Lors des Quais du Polar, salon du polar de Lyon qui s’est déroulé les 01, 02 et 03 avril 2016, une table ronde a été organisée sur le thème : Du polar à la fiction radio : contraintes et délices de l’écriture.
J’ai souhaité faire un focus sur cette conférence qui réunissait Les auteurs Ingrid Desjours, Sandrine Collette, Franck Thilliez, ainsi que Blandine Masson, directrice de la Fiction à France Culture et Sophie-Aude Picon, réalisatrice. Sophie Loubière, qui animait la rencontre en sa qualité d’administratrice Radio de la SACD, est à l’initiative de ce beau projet.
Pour rappel, la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) est en charge de la défense et de la gestion des droits d’auteurs pour tout ce qui concerne le spectacle vivant (théâtre, arts du cirques, danse) et l’audiovisuel (radio, cinéma, TV, Web). Elle organise aussi des actions culturelles en direction des auteurs pour favoriser et soutenir la création dans tous les répertoires, et finance chaque année de nombreux appels à projets, fonds de soutiens, festivals, etc.
Cette conférence passionnante aura été, pour moi, l’occasion de découvrir un pan entier de l’univers du polar que je ne connaissais pas ! La transposition à la radio de textes d’auteurs de romans noirs mérite pourtant qu’on s’y attarde grandement, j’en ressors convaincu.
Franck Thilliez a parlé de sa nouvelle, Hostiles, parue initialement dans Les petits polar du Monde et qui avait été adaptée pour la radio par France Culture. Cette adaptation a remporté le prix Italia 2014, prestigieux prix international. La mise en onde avait été confiée au regretté et talentueux réalisateur François Christophe.
Franck Thilliez a expliqué combien il avait adoré cette expérience, au point de ressentir à l’écoute de l’adaptation des émotions et des frissons qu’il n’avait jamais ressentis avant, même au cinéma. Et pourtant, Franck Thilliez est, à la base, un enfant de l’image et a écrit nombre de scénarios pour la télévision.
On le sait tous, nous lecteurs, nous nous faisons notre propre film sonore lorsqu’on lit un roman. L’intérêt de l’adaptation ou de la création d’un texte original pour la radio et de proposer une « vision » auditive d’un texte, tout en laissant une large part à l’imagination. Et puis, avec la radio, aucune contrainte de budget.
Pour cette commande de polars radiophoniques, six textes inédits ont été commandés à six auteurs femmes de talent : Sandrine Colette, Ingrid Desjours, Sylvie Granotier, Elsa Marpeau, Dominique Sylvain et Danielle Thiéry. Des textes confiés à trois réalisatrices par Blandine Masson, une manière de s’écarter de ce milieu encore très masculin du polar, alors qu’il existe tant d’auteures aux univers et caractères bien trempés dans l’encre du « noir » (je suis, à titre personnel, convaincu de cela depuis longtemps).
D’une durée de 28 minutes 30, quatre des six fictions ont pu être écoutées sur place durant les Quais du Polar.
Le moment fort de la table ronde aura été d’assister à la découverte de Sandrine Colette et Ingrid Desjours de la mise en onde de leurs textes en direct, soit les premières minutes de leurs fictions respectives. Voir leurs visages tantôt surpris, tantôt émus, et leurs sourires en découvrant les voix des acteurs et l’environnement sonore était fantastique.
Les participants ont insisté sur le fait que l’écriture pour la radio est différente, puisqu’il faut intégrer le fait qu’on peut faire passer des émotions à travers des bruitages, de la musique, l’utilisation de la stéréo et le talent des comédiens.
Blandine Masson a insisté sur le fait qu’il n’était pas aisé de réaliser de la fiction de qualité dans le cadre d’un polar, d’où l’importance de la qualité des auteurs et des différents intervenants de la chaîne. Une histoire de liens et de rencontres, souvent.
Une histoire noire à la radio, c’est une intrigue resserrée et des indices sonores clairs (pas la peine de dire qu’on vient de monter dans une barque, les bruitages suffisent). La musique est souvent très présente.
Sophie-Aude Picon a expliqué que, même si le contact entre l’auteur et le réalisateur peut être un avantage, c’est bien au cas par cas que cela se gère. Le contact n’est pas indispensable, le réalisateur ayant lui aussi sa « petite musique » dans la tête.
