
Se faire avoir, empapaouter, rouler dans la farine, piéger. Le nouveau roman de Romain Puértolas n’est pas tel que vous l’imaginez. Pour plusieurs raisons.
Changement radical
La première est ce changement assez radical de ton et d’ambiance par rapport à ses précédents livres. Au revoir à cet humour décalé qui était sa marque de fabrique jusqu’à présent (cf les aventures du fakir Ikea, de la petite fille et son nuage, de Napoléon ressuscité, ou encore de l’improbable enquêtrice Agatha Crispies). Et bonjour à son nouvel éditeur Albin Michel.
La seconde est que ce roman policier n’en est pas vraiment un. Tout en l‘étant… Ça a l’air compliqué cette affaire, mais c’est tout simple en fait.
Mais que se cache t-il donc derrière cet étonnant titre de La police des fleurs, des arbres et des forêts ? Une histoire (épatante) d’un auteur sacrément gonflé. Dès le prologue, il vous lance un défi. Celui de trouver le fin mot de l’histoire avant les toutes dernières pages. En affirmant que vous tomberez inévitablement dans le piège.
C’est sacrément osé. Et bien, le lecteur assidu de polars que je suis, depuis des décennies, s’est fait avoir comme un bleu !
Laissez vous porter, Romain Puértolas vous fait voyager dans le temps. Comme le dit la dernière phrase du prologue : « Tout commence par l’arrivée, le mardi 18 juillet 1961, de cet inspecteur de police dans ce mystérieux village, par le train de 11h17… ».
Cette incroyable histoire n’a de sens que dans cette unité de temps, de lieu et d’action. Les règles du théâtre classique sont respectées à la lettre, sauf que…
Épistolaire
Tiens, en parlant de lettres justement, l’une des nombreuses originalités du roman est de conter l’histoire à travers le genre épistolaire. Des échanges de missives entre ce jeune policier venant de la capitale et la procureur de la République. Mais pas que…
Les années soixante et la campagne. Les deux éléments essentiels, le cadre qui fait que ce récit ne pouvait se passer qu’à cette époque et dans ce contexte. Et un sacré terrain de jeu pour l’auteur qui s’amuse à nous plonger dans ce passé déjà éloigné, avec ses us et coutumes.
L’écrivain s’en amuse (et nous amuse), sa plume n’a rien à voir avec celle de ses précédents romans. Elle s’adapte à l’époque, aux mœurs, et à ce style d’un désuet attachant.
C’est donc un polar, avec une vraie enquête de meurtre. Mais s’en n’est pas du tout un, plutôt (surtout) l’occasion de partager des moments avec des personnages hauts en couleur et maladroitement touchants. Le paradoxe Puértolas.
Loin de l’humour absurde de ses précédents romans, l’écrivain ne laisse pas la drôlerie de côté pour autant. La folie de Romain Puértolas est contagieuse, sa manière de jouer avec ses personnages et avec les lecteurs est proprement jouissive.
La police des fleurs, des arbres et des forêts est une sucrerie à déguster avec délectation et qui va surprendre vos papilles. Et attention à ce qui se cache à l’intérieur !
Yvan Fauth
Lien vers l’interview de Romain Puértolas au sujet de ce roman
Date de sortie : 02 octobre 2019
Éditeur : Albin Michel
Genre : policier pas policier
4° de couverture
Une fleur que tout le monde recherche pourrait être la clef du mystère qui s’est emparé du petit village de P. durant la canicule de l’été 1961.
Insolite et surprenante, cette enquête littéraire jubilatoire de Romain Puertolas déjoue tous les codes.
Catégories :Littérature
J ai adoré ce livre ☺
Ok je retiens ce titre, ça fait longtemps que je veux découvrir cet auteur !
Je serais presque déçue de ne pas retrouver l’absurde dont on a l’habitude avec Puertolas mais franchement j’ai hâte de lire ce roman. Cet homme appose une telle fraîcheur dans le paysage littéraire!
Il ne faut pas le regretter, c’est une autre palette de son talent
Et si on trouve la solution, on gagne quoi ?? La solution est dans le livre, au moins ? Faut pas se creuser les méninges comme pour “Le manuscrit inachevé” ?? :p