Plongée dans une époque
1909, Paris s’éveille. S’éveille à l’avènement de nouvelles techniques révolutionnaires, mais aussi à l’essor de la littérature populaire de masse. On se souvient du nom des assassins est le récit de cette époque, celui d’un écrivain populaire à succès qui devient enquêteur, celui de son condisciple qui est le narrateur de cette histoire, celui d’une investigation incroyable qui réserve des surprises en masse.
Une plongée dans une époque où la littérature populaire gagnait ses lettres de noblesse (oui je sais, c’est contradictoire) et où l’arrivée de nouveaux divertissements permettait de s’évader d’un quotidien particulièrement difficile.
Travail titanesque totalement digéré
Exceptionnel, je l’ai dit et je le répéterai à l’envie. Dominique Maisons a abattu une somme de travail titanesque pour bâtir cette intrigue et l’environnement dans lequel elle se déroule. On sent que l’auteur a effectué nombre de recherches pour rendre le tout crédible. Mais là où beaucoup d’auteurs tombent dans le piège du recopiage de pans entiers d’informations, Dominique Maisons a totalement digéré ses prospections de telle sorte qu’on semble réellement transporté dans les années 1900. Tout sonne juste, vraisemblable, chaque détail est là pour souligner l’atmosphère particulière et l’intrigue admirable qui s’y déroule.
On a réellement l’impression de lire un roman écrit au début du XXème siècle, avec ce dynamisme tout particulier des romans feuilletons. Avec une vraie pointe de modernité aussi, des pics sanglants dans la description des meurtres que l’auteur sème au travers de cette intrigue. Une ambiance à l’ancienne, assez légère, contrebalancée par la violence inouïe des crimes commis et rehaussée par l’écriture sublime de l’auteur.
Galerie de portraits inoubliables
Et il y a cette galerie de portraits inoubliables, de personnages hauts en couleur. Comme cet écrivain fantasque, sorte de dandy aux mille talents, dont l’esprit de déduction file à 100 à l’heure (aussi vite que son automobile). Comme son assistant, le narrateur de service, qui découvre le monde à travers les pérégrinations que lui impose le coquet de service. Deux personnalités qui se complètent, deux démiurges qu’on suit les yeux grands ouverts.
Comme les personnages féminins aussi, touchants et qui sont indispensables à la densité de ce récit. Comme la rencontre également de nombreuses personnalités réelles au détour de l’histoire, de Gaston Leroux à Célestin Hennion qui fut célèbre pour ses Brigades du tigre. Et bien d’autres encore, qui donnent tout son sens à cette histoire…
On se souvient du nom des assassins est un vrai roman policier (pas un polar, le terme serait anachronique) doublé d’un formidable livre d’aventure. Les 500 pages se dégustent sans aucun temps mort, tant l’auteur nous réserve surprises sur surprises.
Aventure et profondeur du propos
Dominique Maisons ne fait pas que preuve de nostalgie, à travers cette aventure. Son propos est profond, sa description d’une période où la séparation de l’Église et de l’État est encore toute fraîche apporte une belle perspective sur nos interrogations contemporaines concernant la laïcité. C’est le cas également lorsqu’il décrit le racisme quotidien dont souffrent les immigrés italiens dans ces années 1900 (le narrateur du récit est lui-même fils d’italiens venus vivre en France).
Suivre cette sorte de Ligue des gentilshommes face au mal, concoctée par Dominique Maisons, est un plaisir de tous les instants, et un bonheur de lecture rare. Le genre de roman singulier face à pléthore de livres qui se ressemblent tant. Je le répète une nouvelle fois, On se souvient du nom des assassins est un roman exceptionnel à plus d’un titre.
Lien vers l’interview réalisée avec Dominique Maisons au sujet de ce roman
Sortie : 13 octobre 2016
Éditeur : La Martinière
Genre : thriller historique
Mon ressenti de lecture :
Profondeur : 9/10
Dimension de l’intrigue : 9/10
Psychologie : 9/10
Qualité de l’écriture : 9/10
Émotions : 8/10
Note générale : 9/10
4° de couverture
Max Rochefort, dandy parisien et feuilletoniste à succès, croise le chemin de Giovanni Riva, jeune employé du journal Le Matin. L’excentrique Rochefort prend le jeune homme à son service dans son atelier d’écriture.
Mais la réalité rattrape les meilleurs scénarios issus de l’imagination de Max: lors d’une soirée mondaine, un cardinal est retrouvé mort, atrocement mutilé dans sa chambre d’hôtel. Sous pression politique, la Sûreté doit désigner un coupable rapidement. Pour sauver une jeune innocente accusée du crime, Max et Giovanni se lancent dans l’enquête… E
ntourés d’une ligue de gentlemen extraordinaires – l’écrivain Gaston Leroux, l’aéronaute Louis Paulhan, le psychologue Alfred Binet et bien d’autres –, ils seront conduits des splendeurs aux bas-fonds du Paris bouillonnant et amoral de 1909.
Catégories :Littérature
Rhoooo je le veux celui-la et je vais même l’avoir ce soir car Dominique dédicace dans une librairie ce soir 😊
Ta chronique fait définitivement très envie !!!
Il a l’air bien…Je note…Encore….;)
Je note aussi et je n’oublie pas de te garder un chien de ma chienne ! 😉
Eh ben dis donc! Les dithyrambes sont pourtant rares chez toi , donc je sais ce qu’il me reste à faire!
Ce livre devrait te plaire Jean-Michel, ça le semble tout à fait ton style de lecture
C’est simple je le veux. Voilà tu as gagné !!!
Merci pour cette fabuleuse chronique, mon ami 😀
Un 9 étant rarissime chez toi, je pense que c’est un incontournable ☺
Oui une denrée rare, donc tu sais ce qu’il te reste à faire
Oui vil tentateur !
Voilà, je l’ai lu. Et tu as raison quelle formidble plongé dans le Paris du début du siècle enfin le XXe ! Un véritable roman feuilleton j’ai adoré § Merci à toi de m’en avoir parlé. Sinon je serais restée avec l’image de Dominique Maison comme talentueux auteur de thriller ! 😉 🙂
ah que tu me fais plaisir ! Ce livre est vraiment magnifique !
Je confirme !