Interview – 1 livre en 5 questions : La chambre des merveilles – Julien Sandrel

1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre.

5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

Julien Sandrel

Titre : La chambre des merveilles

Éditeur : Calmann-Lévy

Sortie : 08 mars 2018

Lien vers ma chronique du roman

Comment vous est venue cette idée absolument magnifique de faire vivre, par sa mère, les rêves d’un adolescent ?

La chambre des merveilles, c’est le pari un peu fou d’une mère qui tente de sortir son fils du coma en réalisant chacun de ses rêves, en les lui racontant, en les lui faisant vivre par procuration… en se disant que s’il l’entend ses incroyables aventures, peut–être que ça lui donnera envie de revenir à la vie.

J’ai eu l’idée de faire vivre à Thelma les rêves de son fils car je voulais la forcer à sortir de sa « zone de confort », la plonger dans des expériences inconnues, afin qu’elle puisse découvrir des sensations nouvelles, positives et spontanées. Une sorte de « vis ma vie » pour mieux connaitre l’autre (en l’occurrence son fils) et mieux se connaitre elle–même. J’ai toujours pensé que plonger un adulte dans des expériences d’enfant ou d’adolescent était un ressort de transformation intéressant… lorsqu’on se laisse aller, ça peut donner lieu à de purs moments jubilatoires, surprenants, joyeux, faisant appel à notre mémoire instinctive, aux réminiscences de nos jeux d’enfants. Plus rien ne compte autour, on est pris dans l’expérience. On vit, tout simplement.

Le sujet est grave, mais vous ne tombez jamais dans le pathos, et vous prouvez qu’il est possible de faire sourire avec des personnages au bord du gouffre…

L’histoire que je souhaitais raconter, celle de Thelma, c’est l’histoire d’une transformation positive, une sorte de parcours initiatique, à près de 40 ans. En vivant les rêves de son fils, Thelma se découvre elle-même, se comprend mieux, s’écoute mieux aussi. L’accident de son fils l’oblige à se poser les bonnes questions sur « les choses importantes de sa vie », à se réinventer, à trouver son propre chemin.

Bien sûr, le point de départ de cette histoire – l’accident de Louis – est dramatique, mais je voulais écrire un roman dans lequel les personnages réagissent de manière naturelle. Or, dans la vraie vie, même en plein cœur d’un drame, personne ne pleure sans discontinuer pendant de longues semaines. Malgré la douleur, il y a toujours quelques éclaircies au cœur des jours sombres, des fulgurances joyeuses, des sourires, du rire même. Je pense que c’est un mécanisme de défense de l’être humain… Je voulais une héroïne capable de pleurer, de rire, de désespérer, d’y croire encore, de s’accrocher. Une héroïne vivante.

C’est également une belle leçon d’optimisme et de volonté face à l’adversité…

Nous ne sommes pas tous égaux face à l’adversité, chacun de nous va vivre les épreuves de la vie à sa manière. Et parfois une même personne va vivre un même genre d’épreuve de façon totalement différente, à un autre moment de sa vie.

Le drame que vit Thelma joue pour elle le rôle d’un accélérateur, il la secoue littéralement, la fait sortir de la torpeur dans laquelle elle s’était installée. Thelma pensait avoir atteint un certain équilibre de vie, entre sa carrière et sa vie de mère. Le drame qu’elle doit affronter, puis les trépidantes aventures qu’elle va vivre en réalisant une à une les merveilles de Louis, vont profondément la faire évoluer.

Je suis quelqu’un de résolument optimiste. Pétri de doutes, mais optimiste. Je pense que lorsqu’une épreuve de la vie se présente, ce qui nous permet de rebondir, sans nier la douleur, c’est de se tourner de nouveau vers l’avenir. Je crois que c’est – en partie – le chemin que fait Thelma au cours du roman. En se tournant vers l’avenir, elle se reconstruit, progressivement.

Cette histoire est-elle aussi une manière de nous rappeler qu’il ne faut pas perdre l’esprit insouciant que nous avions durant l’adolescence ?

