité, pour passer quelques messages au passage…
Oui c’est l’objectif, tu as raison : en tissant ces univers en apparence radicalement différents, je veux bâtir des décors hyper réalistes. C’est pareil avec mes enquêteurs du présent : j’ai passé du temps avec les policiers de la PJ d’Ajaccio, de même que les gendarmes de la section de recherches, pour que l’enquête au présent soit la plus réaliste et vraisemblable possible. Ils m’ont clairement indiqué ce qu’ils auraient fait en pareilles circonstances (comme la découverte du charnier ignoble au pied de la falaise de Bonifacio). Cette quête de réalisme, grâce à mes recherches importantes, doit en effet installer le lecteur dans l’impression qu’il vit réellement les événements qui sont relatés. Et je serai très heureux s’ils avaient tous l’impression de confondre, parfois, la réalité et la fiction !
Inclassable roman, au point de moduler ton écriture selon les périodes historiques et les protagonistes fictionnels ou illustres…
Oui, là encore, je tente d’en faire une marque de fabrique : si je raconte une scène vieille de plusieurs siècles, j’essaye d’utiliser un vocabulaire ou un style qui rappelle cette époque lointaine. Tandis qu’au présent, je suis dans une écriture très rapide, directe, que j’espère la plus efficace possible. Par rapport au Dernier hYver, j’ai vraiment cherché à être plus direct, moins détaillé dans mes descriptions, moins « précieux » dans le vocabulaire (notamment au passé) pour offrir un maximum de fluidité entre les chapitres du présent et ceux du passé.
Question bonus : le formidable succès rencontré par Le dernier hYver, lauréat du prix du meilleur polar des lecteurs de Points 2018, a-t-il changé ta manière d’appréhender cette seconde fiction ?
Restons modestes : Le dernier hYVer a bien marché pour un premier roman, c’est indéniable, sans être un bestseller. Mais c’est vrai que le prix et les nombreux retours très positifs et encourageants des lecteurs m’ont mis un peu la pression ! Ils m’ont d’abord motivé à reprendre le flambeau : ma vie est très chargée avec mon travail de producteur (et souvent co-auteur) de films scientifiques pour la télévision, qui m’oblige à pas mal voyager. Il n’était pas évident que je retrouve le temps et l’énergie pour ce second roman. Mais les encouragements m’ont vraiment motivé. Ensuite, une fois lancé dans l’aventure, j’ai eu peur de me ‘planter’, de faire beaucoup moins bien que le premier… De manquer d’imagination… J’ai beaucoup douté, et l’accouchement n’a pas été simple ! Mais le bébé est là, et j’en suis très heureux.
Catégories :Interviews littéraires
Tes interviews sont toujours un régal, celle ci est exceptionnelle, quel bonheur au petit-déjeuner ! Régression est mon prochain achat!
C’est ma prochaine lecture ! Et cet entretien me donne d’autant plus envie de m’y plonger ! Merci, Yvan !
Il est dans la pile de me mes lectures à venir !
Pour une fois, je suis en ordre ! Lu et apprécié ! Le voyage était inhabituel, exceptionnel et waw !
c’est un bon résumé
Pour une fois que je ne m’étends pas ! Je l’ai fait courte, tu vois, je progresse 😉