C’est l’effet Colize.
Une histoire prenante mais qui ne semble pas, de prime abord, des plus originales. Et puis, une fin qui renverse tout. Qui vous fait reconsidérer l’entièreté du récit, jusqu’à vous pousser à relire quelques passages qui prennent tout leur sens. Une final tout en subtilité qui amène à réfléchir sur ce qui vient d’être lu, mais aussi sur le monde réel.
Le grand tout
Voilà bien un auteur qui ne reste pas à la surface des choses, et qui balaye tout manichéisme. Ses romans noirs ont l’ambition de faire appel à la raison autant qu’aux émotions.
Chaque acte, chaque pensée sont pesés, jusqu’à la révélation du grand tout, sans rien surjouer en route.
L’action se déroule ici sur 5 jours, avec deux parfaits inconnus qui vont se retrouver en « tête à tête » dans une Mercedes, à avaler des kilomètres. Le chauffeur, un militaire tout en droiture, et son énigmatique passagère.
5 actes pour voir leur relation évoluer, inexistante au début, pleine de froideur et crispante ensuite, avant qu’enfin ils ne se parlent.
Bouleversement de fin
Nous sommes en 1973, en pleine guerre froide. Avec la deuxième guerre mondiale qui laisse encore des blessures à vif.
Le titre du roman, Un monde merveilleux, est bien évidemment à prendre au second degré, entre ironie et aigreur.
Les deux protagonistes ne savent rien l’un de l’autre, ne se doutent pas des réelles implications de leur « mission ». Ce huis-clos réaménagé va, au fil des kilomètres, dévoiler une vérité, mais laquelle ? Avec une fin, excellente fin, qui bouleversera les certitudes.
Entre manipulations et douleurs personnelles, le récit dévoile peu à peu ses coulisses. Pour comprendre qu’il est question de bien davantage que du sort de ces deux personnes.
Interludes
L’écrivain belge fait passer ses idées à travers leurs destins personnels et les dures réminiscences de ce conflit mondial.
Avec son style bien à lui, tout en économie de mots, sans jamais en faire trop, il amène peu à peu le lecteur vers des émotions insoupçonnées.
Et, avec des petits textes qui entrecoupent régulièrement l’action, il questionne sur le sens et la place de ces vécus. Des passages très courts, comme des interludes, où sont présentés des personnes illustres et d’illustres inconnus, qui dévoileront toute leurs significations une fois le livre terminé.
Et susciteront une forte envie de les relire ensuite, tant ils résonnent face au monde de l’époque, mais aussi au nôtre. Sur l’humanité tout entière.
Subtilité
L’auteur n’en fait jamais des tonnes, et son sérieux n’empêche pas quelques petites touches d’humour, comme des respirations.
C’est un de ses grands talents, faire passer l’émotion et rappeler l’essentiel, avec une sobriété tout en sincérité.
Un monde merveilleux est une nouvelle réussite d’un auteur à part dans le monde du roman noir, avec une subtilité qui contrebalance les horreurs du monde, et amène vers de vraies sources de réflexions.
Paul Colize est à lire assurément si vous recherchez des romans qui sont un enrichissement.
Yvan Fauth
Date de sortie : 02 juin 2022
Éditeur : Hervé Chopin
Genre : Roman noir
4ème de couverture
Octobre 1973. Dans l’habitacle de la Mercedes 220D intérieur cuir rouge, le premier maréchal des logis Daniel Sabre, géant à la moustache noire impeccablement taillée, masque mal sa nervosité. Parti de Belgique le matin même, il doit rejoindre Lyon avant la nuit. Ses ordres ? Faire tout ce que sa passagère lui demandera, sans poser de questions. Durée de la mission ? Indéterminée.
À l’arrière, une femme à la chevelure flamboyante tente, elle aussi, de dissimuler son impatience. Marlène était une parfaite inconnue pour lui avant ce matin et déjà il ne la supporte plus dans cet habitacle devenu un huis clos.
Durant les prochaines heures, Daniel ne sait à quel point ses certitudes d’homme, de militaire, vont être ébranlées, ni comment cet itinéraire à travers l’Europe et l’Histoire va se confondre avec un voyage intérieur dont chacun sortira changé à jamais.
Paul Colize décrit un face à face tendu et émotionnel, pétri d’humanité dans une unité de temps parfaite. S’appuyant sur les remous de l’Histoire, il rappelle que si nous n’avons pas le pouvoir de changer le passé, il nous appartient d’infléchir le présent.
Catégories :Littérature
Ah, ça a l’air pas mal du tout ! Je prends note. Merci !
Oufti. Comment tu en parles Yvan. Merci à toi. 🙏😘
ahah oufti !
Je dois dire que le sujet ne m’intéresse pas de prime abord, mais tu m’intrigues quand même…
Pfff.. Encore un dont je n’ai rien lu, pourtant pas faute de croiser régulièrement son nom. Le monde littéraire est grand et je suis toute petite…
C’est vrai que la chronique donne envie d’aller voir le livre de plus près.
Ah le grand Paul, c’est vrai qu’il est un de plus brillant auteur que je connaisse, il m’a à chaque fois !