Ses précédents romans, comme Juste après la vague, poussaient déjà ses personnages à aller au bout d’eux-même, à chercher leur part d’animalité pour survivre. Avec Animal, l’auteure pousse le concept dans ses retranchements. Un récit viscéral qui ne peut laisser de glace.
Pari osé
Le pari initial me semblait risqué, à ainsi mettre en scène des chasseurs de loisirs, ceux qui parcourent le monde en quête de bêtes exotiques. N’ayant aucune sympathie pour ce genre de personnes (doux euphémisme), je savais dès le départ que j’allais avoir des difficultés à me projeter dans cette histoire. Mais peu à peu, pas à pas, j’y suis entré parce que le récit est bien plus complexe qu’il n’y parait.
C’est là où l’immense talent de Sandrine Collette prend toute sa dimension. Népal, Kamtchatka, vastes étendues de nature sauvage. Et des personnages qui vont aller au bout d’eux-même. L’un des sujets n’est pas la chasse, mais la confrontation parfois brutale entre l’homme et la nature.
Mais pas que… Dès les première pages, l’écrivaine brouille les pistes. Là où ses collègues de plume se contentent en général d’un prologue ramassé sur quelques pages, Sandrine Collette propose une introduction immersive de 22 pages. Avant d’ouvrir le livre, vous étiez confortablement installés chez vous. Au bout de ce prologue vous voilà confronté au dénuement total de la campagne népalaise.
Paradoxe
Tout au long du roman, vous ne saurez pas où vous allez mettre les pieds. Animal est un livre aventure, où la nature et la dureté de l’existence mènent le bal.
Revenons à nos chasseurs, à la poursuite d’un ours hors norme. Prédation. Mais qui chasse qui d’ailleurs ? Un combat à la vie à la mort.
Sandrine Collette est un paradoxe. Elle raconte des histoires proches de la nature. Elle parle de ce que les protagonistes ressentent dans leurs tripes. Mais elle le fait avec une plume particulièrement soignée. Une écriture poétique qui sait mettre des mots sur l’animalité des hommes. Et capter l’essence même de l’environnement hostile, des campagnes désertiques comme des villes inhumaines.
Chamboulé
Sandrine Collette a un talent fou, un talent unique. Avec un tel récit qui rappelle que nous sommes liés à la terre, elle arrive à faire entrer en résonance les ressentis de tous les protagonistes, humains et animaux. Et ce, même quand ils semblent éloignés de nos valeurs. Parce que chaque être a son histoire, ses racines et une vie qui n’a rien de simple.
Les 50 dernières pages de ce court roman risquent fort de vous mettre à terre, de vous chambouler. De changer votre vision des choses.
Animal est un roman viscéral, brutal, mais sublimé par l’écriture fouillée de Sandrine Collette. Un histoire obsessionnelle, un récit de résilience aussi. Déstabilisant par son contexte et par les étonnantes pistes empruntées. C’est aussi ça la magie de la littérature.
Lien vers l’interview de Sandrine Collette au sujet de “Animal”
Sortie : 07 mars 2019
Éditeur : Denoël
Genre : Roman noir
4° de couverture
Dans l’obscurité dense de la forêt népalaise, Mara découvre deux très jeunes enfants ligotés à un arbre. Elle sait qu’elle ne devrait pas s’en mêler. Pourtant, elle les délivre, et fuit avec eux vers la grande ville où ils pourront se cacher.
Vingt ans plus tard, dans une autre forêt, au milieu des volcans du Kamtchatka, débarque un groupe de chasseurs. Parmi eux, Lior, une Française. Comment cette jeune femme peut-elle être aussi exaltée par la chasse, voilà un mystère que son mari, qui l’adore, n’a jamais résolu. Quand elle chasse, le regard de Lior tourne à l’étrange, son pas devient souple. Elle semble partie prenante de la nature, douée d’un flair affûté, dangereuse. Elle a quelque chose d’animal.
Cette fois, guidés par un vieil homme à la parole rare, Lior et les autres sont lancés sur les traces d’un ours. Un ours qui les a repérés, bien sûr. Et qui va entraîner Lior bien au-delà de ses limites, la forçant à affronter enfin la vérité sur elle-même.
Catégories :Littérature
Il serait plus que temps que je me plonge dans l’univers de madame… chaque fois je me dis que c’est la bonne et hop une mauvaise raison pour repousser…
il serait vraiment temps oui !
Il m’attend déjà dans ma PAL, j’ai hâte de le lire, j’aime beaucoup Sandrine Collette.
elle est tellement douée…
En effet tu as entièrement raison.
Intriguant !
Bientôt, bientôt 😉
Hâte de retrouver une plume qui m’a bouleversée avec juste après la vague.
celui-ci est encore différent, mais encore si bien écrit
Je suis entrain de lire un livre de cet auteur, “Il reste la poussière”, c’est âpre!
Âpre mais tellement fort
Animal… ça me donne envie de chanter la chanson de Pierre Rapsat (chanteur belge) et l’ours me donne envie de te raconter une blague avec un ours bleu…. 😆 Je lirai ce roman après la vague, que je n’ai toujours pas ouverte !! :p
Quelle putain de claque !
Merci Sandrine 😉 🙂
Avec un sujet pareil, ce n’est pas loin d’être un exploit
J’ai un permis de tuer; les chasseurs 😉