Je pense que tout est toujours mieux dans la vie avec un petit grain de folie. Il n’y a rien de pire que de se prendre au sérieux. On n’écoute pas suffisamment l’enfant, l’adolescent qui sommeille encore en nous… pourtant il y a tout dans des pensées d’adolescent, il y a l’essentiel en tout cas. Plutôt que de parler d’insouciance, je parlerais de carpe diem. Les enfants, les ados sont les rois du « vivre l’instant présent, rien que l’instant présent ». On le perd bien plus tard, ce sens de l’instant. Y revenir permet parfois de se retrouver. Sur le coup c’est juste grisant…

Ce roman vit une histoire folle, démarrée avant sa sortie. Comment vivez-vous cet enthousiasme qui va au-delà de nos frontières ?

Ce qui se passe autour de mon roman est presque irréel…

Mon roman a été présenté par Calmann–Lévy aux éditeurs étrangers en octobre, lors de la Foire Internationale du Livre de Francfort. De nombreux éditeurs étrangers l’ont lu, l’ont aimé et ont décidé d’en acheter les droits de publication et de traduction pour leur langue / leur pays, sans même attendre sa parution en France. Mon roman existera donc en anglais, en espagnol, en italien, en japonais, en allemand, en chinois, en islandais, en turc etc. Plus de 20 langues sont d’ores et déjà certaines… et les droits d’adaptation cinématographique sont en cours de négociation.

C’est formidable, bien sûr. Je suis extrêmement heureux du destin de Thelma et Louis. Je comprends, des retours de lecture, que leur histoire d’amour mère–fils touche les gens profondément, et de manière assez universelle, indépendamment des cultures. Je savoure chaque instant de ce qui arrive, chaque miette. Je suis infiniment reconnaissant d’ores et déjà de l’accueil que reçoit mon livre auprès de différents publics, qu’il s’agisse des lecteurs, des libraires, des blogueurs, des éditeurs étrangers, du monde du cinéma.

C’est une immense chance, j’en suis conscient. Lorsque l’on publie un livre, c’est pour être lu. Alors si mes livres avaient la chance de rencontrer un public large, j’en serais absolument ravi.

Tout ça est tout nouveau pour moi… Merci Yvan pour cette mise en lumière de mon premier roman !



Catégories :Interviews littéraires

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13 réponses

  1. Antonietta – Cannes La Bocca

    Encore un très bel échange ! Ouvrage déjà sur ma très très très longue liste. Mais dis-moi, prends-tu, de temps en temps, le temps de dormir ? Bonne journée Yvan et merci pour toutes ces belles propositions littéraires (et musicales)… 😉🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      oui oui rassure-toi, je dors (mal) ;-). Et puis, aujourd’hui c’est surtout l’auteur qui a (joliment) travaillé

  2. leslecturesdelouiseweb – L'idée est de partager avec vous mes lectures. "La lecture est une amitié" Marcel Proust

    Très intéressant ! Hâte de découvrir cette plume ! Merci pour l’échange !

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Merci Louise ! Tu verras, ça fait du bien

  3. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Je ne connais ni cet auteur, ni son livre. Merci à toi de me le faire découvrir ! 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est pas du noir, c’est de la couleur 😉

      • Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

        Un arc-en-ciel tu veux dire ?

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          voilà. Ce n’est pas dans tes lectures habituelles (pas non plus dans les miennes) mais ça fait du bien les couleurs de temps en temps

  4. Nath - Mes Lectures du Dimanche – Livres, ongles & Rock 'n Roll

    Encore un bel échange !

  5. Très belle interview, j’aime beaucoup le discours de l’auteur, son attitude face aux aléas de la vie, le fait qu’il conserve la tête froide face à l’engouement de son roman. Certes, ce roman n’est pas dans mes lectures habituelles, mais c’est bien parfois de sortir de sa zone de confort; et puis j’aime beaucoup les arc-en-ciel…donc je le note pas pour avril, la Pal est déjà bouclée, mais pour mai. Merci pour ce rendez-vous que j’apprécie toujours autant et pour ce partage

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      tu as bien tout résumé 😉

Rétroliens

  1. La chambre des merveilles – Julien Sandrel – EmOtionS – Blog littéraire et musical

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