Les Nouvelles Aventures du fakir au pays d’Ikea – Romain Puértolas

Le retour du fakir, 5 ans après. Il a eu le temps de s’embourgeoiser et de s’empâter, maintenant qu’il est intégré dans la société française. A le voir ainsi, ça pique. Mais chassez le naturel, il revient au picot.

Méandres de l’imagination

Romain Puértolas le dit lui-même, il n’avait pas immédiatement pensé à écrire une suite aux pérégrinations loufoques de son thaumaturge de pacotilles. Le succès expliquerait ce second roman ? L’auteur explique au contraire que l’histoire lui est venue d’un coup lors d’un voyage en train (les méandres de l’imagination sont insondables).

Bien lui en a pris ! Cette réplique du séisme livresque initial est emballante (en utilisant ce mot, j’ai l’image qui me vient de son yogi se contorsionnant pour s’extirper d’un immense paquet cadeau bien ficelé. Les méandres de l’imagination…).

Puértolas n’a pas utilisé un vulgaire photocopieur pour ce second épisode. Loin d’être un simple clone, il est maîtrisé (pas mal de romans ont été écrits entre temps), toujours drôle, mais aussi paradoxalement plus sombre.

Non au politiquement correct !

Car, clairement, l’écrivain n’aime pas le politiquement correct. Il se moque de tout et de tout le monde (jamais méchamment), tout en utilisant le burlesque pour parler de certains travers de porcs (je parle des gens malsains, pas des cochons).

On sourit, on se bidonne, on écarquille parfois les yeux de surprise. Bref, on passe un joli moment de pur divertissement, qui au passage égratigne. On peut faire léger, même avec des sujets qui valent leur pesant de cacahuètes (ou de clous, je ne sais pas ce qui pèse le plus lourd).

Justement, moi je ne le trouve jamais lourd, ce Romain Puértolas. Il faut aimer l’humour délirant, la blague à deux balles comme les jeux de mots improbables. Si c’est votre cas, voilà bien un auteur unique en son genre qui devrait vous sustenter de ses facéties.

La Suède, l’autre pays du clou

Il faut dire que cette fois-ci, l’idée est poussée jusqu’au bout puisque le fakir va se retrouver au pays d’Ikea, habillé de ses plus beaux atours (voir le dessin de son pull sur la couverture). Pique et pique et colegram, voilà des péripéties impossibles à anticiper.

Romain Puértolas a vraiment bien fait de ne pas mettre son héros au clou et Les nouvelles aventures du fakir au pays d’Ikea, toujours aussi drôles, ne nous donne qu’une envie : le retrouver pour un tome qui clôturera la trilogie (et à la vue de la fin de celui-ci, il s’annonce carabiné).

Lien vers l’interview de Romain Puértolas au sujet de ce roman

Sortie : 02 mai 2018

Éditeur : Le Dilettante

Genre : Humour

Ce que j’ai particulièrement aimé :

L’humour si personnel de l’auteur

Les sujets traités (mine de rien, ce n’est pas qu’une grosse blague)

La manière de renouveler les aventures du fakir

4° de couverture

Rappelez-vous l’épisode précédent : L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea ; soit Ajatashatru Lavash Patel, qu’on expectorera selon les goûts et la virtuosité phonique achète-une-truelle ou jette-un-tas-de-choux, as de l’arnaque fakirique en tout sens et madré épateur de gogos. Après un soubresautant tour du monde emboîté dans une armoire Ikea qui l’avait vu, par avion ou par cargo, transbahuté d’Angleterre en Espagne et de Paris à Tripoli, nous avions laissé l’homme coulant les plus doux des jours avec Marie Rivière, la dame de son cœur et écoulant par palettes entières le récit de sa déménageante saga. Les gens heureux étant privés d’histoires et comme d’urgence il nous en faut une, voilà. Alors que notre héros macère dans l’aisance avec la volupté d’un cornichon dans la saumure et se confit dans le plus gras bien-être, son éditeur retoque son second opus, lisse à l’excès et bien bouffi de consensualité. Pour la faire brève, notre fakir est devenu mou du clou, glabre du sabre et son tapis de braises vire à la moquette haute laine. Réagissez, mon bon ! Et notre Patel de repartir à la reconquête de soi. Cap sur la Suède pour rencontrer Dieu lui-même, l’Allah de la clé Allen, le maître d’Ikea, et se fournir en Kisifrøtsipik, la Rolls du tapis à clous. Par chance, dès l’aéroport, les choses vont mal : emporté dans une louche affaire de diamants, confronté au  baron Shrinkshrankshrunk, patron de Nespressé et roi de la dosette corsée, au professeur Ronaldo, gemmologue brésilien, sauvé de la mort par une édition polonaise d’Autant en emporte le vent, il se retrouve cloué dans une commode et largué en pleine Baltique, d’où il sera sauvé pour coulisser dans la confraternité d’un cirque belge et apporter une assistance magique à des réfugiés syriens. Tout cela entrecoupé de souvenirs d’enfance marqués par la férule et la duplicité de son maître et initiateur Baba Ohrom. Alors, on avale sa boussole, on ravale sa carte et on mise à l’aveugle. Avec la seconde aventure de son fakir, Romain Puértolas, en digne fils de Verne et parfait gendre d’Alexandre Dumas, réaffirme cette vérité d’évidence : le monde n’est qu’une commode Ikea, assemblée par un fakir, pleine de fausses portes et de doubles fonds, et que l’on assemblera jamais !



Catégories :Littérature

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8 réponses

  1. Sev – lectrice avide, dévoreuse de dramas, gourmande qui s'essaie à la cuisine, jardinière en herbe.

    J’avais adoré le 1er opus, mais effectivement ce genre d’humour n’est pas du gout de tous. Moi ça me bidonne :p Hâte de lire ce volume 2!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est tout à fait mon genre d’humour 😉

      • Sev – lectrice avide, dévoreuse de dramas, gourmande qui s'essaie à la cuisine, jardinière en herbe.

        D’après les critiques que j’ai lues, la traduction en anglais n’a pas vraiment « pris la sauce ». je pense que notre humour français est assez spécial. Il faut comprendre la psyché française avant de s’aventurer à lire ce livre. Mes blagues (pourtant très drôles auprès de français) tombent à plat quand je les raconte en anglais. Personne ne comprend pourquoi c’est drôle, parce que le filtre culturel est différent.

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          oui, je ne suis pas étonné ! ça doit être infernal de traduire ce genre de romans, il faut tomber sur la perle rare des traducteurs pour arriver à « géolocaliser » l’humour sans dénaturer le texte

  2. Lord Arsenik – Noumea - Nelle-Calédonie

    Je retrouverai le fakir avec plaisir. J’ai été surpris de découvrir cette suite au hasard de mes pérégrinations webesques…

  3. Je n’ai pas lu le premier opus pour lequel j’avais lu des avis partagés, ce qui m’avait dissuadée de le lire, surtout par manque de temps; je sais que ce n’est pas une bonne excuse, mais tellement de sollicitations…J’avoue que le façon dont tu parles de ce second tome me donnerait (presque) envie de les lire tous les deux. A vois pendant les vacances d’été quand j’aurai un peu diminué ma PAL ( on peut toujours rêver !!!)

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      il faut aimer ce genre d’humour, moi j’adore. Une PAL ne diminue jamais, mais va savoir 😉

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