Débuter la lecture de ce roman, juste après les tragédies du 13 novembre 2015, ne pouvait qu’accentuer les émotions ressenties. J’ai même reporté cette lecture, c’est dire…
Réalité et fiction
Les émotions furent fortes et exacerbées, je le confirme. Pas uniquement celles attendues, d’ailleurs. Comment ne pas être touché lorsqu’une fiction parle de l’horreur d’un phénomène de société particulièrement prégnant.
J’ai envie, cependant, de clarifier un point dès le départ : la thématique principale du livre n’est pas Daech ou le djihad. Ces points sont certes centraux, mais Ingrid Desjours raconte avant tout l’histoire de deux personnages et leurs relations tumultueuses.
L’auteure propose donc un thriller, totalement ancré dans la dure réalité, documenté mais jamais donneur de leçon, précis mais jamais pontifiant. C’est une fiction avant tout, une fiction moderne qui utilise le contexte actuel sans tomber dans une quelconque récupération.
Acuité
Oui, Ingrid Desjours place Les fauves au cœur de l’actualité avec une intelligence d’une belle acuité. Sa fiction parle de notre société et de ses dérives, mais pas uniquement celles en lien avec l’intégrisme. Elle y défend également ardemment les femmes et leur indépendance, tout comme elle charge (tête la première) certaines dérives des médias. Elle développe également des thématiques en lien avec le stress post-traumatique et les addictions qui peuvent en découler.
Qui oserait encore dire, à la lecture d’un tel roman, que le thriller ne permet pas de mieux comprendre le monde et d’aider à se poser de bonnes questions ?
Mort ou vivant, vivant et mort
Mais, je me répète, l’écrivain ne perd jamais l’aspect fictionnel de vue pour raconter, avant tout, l’histoire de personnages forts et excessifs (comme elle nous y a habitués déjà par le passé). Elle retrace le parcours de deux écorchés vifs, perclus de douleurs psychologiques et émotionnelles ; des personnages accros à certaines émotions pour tenter de combattre leur mort intérieure, qui chaque jour gagne du terrain.
Je ne connais pas tous les romans de Desjours, mais de ceux que j’ai pu lire, Les Fauves est sans aucun doute le plus maîtrisé. Elle a souvent flirté avec les limites de l’excès dans ces précédents écrits, ce qui a pu déranger certains lecteurs. Ici, à part une scène de sexe un brin outrancière (mais qui se justifie par rapport au récit), l’auteure domine la bête pour mieux la lâcher lorsque c’est nécessaire. L’effet n’en est que plus impactant.
Émotionnellement intense
En tant que lecteur, je trouve qu’elle a même haussé son niveau d’écriture (qui était déjà un de ses points forts). Une plume toujours au service des émotions fortes. Avec comme point d’orgue un final émotionnellement intense, qui vous souffle littéralement.
Abstraction faite de la belle réussite qu’est cette intrigue imprégnée par l’actualité, Ingrid Desjours est vraiment une auteure étonnante en matière d’analyse psychologique. Et ce, que ce soit pour parler de mal-être, ou pour déchaîner un flot puissant d’émotions au point de rendre les scènes d’un réalisme troublant. Un roman concerné et confondant.
Attention donc, Les fauves risque fort de vous dévorer de l’intérieur.
Lien vers mon interview de l’auteure au sujet de ce roman
Sortie : 08 octobre 2015
Éditeur : Robert Laffont
Collection : La bête noire
Genre : Thriller
Notes :
Profondeur : 8/10
Dimension de l’histoire : 8/10
Psychologie : 8/10
Qualité de l’écriture : 8/10
Émotions : 8/10
Note générale : 8/10
4° de couverture
Votre pire prédateur : Celui qui vous aura apprivoisé.
” Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! ” À la tête d’une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l’État islamique, l’ambitieuse Haiko est devenue la cible d’une terrible fatwa. Lorsqu’elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d’Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l’entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ?
Dans cet univers où règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.
Catégories :Littérature
Et bien, j’attendrais un peu pour le lire, mais c’est quasi certain que je ne ferai pas l’impasse sur celui ci!!!!!;)
Tu mets bien en valeur les points positifs de cette lecture!!!!!!!Très envie de me plonger dans cette nouvelle collection qui promet d’être riche en thriller!!!!!;)
Comme Stelphique, j’attendrai un peu pour le lire. Les derniers évènements tragiques du 13 novembre m’ont un peu secoué, comme bon nombre de mes concitoyens… Il est difficile de se “mettre le nez” dans certaines lectures par la suite.
La bise, l’ami…
Excellent roman oui ! Très intelligemment écrit car l’auteur aurait pu tomber dans certains clichés mais elle les évite très bien, j’ai adoré. Les deux personnages centraux sont très forts !
Je l’ai lu juste avant le 13/11, je crois qu’après j’aurais eu du mal… comme l’an dernier, juste avant Charlie, je venais de finir Le festin du serpent de Gilberti avec cette terrible scène d’intro !
oui le timing fait que la lecture est difficile. Pour moi ça ne fait que renforcer l’intérêt de ce roman et tu as raison, les personnages sont forts !
Une bien belle chronique comme toujours qui me donne bien envie de m’y plonger 🙂
Plouf !
Toujours autant envie de le lire en lisant ta chronique. Bon maintenant il faut que je me le procure 😉
C’était mon premier Desjours, quelle claque ! Par contre j’ai du faire un break de 48 heures le we du 13/11… finalement l’envie de connaitre la suite aura été plus forte. Sans regret !
Toute cette collection, la Bête Noire, est top de chez top !
c’est une lecture difficile, mais une lecture utile aussi, tout en restant un magnifique thriller
Je me le réserve pour mes congés…car je sens que j’aurai besoin de le lire d’une traite!!!
oui, te connaissant, tu vas effectivement le lire sans t’arrêter
Effectivement ça colle à l’actualité. ..
J’aime beaucoup Ingrid Des jours. Je trouve qu’elle ose aller là où d’autres n’osent pas.
et avec celui-ci elle va encore plus loin, et avec une belle cohérence. Rien que pour ça, bravo
Encore un de mon cheptel livresque que je n’ai pas encore eu le temps de lire… j’vais m’la faire tatouer, cette phrase là…
Que vois-je ?? “l’auteure domine la bête pour mieux la lâcher” et tu notes ça après avoir parlé d’une scène de sexe ??? Tu me cherchais, là ! 😛
dingue, tu m’as démasqué 😉
J’aime enlever les masques des gens… ;-))
trop trop tentée!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
ce bouquin est étonnant, vraiment !
je vais envoyer un message au père noël…..
Un SMS alors pour qu’il arrive à temps 😉
bon ben il ne l’a pas eu … tant pis
Une chronique très juste ! Bravo ! Je suis tout à fait d’accord. Pourrais-je citer et mettre un lien de mon blog vers cet article ? Ce serait gentil… Merci d’avance !
Avec plaisir ! Merci pour ces mots