Les fictions radios sont une belle manière de mettre en avant une histoire noire. Preuve en est la mise en onde primée du texte de Franck Thilliez ou l’adaptation de Millénium pour France Culture (sans aucun narrateur, juste avec des dialogues et des bruitages !).
Ingrid Desjours a expliqué qu’elle avait déjà une expérience d’écriture de scénarios pour la TV, mais que le travail pour la radio était réellement différent. Elle a pris beaucoup de plaisir à imaginer de nombreux dialogues ainsi qu’une voix intérieure, à l’opposé d’autres adaptations qui utilisent surtout la voix d’un narrateur. Son histoire se déroule en temps réel.
Sandrine Collette a raconté qu’on lui avait passé commande en lui demandant de ne pas être trop littéraire. « Comment ça, ne pas être trop littéraire ? », a t-elle demandé, vaguement inquiète. En effet, ses romans comportent très peu de dialogues et cet exercice lui a donc demandé une vraie acclimatation. Elle s’est questionnée sur la gestion du silence en radio et si elle allait encore reconnaître son texte au final.
Lors de la conférence, nous avons également pu écouter les premières minutes de la fiction d’Elsa Marpeau, qui est la première à être diffusée le 02 avril (je suis entré dans l’atmosphère de l’histoire en deux secondes, il faut dire qu’elle débute avec les notes de Nothing Else Matters de Metallica).
Au final, cette table ronde fut une magnifique vitrine pour ces adaptations radios et je ne peux sincèrement que vous conseiller de tenter l’aventure.
02 avril : Dominique Sylvain et Elsa Marpeau
09 avril : Ingrid Desjours et Sandrine Colette
16 avril : Sylvie Granotier et Danielle Thiéry
Elles peuvent être écoutées en replay sur le site de France Culture (tout comme celle de Franck Thilliez) :
Liens vers les fictions de Dominique Sylvain et Elsa Marpeau
Lien vers la fiction de Franck Thilliez
Et pour en savoir plus sur la SACD et les différentes bourses à l’écriture :
Catégories :Littérature
Un grand moment de raté à ce que je vois! 😉 mais merci de nous le retransmettre ici!!!;)
c’est la seule conférence que j’ai réussi à faire en trois jours… le temps n’a pas la même teneur à Lyon
J’ai eu l’impression de traverser une galaxie, à Lyon, un autre espace temps….mdr
C’est exactement ça, un monde parallèle
😉
Superbe travail de ta part, comme si j’y étais, je trouve généreux de partager ce genre d’articles alors Merci.
Je suis une adepte des adaptations de livres en version audio, et je connaissais les versions proposées par france culture sans jamais prendre le temps de les apprécier vraiment, d’ailleurs je me demandais souvent oú résidait la différence! ton article m’éclaire et m’incite à goûter cette expérience, je vais suivre tes liens…
tu me diras si tu as apprécié l’expérience 😉
C’est tout bonnement passionnant et cela fait écho au mega succès aux US de “Serial” un thriller en podcast. Ce serait bien si ça cartonnait ici aussi
oui c’est super intéressant, les auteurs étaient très enthousiastes !
Ça ne me surprend pas 😊
Merci pour ce retour. J’ai eu le temps d’en faire une pendant ma journée. Je pense en prévoir plus l’année prochaine.
Merci pour ce compte rendu et cette nouvelle expérience. Je vais m’empresser d’écouter toutes ces fictions. J’ai un voyage de 7 heures en vue demain, ce serait un rêve de pouvoir les entendre en chemin…
ça fait plaisir, pour moi aussi c’est une intéressante découverte 😉
Oh merci mon ami pour ce beau compte rendu très intéressant voire passionnant 😉
J’ai déjà écouter les deux premiers textes d’Elsa et de Dominique.
J’ai énormément apprécier leurs univers.
J’écoute souvent des livre enregistrés, des polars lus. Mais là la pièce est différentes, c’est beaucoup plus vivants et pêchu ! 🙂
j’ai découvert un truc là, moi ! je vais déguster tranquillement 😉
Mais tu fais bien ! 😉 🙂
Extra !! 😛