interview littéraire 2014 – Jo Walton

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Joe Walton n’en est pas à son premier roman avec Morwenna qui est édité par l’excellente collection Lunes d’encre de Denoël. C’est cependant celui de la consécration dans le domaine de l’imaginaire.

Le roman s’est vu attribuer le prix Hugo du meilleur roman 2012, le prix Nebula du meilleur roman 2011 et le prix British Fantasy du meilleur roman 2012. Juste incroyable !

Et ce roman mérite, en effet, toute l’attention des lecteurs. De tous les lecteurs, pas seulement ceux qui aiment la SF ou la Fantasy, car c’est un magnifique roman à la croisée des chemins.

Tentez ce voyage, je vous le conseille vivement. Voici une interview de l’auteure pour vous convaincre définitivement.

Ma chronique du roman

Merci à mon pote Le lecteur de l’ombre pour avoir réalisé la traduction (suivez ce lien pour allez visiter son blog littéraire).

Question rituelle pour démarrer mes interviews, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?

Non. Désolé, mauvaise réponse ? Même si je pouvais le faire, ce qui serait difficile, j’aurais des difficultés à me définir en juste trois mots qui seraient ensuite traduits en trois mots français. Absolument impossible, je suis même étonnée que quelqu’un puisse le faire.

Ce roman est un véritable cri d’amour aux romans de l’âge d’or de la SF mais aussi à la littérature en général…

Oui. Je voulais écrire sur la façon dont les ados lisent et l’itinéraire bien spécifique par lequel ils se trouvent eux-mêmes ainsi que leurs potentialités, dans ce qu’ils lisent.

A travers votre roman, c’est une belle preuve que la lecture n’est pas qu’un plaisir solitaire, mais bien un joli vecteur de partage…

En fait, c’est un peu des deux. C’est un des grands avantages de la lecture. Vous pouvez lire dans votre coin, et ensuite vous pouvez discuter avec les autres de ce que vous avez lu.

Les touches de fantastique sont très subtiles dans votre roman, ce qui le rend à mon sens très accessible pour un large public, êtes-vous du même avis ?

Je voulais écrire une histoire ancrée dans le monde réel, en partie sur ma vie et mes expériences, et je voulais en faire une histoire fantastique parce qu’ainsi il devenait possible d’être plus vraisemblable qu’en la racontant d’une autre manière.

Mais une histoire qui se déroule dans le monde réel avec des éléments fantastiques, alors il y a comme un problème. Parce que si ce genre de chose était réel, pourquoi ne l’aurions-nous pas remarqué avant ? Sommes-nous stupides à ce point ? Quand je lis un livre qui parle d’un sorcier à Seattle ou à Minneapolis, je veux savoir pourquoi je ne les ai pas remarqué par moi-même avant. Je veux une bonne explication dans le livre de pourquoi cela pourrait être réel et que je n’en sache rien.

Et donc pour Morwenna, j’ai créé un système de magie qui n’est pas falsifiable. Si cela existait vraiment, on ne pourrait pas le prouver. Ça fonctionne en changeant le passé, par les coïncidences, et par la manière dont on est connecté au monde. Je voulais un système de magie qui puisse être nié de manière plausible.

Je ne me suis jamais dit que quelqu’un pourrait penser que cela ne pourrait pas être réel. Je n’ai pas pensé du tout à toucher un large public en terme de lectorat généraliste. C’était mon neuvième livre. Aucun lecteur « classique » n’avait manifesté d’intérêt pour les huit autres. Pourquoi celui-ci serait-il différent ? Cela ne m’est jamais venu à l’esprit. Je voulais de la subtilité, quelque chose de non falsifiable, mais je voulais que le lecteur soit capable de penser que c’était réel à travers cette histoire.

Ce récit semble être aussi en partie autobiographique…

C’est exact. Des parties viennent de ma propre expérience, et d’autres sont de la fiction, ou fictionnalisées.

Morwenna est un personnage solitaire mais particulièrement attachant, qui semble toucher beaucoup de monde…

Oui. C’était une des choses vraiment surprenante, en parlant des réactions des gens face au livre.

J’aime la manière dont vous traitez du handicap dans votre roman…

Merci. Je ne mérite pas d’éloge pour cela, ça fait partie de la part d’autobiographie.

