Indépendance et force de caractère
Ceux qui ont lu l’excellent premier roman de Benoît Philippon, Cabossé, sorte de road movie aussi fou que touchant, connaissent déjà cette mamie qui y avait fait une apparition en guest star. Un personnage annexe qui devient le centre de ce nouveau roman, tant on y sentait un sacré potentiel. Quelle bonne idée !
Berthe Gavignol, de son nom de jeune fille (elle va beaucoup en changer durant un siècle), est un sacré personnage. Pas de bol, elle naît en 1914, autant dire qu’elle a devant elle son lot d’horreurs. Élevée dans un univers de femmes, elle va très vite montrer son indépendance et sa force de caractère. Pour le meilleur (parfois) et le pire (souvent).
Coup par coup
Le pistolet Luger est une arme semi-automatique tirant en coup par coup. La mamie Berthe aussi. Capable de flinguer au sens propre comme au figuré, par balle ou à coup de bons mots (quelques projectiles et beaucoup de mots d’esprits au style à la fois drôle et vachard).
Touchant. Jubilatoire. Marquant. Dur. Quatre mots pour décrire (dans le désordre) ce formidable roman, noir et lumineux. La vie de Berthe n’a pas été un long fleuve tranquille. La brutalité des hommes l’a transformée en Mamie Luger.
Un tel personnage, vous n’en rencontrez que très rarement durant vos lectures, croyez-moi. Du genre qu’on n’est pas prêt d’oublier, qui nous touche et nous étonne constamment, paragraphe après paragraphe.
Réjouissant et poignant
Benoît Philippon avait la matière brute. Lui restait à la modeler. Il l’a fait avec un sacré talent, avec humour et sensibilité, justesse et déchirement.
L’idée d’alterner deux types de narration est excellente et habilement maîtrisée, entre la gouaille de la mamie durant sa garde à vue aujourd’hui et les chapitres sur son passé écrits à la troisième personne. La plume alerte, drôle, vivante, rend le tout réjouissant tout autant que poignant. Parce qu’il n’est pas de tout repos d’être une femme dans ce monde de violence…
Mamie Luger vous convie à un voyage à travers le siècle dernier, et la difficile place de la femme dans notre société de violence ordinaire. Attendez-vous à ressentir de fortes et contradictoires émotions durant ce périple. De quoi passer du rire aux larmes, avec l’insolence d’une guide de caractère qui a tout vécu. Benoît Philippon est un impertinent conteur doublé d’un admirable passeur d’émotions.
Lien vers l’interview de Benoît Philippon au sujet de Mamie Luger
Sortie : 09 mai 2018
Éditeur : Les Arènes – Collection Equinox
Genre : Roman noir
Ce que j’ai particulièrement aimé :
Le personnage, inoubliable
Le style, l’humour
Le sujet, les “messages”
4° de couverture
Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée mais il sent qu’il va falloir creuser. Et pas qu’un peu.
Catégories :Littérature
Merci pour votre ressenti et l’idée de lire ce livre
Bonne journée
il en vaut vraiment la peine 😉
https://polldaddy.com/js/rating/rating.jsMerci pour l’article, ça donne envie d’aller voir de plus près cette mamie !
Bien cordialement.
https://polldaddy.com/js/rating/rating.jsHa mais il m’a l’air génial celui-ci !! Merci pour ce billet, je note !
merci à toi pour ton enthousiasme !
Je ne connais pas encore cet auteur et après avoir lu ta prose, il me tarde de le découvrir.
Merci, encore une fois, pour tes précieux conseils.
Bien à toi.
Antonietta
je suis content de voir que j’ai pu te convaincre ;-). Tu vas faire une sacrée rencontre !
Le problème (qui n’en est pas un, sauf pour mon porte-monnaie 😉) avec toi Yvan, c’est que tu arrives à me convaincre à chacune de tes chroniques ! 😁 Bonne soirée
Je suis contente qu’on ai fait un spin-off avec ce personnage haut en couleur. Hâte de voir ce que Mamie Luger me réserve 😉
Jamais entendu parler de cet auteur ni de ce roman, mais le pitch et ton billet donne sacrément envie 😉