UnPur, contraction de deux mots, constriction de deux univers, de la blanche qui fait du noir.
Tout commence par l’enfance
Isabelle Desesquelles est une poétesse de l’âme, une défricheuse de la psychologie humaine. Sa personnalité d’écriture est un voyage au plus profond de la psyché. Sa plume atypique, capable d’envolées lyriques formidables comme de passages crus, est un régal.
Mais pour la mettre parfaitement en valeur, il faut une bonne histoire. Noire, de préférence. Celle-ci est d’une intensité folle, un concentré d’émotions et de tensions.
Tout commence par l’enfance, comme dans son précédent roman Je voudrais que la nuit me prenne. Fusionnelle. Mais déchirée. C’est encore plus saillant quand il est question de jumeaux et d’une mère au caractère marqué.
Le cours d’une vie tracée qui part dans le décor, avec l’un des enfants qui disparaît de la scène publique. Qui va devenir le point central de cette histoire d’une vie, ou presque.
Noir !
L’écrivaine est une conteuse étonnante, qui joue avec la langue autant qu’avec les émotions. Jeux de mots, jeux de maux. Avec l’indicible au cœur.
Quarante ans d’errances, de traumatismes, où l’enfance gâchée reste omniprésente.
Ce n’est pas la première fois qu’Isabelle Desesquelles parle d’une lumière qui vacille. Mais cette fois-ci, elle peine à ne pas s’éteindre. Un roman de littérature blanche donc, et pourtant sans doute l’un des plus sombres que j’ai pu lire depuis longtemps, et je ne suis pas le perdreau de l’année en matière de lectures de romans noirs.
J’insiste sur le propos ténébreux, avec une histoire formidable, prenante et surprenante. Jusqu’à la fin magistrale. Mais ce livre est illuminé par les mots de l’auteure. Pas si facile d’accès de prime abord, une écriture à apprivoiser pour ensuite en être subjugué.
Écriture ensorcelante
Le vice. Qui vous tord les viscères. Appuyé par une plume viscérale.
Qui devient-on quand on côtoie un monstre et qu’on se (dé)construit à côté de lui ? Qui est on quand les fondements mêmes de l’humanité sont mis au placard ?
Le roman interpelle, choque, questionne. L’histoire prend aux tripes parce qu’on entre dans l’intime et profondément en empathie avec le héros malheureux de l’affaire. Et la manière de la raconter ensorcelle littéralement.
UnPur, tout est dans ce joli titre, mais pourtant rien ne vous prépare à ce que vous allez ressentir. Isabelle Desesquelles, jongleuse, joue avec les mots autant qu’avec les émotions. Elle trouve l’équilibre entre une grande noirceur et la beauté de son écriture singulière. Une alchimie rare.
Lien vers l’interview d’Isabelle Desesquelles au sujet de ce roman
Yvan Fauth
Date de sortie : 22 août 2019
Éditeur : Belfond
Genre : Roman (noir)
4° de couverture
Garder ce qui disparaît, c’est l’œuvre d’une vie. C’est notre enfance.
Benjaminquejetaime et Julienquejetaime, c’est ainsi que leur mère les appelle. Tous les trois forment une famille tournesol aux visages orientés vers le bonheur. Le destin en décide autrement quand un inconnu pose les yeux sur les jumeaux, se demandant lequel il va choisir.
Quarante ans plus tard s’ouvre le procès du ravisseur, il n’est pas sur le banc des accusés, et c’est sa victime que l’on juge.
Quand l’enfance nous est arrachée, quel humain cela fait-il de nous ?
De l’Italie – Bari et Venise – au Yucatán et ses rites maya ancestraux se déploie ici l’histoire d’un être dont on ne saura jusqu’au bout s’il a commis l’impardonnable.
À sa manière frontale et poétique, Isabelle Desesquelles joue avec la frontière mouvante entre la fiction et le réel, et éclaire l’indicible. Roman de l’inavouable, UnPur bouscule, envoûte et tire le fil de ce que l’on redoute le plus.
Catégories :Littérature
Tes mots m’ont émue, on touche du bout des doigts l’émotion qui t’as traversée dans cette lecture, gage pour moi que c’est un roman qu’il me faut lire. Peut-être pas tout de suite,quand je serais prête, mais je note, ça oui! Merci Yvan de nous offrir de si jolies Emotions
Je me suis lancé sans réelle conviction, j’ai refermé le bouquin sur le cul !
Et ça ne fait pas trop mal?😉
Oh qui si, c’est un bouquin qui fait mal aux tripes 🙂
si mais ça veut la peine, ce n’est pas gratuit
Comme je me réjouis de découvrir ce roman dont tous les lecteurs, toi le premier, parlent si bien et avec une telle émotion…à suivre!
Il faut vraiment le lire oui, c’est un livre qu’on n’oublie pas
Je l’avais repéré, mais j’avais peur que ce ne soit trop noir, trop glauque, trop violent, trop horrible… Bon, en un mot, peur que mon petit coeur ne résiste pas….
Là, j’ai bien envie de le lire !!
Oh si il faut y aller, tu sais que moi il me faut toujours un brin de lumière. Là elle vient de l’écriture
Tu veux qu’on t’offre une lampe torche pour ta Nowel, si tu veux un brin de lumière ??? 😆
Je reconnais bien là ton esprit pratique !
Toujours !