Le message général du roman est plutôt positif et non dénué d’espoir, à la différence de beaucoup de romans de SF et de Fantasy actuels…

Je suis une personne positive et pleine d’espoir, par nature.

Pourquoi avoir décidé de proposer cette histoire sous la forme d’un journal intime ?

Je voulais une vraie immédiateté, ce que permet l’écriture dans ce type de format.

Le seigneur des anneaux tient une place prépondérante dans le livre. Ça a été le cas dans votre vie également ?

Oui, beaucoup. C’est difficile pour les gens d’aujourd’hui, qui sont entourés par le fantastique dans tous les médias, de comprendre à quel point ce livre était important quand il n’y avait quasiment rien d’autre dans le genre.

Le roman est couvert de récompenses, comment réagit-on à un tel déferlement de récompenses ? Pourquoi ce livre en particulier, selon votre propre regard d’auteur ?

Je pense que beaucoup de gens se sont sentis liés au livre parce qu’il racontait une histoire de passage à l’âge adulte d’un point de vue féminin, d’une façon qui résonnait en eux. Et c’est un livre qui parle d’un lecteur, je suppose que ce n’est donc pas surprenant que les lecteurs aiment ça.

Je suis enchantée qu’autant de personnes aiment ce livre, et j’étais très enthousiaste de recevoir ces prix. Particulièrement le Hugo qui est le prix le plus important attribué par des fans et cela compte beaucoup pour moi.

couverture française – couverture anglaise – couverture américaine

Le titre et la couverture de la version française sont différents de la version originale, qu’en pensez-vous ?

Mon avis sur la couverture française est que nous avions déjà la photo couleur à l’époque, en 1979 ! Mais généralement, je déteste toutes mes couvertures. Je suis contente que mes éditeurs s’en occupent et que je n’ai pas à y penser.

Pour le titre, je n’aurais pas choisi d’appeler le livre Morwenna. J’ai fait quelque chose que j’ai trouvé intéressant avec le nom du personnage : elle se fait appeler Mor ou Mori (ses surnoms), et sa jumelle morte pareillement. En spécifiant le prénom du personnage comme titre, on enlève cela. Je ne sais pas pourquoi il n’aurait pas pu s’appeler « Entre les autres » (« Among others » en anglais). Mais à nouveau, c’est quelque chose que l’éditeur décide et il avait probablement une bonne raison, du point de vue du marché et du lectorat français.

Point de vue de l’intervieweur : même si la fille sur la photo est trop jeune, à titre personnel, j’aime beaucoup cette couverture française que je trouve très parlante.

Ce blog est fait de sons et de mots. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?

Oui, énormément. J’écris la plupart du temps en écoutant Bach, qui m’aide à me concentrer.

Et j’utilise la musique de Sassafrass (http://www.sassafrassmusic.com), pour l’inspiration et l’énergie qu’elle apporte.

Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou votre dessert préféré…

Mon dessert favori consiste en du fromage et des fruits, la plupart du temps des fromages de type français du grand Québec et des fruits de saison. J’adore un brie de chèvre bien vieux avec des cerises !



Catégories :Interviews littéraires

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11 réponses

  1. Yes, I’m the first chroniqueuse sur l’article ! 😀

    Super, Yvan, comme d’habitude… à la fin, tu vas te lasser des fleurs que l’on te jette, mais tu le veau… heu, tu le vaux bien ! 😆

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Meuh ! Moi je ne fais que passer la bonne parole des auteurs, merci à eux ;-). Et puis elle a du caractère la Jo Walton 😉

  2. Oye Oye frère Yvan a prêché la bonne parole. Ou transmise plutôt. .
    Je suis très attirée par ce roman et il est vrai que la dame semble avoir un caractère bien trempé 🙂
    Par contre le fromage et les fruits. … encore une qui ne te piquera pas ton chocolat 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      c’est une galloise qui a émigré au Quebec, ce ne sont pas nos mêmes us culinaires 😉

      • Fichtre ! Des fish & chips au sirop d’érable !

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          euh, je passe mon tour 😉

  3. Très sympa cette interview. Bravo.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Merci Guillaume 🙂

Rétroliens

  1. Récapitulatif des interviews 2014 | EmOtionS – Blog littéraire et musical
  2. Regards croisés sur mon Top 30 des romans lus en 2014 – De la 25ème à la 21ème place | EmOtionS – Blog littéraire et musical

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