1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.
Le concept de cette nouvelle histoire d’Amédée Mallock est vraiment ambitieux. Sans déflorer l’intrigue, d’où t’es venue cette idée ?
Je crois qu’il faut toujours surprendre, les autres et soi-même, ne jamais rester sur le terrain de la dernière enquête. J’aime me faire peur en me lançant de nouveaux défis. Je voulais créer également une nouvelle mythologie, comme je le fais à chaque nouvelle enquête. Je construis souvent cette dimension mythique en développant tous les aspects de la démence du « méchant » jusqu’à réveiller les plus anciennes légendes.
Ici, pour Les larmes de Pancrace, c’est le lieu qui m’a fournit la matière pour nourrir cette dimension : un « vignoble » qu’il m’a fallu parcourir dans l’espace et dans le temps. Une malédiction à travers 7 siècles me semblait un beau pari à relever. Surtout qu’il m’a fallu, là dessus, « tricoter » trois enquêtes principales, les enchevêtrer pour qu’elle s’enrichissent et finissent par s’éclairer. Je vais être honnête : le plan a été un vrai cauchemar !
Tu as délocalisé les nouvelles aventures du commissaire Mallock à Bordeaux et dans ses environs. Tu connais bien la région ou cela a-t-il demandé un vrai travail de repérage ?
Rien d’extraordinaire. La routine, par rapport aux recherches sur le moyen-âge par exemple. Mais, comme d’habitude, tout est parfaitement exact, du nom des rues, aux pages concernant la vinification et l’élevage d’un grand cru. Encore un aspect qui rajoute à l’ambiance et à la crédibilité de l’ensemble. En cinéma, on parle de « Suspension d’incrédulité », un principe que j’applique en soignant la véracité des détails. Pour le choix des plages et vignes du Sud-Ouest, ça m’amusait d’essayer de construire une histoire pleine « de bruits et de fureur », de souffle, de sang et de lyrisme dans un lieu si « normal » et calme que le fond du bassin d’Arcachon, sous le soleil et les parasols.
Ceci dit, Les Larmes de Pancrace ont quelque chose de la « Saga historique » puisque c’est l’histoire de deux grandes familles : « Les Corneille » et les « De Renom ». Une destinée qui s’étale dans le temps, notamment « de nos jours », au « moyen-âge » et dans les années « soixante ». Il m’a fallu, par conséquent, rassembler un sacré « Casting ». Entre nous, cette galerie de personnage m’a d’abord fait un peu peur, mais à fini par me donner beaucoup de plaisir. Ils ont tous quelque chose d’attachant et de marquant, et ce fut un véritable crève-cœur de les abandonner à la fin.
Tu aimes tout particulièrement ancrer tes intrigues contemporaines dans le terreau de l’Histoire (celui-ci en est encore une belle preuve)…
En fait, les deux premières enquêtes du commissaire Amédée Mallock, qui sortent cette année chez Pocket, étaient bien plus… contemporaines. Ici, pour donner une réelle substance à la malédiction, j’ai du carrément plonger dans le moyen-âge, la peste, la fin des templiers, la guerre de cent ans… C’est un travail difficile mais passionnant. On assiste à la construction du château-fort et du vignoble du Vicomte Pancrace d’Armuth, ainsi qu’à l’origine du mal dont sera imprégné cette fameuse parcelle du Corfeu. Encore une fois, c’est toute une mythologie que j’ai créé pour y accueillir la nouvelle enquête de mon commissaire.
Tu revisites également le principe du meurtre en chambre close de manière assez machiavélique…
Obligé ! Je n’allais pas « toucher » à un tel classique sans tout faire pour être à la hauteur de mes célèbres aînés. Ceci dit, ces délicieux enfoirés ayant bien balayé les possibles, il m’a fallu faire preuve de pas mal d’imagination. Surtout que j’avais envie de jouer encore avec le lecteur en ne lui révélant la vérité que par morceaux pour que la souffrance et l’extase soient plus grande encore (rire).
Tu as l’air de prendre un vrai plaisir à nous concocter des joutes verbales assez jubilatoires…
En fait, pour tout te dire, ce n’est pas toujours un plaisir à faire. Je crois que c’est un plaisir à lire, d’après les premiers retours, mais c’est très difficile à écrire. Il faut que ce soit, psychologiquement exact, révélateur du caractère de chacun, sans fausse note. Ça doit être parfois drôle, avec des piques et des éclats de rire, et parfois tragique, bouleversant comme une mise à mort.
On doit vraiment se demander comment ce diable de Mallock va bien pouvoir s’en sortir. Là encore, pas de raccourci, l’énigme doit être parfaitement ficelée jusqu’au dernier boulon. Même si, à mon point de vue, ça ne doit pas dépasser ce point maximal de stress et de tension qui donne au lecteur l’envie de passer les pages pour aller directement au dénouement, simplement pour ne plus souffrir.
En ce qui me concerne, en dehors de certaine descriptions que j’avoue cruelles ou même insoutenables parfois dans certains de mes livres, le chemin doit être aussi agréable que le but du voyage. Je préfère pousser le bon vieux « suspens » dans ses derniers retranchements, défier le lecteur avec des énigmes bien troussées et y adjoindre une sorte de « souffle épique » ! Si quelqu’un doit souffrir, c’est l’écrivain. Et là, croyez-moi, ça a été le cas !
Catégories :Interviews littéraires
J’adooore sa réponse à la 5ème question, rien que ça, ça donne envie !!! ^^
du Mallock tout craché 😉
bon Yvan, je n’ai jamais rien lu de lui, donc pour mon anniversaire la semaine prochaine tu m’envoies tous ses livres? on fait comme ca? AHHHHH t’es un amour !!!! 😉 Comment ça je suis culotté ???? 😉 mouarf ! Mouarf !
Attends, laisse moi réfléchir.. euh ben non 😉
Je sais que tu as mis ce commentaire le jour de la sain Valentin mais faut pas exagérer non plus 😉
je savais que j’aurai du le faire en enfilant une rob et des boucles d’oreilles ! 🙂
J’ai adoré ses précédents. Le tout premier j’ai du le lire à il y presque 15 ans.
J’ai été heureux de le revoir réapparaître quelques années plus tard et surtout de voir qu’il y avait de nouvelle aventures du commissaire Mallock. Alors, tu parles si celui là je vais finir par le dévorer. Et surtout j’aimerai bien rencontrer cette auteur qui ressemble tant à son personnage. 😉
Cette future rencontre (parce qu’elle va arriver) tu t’en souviendra longtemps, tu peux me croire 😉
A la hauteur de son talent ! et à l’image du commissaire 😉 . Bref, que du bonheur en perspective
Mais quel talent notre Amédée ! bel entretien ! et des réponses à tes questions pertinentes d’une grande qualité. Le talent signé Mallock
rien à rajouter ! 😉