Jessica Moor est une nouvelle venue dans le monde pléthorique du thriller psychologique. Avec son premier roman, elle trouve sa voix, ce qui n’est pas un mince exploit.
Psychologie, surtout
Ceux qui attendent du rythme peuvent passer leur tour, ce n’est pas du tout le genre de la maison Moor. L’autrice joue à la fois sur l’ambiance et sur la thématique, en centrant son histoire sur les personnages.
Un thème dans l’air du temps, la violence faite aux femmes, qu’elle traite en se focalisant sur l’aspect social. Son passé personnel dans ces métiers, rend le tableau juste et vrai.
Dans ce récit les femmes craignent les hommes, elles ne les détestent pas. L’écrivaine dresse le portrait de différentes femmes battues et violentées psychologiquement, de différentes manières, par différentes personnes, de différents rangs dans la société (liens maritaux comme liens de sang).
L’environnement est celui d’une banlieue de Manchester, où la mort d’une membre d’une maison sécurisée pour femmes sème le trouble. Suicide ? Et si oui pourquoi ? Meurtre ? Et dans ce cas, par qui ?
Découpé en deux périodes
La police enquête, principalement avec deux inspecteurs qui ont un mal fou à créer un climat de confiance pour qu’on leur parle. Ce sont des hommes, et surtout ils n’ont pas toujours le tact nécessaire pour échanger avec des femmes meurtries.
C’est le grand intérêt du roman, ces interactions, avec chacun sa manière de voir les choses, parfois bruts dans leurs façons d’interagir. Chacun a son passé, difficile, sa propre construction. Même les femmes du centre ne se font pas confiance entre elles. D’ailleurs, le mot « confiance » semble totalement banni de la partie contemporaine de l’histoire.
Le récit se découpe en effet entre deux périodes, avec le passé de l’une des protagonistes principales qui se dévoile à nous sans fard, au travers d’une manipulation insidieuse à laquelle elle ne sait plus s’extraire.
Sonne juste
Je préfère vraiment le terme de roman psychologique, tant Jessica Moor ne cherche en rien à monter une intrigue à coups de rebondissements. Seul son final est dans la droite ligne d’un thriller.
L’ambiance du reste du livre est tout en nuance de gris, entièrement tournée vers le vécu des personnages. Elle aurait tout de même mérité un peu plus de changements de cadences à mon sens. C’est ce qui m’aura manqué.
Il n’en reste pas moins que c’est bien une enquête dont il s’agit, durant la moitié du roman. Une investigation qui est l’occasion d’entrer dans l’intimité et le mental de ces femmes, et de leurs histoires qui sont toutes personnelles. Mais aussi dans les pensées des enquêteurs, qui n’ont pas toujours la bonne approche pour comprendre.
Voilà donc un récit dur parce que sonnant juste, émouvant et touchant tant les destins de ces femmes résonnent en nous.
La plume de l’autrice est assez particulière, pleine de non-dits, évanescente parfois, déliée, troublante, déstabilisante également.
Les femmes qui craignaient les hommes est un roman psychologique tout en nuances. Sa rudesse tient vraiment à la vraisemblance des vies détruites. Jessica Moor a traité un sujet difficile, qui lui tenait clairement à cœur, avec une vraie humanité.
Yvan Fauth
Date de sortie : 06 mai 2021
Éditeur : Belfond
Genre : Thriller psychologique
4° de couverture
La banlieue de Manchester abrite une maison pas comme les autres : une résidence sécurisée réservée aux femmes. Ici, elles sont nombreuses à vivre loin de ceux qui ont fait de leur quotidien un cauchemar. Alors, quand le corps de Katie, leur conseillère et amie dévouée, est retrouvé dans la rivière et que l’inspecteur Whitworth entreprend de les interroger, leur réflexe est de se cacher, de se taire.
Pourtant, elles vont devoir parler. Si elles ne le font pas, la police classera l’affaire en suicide. Comment ces femmes terrorisées pourront-elles jamais se confier à un homme ? Et comment livrer ce qu’elles savent sans risquer de faire tomber l’une d’entre elles ? Car chacune détient une pièce de ce puzzle macabre, et révéler la clé du secret pourrait mettre à l’épreuve leur solidarité, ce dernier lien qui les protège dans une société qui semble les avoir oubliées…
Que vaut la vie d’une femme ?
Catégories :Littérature
C’est toujours un thème casse-gueule je trouve. Il faut trouver le bon ton, et la bonne approche. J’ai l’impression que c’est le cas ici.
Pas aimé du tout ! Je me suis ennuyéeeeeee
ça passe ou ça casse, le rythme est lent, faut aimer ça. Moi j’ai aimé les personnages
Je note…