Avec ce Festin des fauves, Dominique Maisons a construit un roman qui va marquer les esprits. Comment faire sortir un polar du lot ? L’auteur détient les plans pour construire pas à pas une intrigue dense et immersive.
Fondations et ramifications
La recette : travailler avec méthode, édifier sa bâtisse sur de solides fondations, ancrer son intrigue sur des bases anciennes tout en l’architecturant de manière très moderne, écrire avec précision et minutie.
Le résultat : un polar touffu (plus de 500 pages), dont les ramifications sont légion, mais qui jamais ne font branler sa structure. Impressionnant.
L’édifice est complexe, loin de certaines intrigues qui simplifient à outrance le propos. Dominique Maisons est un maçon de grand talent qui a bâti un scénario hyper réaliste, ultra documenté, archi prenant.
Realpolitik du divertissement
En grand ordonnateur, il s’appuie sur les dérives de ces 0,1 % de personnes qui dirigent le monde à travers tous les excès. Fric, débauche, barbouzeries, malversations… L’écrivain fait de la realpolitik dans le cadre d’un vrai divertissement.
Divertissant, à l’image de son grand « méchant », sorte de redresseur de torts ; fantôme derrière lequel vont courir tous les flics de la sécurité intérieure et tout l’appareil de l’état. Tout le livre se place du côté de l’enquête, officielle ou non (et là on ne rigole plus), en laissant le « vilain » Judex dans l’ombre, évanescent. C’est une des riches idées et une des grandes réussites du roman.
Agape païenne
Intrigue complexe donc, mais dans laquelle Maisons se sent comme chez lui et nous, lecteurs, très vite concernés. Avec un talent étonnant, il édifie un roman édifiant, dénonciateur, sur les dessous de notre monde actuel, en allant loin. Très loin, à l’image de certaines scènes (dont le final) d’une violence inouïe. Le festin des fauves, sorte d’agape iconoclaste, de bamboche païenne, où font ripaille ceux qui se prennent pour les maîtres du monde.
Brutal, cruel, féroce, ce festin barbare montre à quel point on peut perdre toute humanité au principe de la recherche du pouvoir.
Minutieuse écriture
Touche finale pour rendre cette histoire crédible : l’écriture. Une plume d’un réalisme étonnant, minutieuse. Dominique Maisons est un pointilleux, écrit de manière rigoureuse, et surtout avec un langage particulièrement riche et fouillé. Allez, pour chercher la petite bête, il m’aura juste manqué un poil d’émotions dans ce bestiaire.
Le festin des fauves est donc un rendez-vous à ne pas rater. Une bringue que vous n’êtes pas prêt d’oublier, jubilatoire, par la grâce du talent de bâtisseur d’un Dominique Maisons habité par son histoire. L’auteur s’est clairement fait une place de choix dans le monde du polar/thriller/roman noir actuel. Nul doute que l’on devrait retrouver cet univers stupéfiant par la suite, et ne pas se retrouver devant maison close.
Lien vers l’interview réalisée avec Dominique Maisons
Sortie : 05 novembre 2015
Éditeur : La Martinière
Genre : Polar / thriller
Notes :
Profondeur : 9/10
Dimension de l’histoire : 9/10
Psychologie : 8/10
Qualité de l’écriture : 9/10
Émotions : 7/10
Note générale : 8,5/10
4° de couverture
A Neuilly, un notable corrompu donne une somptueuse soirée libertine. Les hommes portent des masques de prédateurs : hyènes, lions, chacals… Les femmes sont les proies : gazelles, antilopes ou biches. Mais au moment du discours qui doit lancer la fête, l’hôte s’écroule, dans un jaillissement de sang. Un poison lui a fait exploser tous les organes.
Quelques jours auparavant, la victime avait reçu une lettre de menaces, signée d’un curieux nom : Judex. Que vient faire dans cette affaire le justicier en cape noire du feuilleton de Louis Feuillade et Arthur Bernède ? Et cette dénommée Lucy, maîtresse SM, qui n’a de cesse de retrouver sa compagne disparue, Roxana ? Et ces trois frères brésiliens qui sèment la mort pour récupérer d’étranges urnes funéraires ?
Quand un nouveau grand ponte succombe aux avertissements de Judex, c’est tout l’appareil étatique et policier qui se retrouve en danger. Le Commandant Rossi sait qu’il sera le fusible, le premier à être sacrifié si tout dégénère. Pour sauver sa peau, il doit remonter la piste de Judex jusqu’aux plus hautes sphères.
Catégories :Littérature
Et bien, aussi bien vanté, aussi bien écrit, moi je me le note direct!!!!!;)
Bravo pour cette inspiration!!!!!Une chronique intense!!!!!
C’est gentil, le livre m’a inspiré 😉
Quand on se nomme Maisons, normal qu’on bâtisse, qu’on joue avec des briques, qu’on soit architecte… mdr
Par contre, je pense que ton “é” est resté dans le clavier lorsque tu notes “jamais ne font branler”… sauf si le roman est porno et dans ce cas, on parlera de “branler” mais ici, ne serait-ce pas “ébranler” ?? Ou alors, tu me cherchais ! PTDR 😆
Je nooooote !
Je sais que tu viendras chercher la petite bête, faut bien que je te fasse quelques cadeaux personnalisés 😉
C’est gentil, ça !! Des phrases dans les chroniques rien que pour moi ! 😛
Mon cher Yvan, le menu tel que tu me le présentes m’ouvre l’appétit et me donne une furieuse envie de me joindre à ces agapes.
Je prends note… 🙂
Attention tu risques de te salir avec cette histoire, faut venir avec une bavette ;-).
Oui ce roman pourrait bien te plaire
Quelle magnifique chronique !!! C’est une de mes préférées 🙂
Je me note et me surnote ce livre.
Signé Judex !
c’est toi Judex ?? ça ne m’étonne pas, tiens ! 😉
Oui je me suis bien amusé à la construire cette chronique 😉
Chuuuut ou je devrais t’éliminer 😉
Ca se voit et c’est ca qui est bon 😉
Dis donc tu es en verbe dans cette chronique mon ami !
Quand tu es inspiré comme ça, impossible de résister 🙂
Oh trop hâte de le dévorer ce petit hihihihi
Il est consistant ce petit, hein 😉
Un polar aux éditions La Martinière…ça ne pouvait être très bon ! 🙂