Je viens de le terminer, lu en deux jours. J’ai eu peur aussi. J’ai foncé, et je ne le regrette pas. L’auteure a le génie des mots, des situations, sans tomber dans le crû des mots que je pourrais utiliser en racontant l’inceste. Je n’ai rien ressenti de pareil @belette2911
Il réside dans ce livre à côté de ce noir, tant de poésie, une femme géniale dans l’écriture.
tes mots pourraient être les miens, Brindille33
Je te remercie Yvan. 🙂
Elle évite le cru, je suis d’accord, elle le fait bien… Malgré tout, j’ai trouvé que la narration était froide et je n’ai pas eu les émotions que j’attendais. Le livre et moi n’étions pas fait pour nous rencontrer, ou alors, à un autre moment…
Mais je suis contente que tu aies ressenti ce que j’ai loupé ! J’aurais aimé qu’il en fusse de même pour moi.
Tout cela est également personnel et comme tu l’écris du moment ou pas. 😎 Je comprends très bien. 😊🙃
Mais ça me fait râler quand pareille chose m’arrive ! Quant tout le monde a adoré le livre et moi je suis passée royalement à côté ! :/
Tu sais, tout le monde a adoré le livre de Dan Brown, le premier. J’ai détesté brrkkk !!!! 😆 T’en fait pas la miss belette, avec le pelage d’hiver, une tasse de thé et de grosses chaussettes cocooning, qui sait, si la curiosité ne sera pas plus grande ? Bises. 😉
J’avais aimé le da vinci code que j’avais lu après tout le monde, en 2004 je pense. Je ne voulais plus le lâcher ! 😆 Il a des défauts mais il était addictif.
J’ai ma pelisse d’hiver, des chaussettes cocooning et du café chand, je suis parée !
Merci Yvan pour ta belle chronique ! Aussi violent que puisse être le thème, je suis très tentée! Ce livre fait beaucoup parler de lui !
Il le mérite !
Belle chronique! Malheureusement je suis un peu passée à côté de cette lecture. Je n’ai pas ressenti grand chose. Le style m’a gênée au départ. Ensuite, je crois n’avoir pas su cerner le personnage UnPur ( un titre évocateur). Sûrement parce que c’est le cinquantenaire qui raconte. Ensuite, je trouve la fin un peu rapide et expédiée.
Mais je sais que plusieurs personnes ont aimé.
l’écriture est très spéciale, il faut adhérer, tout le monde n’y sera pas sensible, je peux comprendre. mais pour moi c’est effectivement un bijou (et j’ai aimé la fin)
Je l’ai lu et j’ai trouvé ce livre d’une puissance d’évocation rare. Le style d’écriture est admirable. Belle chronique Yvan.
Je crois que ce livre va être un de ceux dont on va parler lors de cette rentrée littéraire.
A suivre donc …
oh oui, il fait parler de lui !
Oui beaucoup de retours positifs
Lu et pas tout à fait approuvé… J’ai aimé la fin, assez abrupte, violente, qui laisse des interrogations, mais à un moment du récit, j’ai un peu perdu pied, la faute à la narration qui ne m’a pas happée.
Par contre, j’ai aimé les métaphores du fusil car l’auteure a su décrire l’horriblement glauque avec des mots “simples” et des images plus que parlantes.
Mitigée je suis… :/
Bonsoir Yvan,
Je viens à l’instant de lire la fin de ce livre, lu en deux jours. Je craignais le sujet. Pour une fois, j’avais lu les commentaires. Je ne connais pas l’auteure. Et je dois dire que le début des extravagances de maman et de ses jumeaux m’ont quelque peu fait sourire avant l’enlèvement. Tout la partie de cette vie dans la maison de personnage pédophile sera écrit avec un talent incroyable jusqu’à y mettre de la poésie dans certains extraits, ultime refuge pour l’enfant qui subit. (J’ai pu comprendre ayant connu l’inceste jusqu’à mon adolescence). Je ne souhaitais pas lire une ixième histoire relatant de ce sujet avec des mots crus. Pas envie. J’ai tout de même pris le récit, et me suis laissée envoûter par l’écriture, le talent de l’auteure. Mince, comment fait-elle pour écrire cette histoire avec autant de réalisme, tout en ne tombant pas dans les pièges de la facilité d’appeler un chat, un chat. Elle utilise des mots compréhensibles pour moi, des métaphores, elle contourne le sujet tout en utilisant les mots, les phrases de la littérature à bon escient et je me répète avec tellement de talent. J’ai suivi ce portrait, les ressentis de ce petit garçon qui grandira chez ce couple jusqu’à prendre part aux enlèvements. La fin nous racontera pourquoi. Et là elle frappe fort.
Elle plonge avec art dans la psychologie profonde, intime, de ce qui existe lorsque l’envie de s’enfuir se concrétise. A partir de cet instant, un long chapitre se déroulera où cet enfant totalement déstructuré essaiera d’apprendre à se connaître, à ne pas tomber dans les travers de ses propres démons. Et oui il reste des traces dans cet être d’avoir subi les assauts de ce pédophile. Comment ne pas le comprendre, ainsi que ce combat. Y a t-il schizophrénie de sa part, ceci abordé pendant le procès ? Je préfère garder en moi, le côté merveilleux dans lequel il va peut-être se réfugier. Une forme de naissance qui lui donnera le courage pendant de longues années de suivre son chemin, avec ce côté impur qui est cette culpabilité découverte à la fin du livre et oh combien cruelle ! Je laisse la découverte de la fin, qui m’a tordu les boyaux pour cet homme et son jumeau.
Bonnes fêtes de fin d’année. Geneviève.
Tu as raison, il y a de la magie dans l’écriture de l’auteure, pour ainsi parler de ce sujet difficile et casse-gueule sans jamais tomber dans le voyeurisme. Ce qu’elle nous fait interpréter et comprendre derrière ses superbes mots, est encore plus difficile… Merci pour les tiens… Bonne fin d’année, Geneviève