Je ne suis pas adepte du « c’était mieux Avant » concernant Stephen King, ni de ne pas croire en l’Après. Malgré ses bientôt 75 ans, il est toujours aussi prolifique, aussi talentueux, aussi malin. Encore pour un bon moment, espérons-le.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes disent certains. Même si je suis réservé quant à cette expression, elle peut assez bien s’appliquer à ce roman-là.
Une idée de base déjà immortalisée, par le film le Sixième sens notamment que l’écrivain cite largement. Une ambiance déjà lue, un petit côté Simetierre parfois, en moins flippant.
Après ne fait pas partie des œuvres majeures du Maître. Mais… Aux USA, ce roman est sorti chez l’éditeur Hard Case Crime, spécialisé dans les pulps de polars, et qui remet au goût du jour le plaisir de lire des romans courts et pas chers, comme on en trouvait pléthore dans le pays dans les années 50. Le King, plutôt que de proposer un petit texte pris par dessus la jambe, a écrit pas moins de trois romans pour la collection. Trois livres courts mais qui se sont révélés forts en émotions : Colorado Kid, Joyland et maintenant Après.
Voilà pour le contexte, qui explique que ce roman ne fait «que » 320 pages, avec des chapitres concis, et qu’il se lit très vite.
Le résultat ? Un livre qu’on ne lâche pas, que j’ai dévoré dans la journée presque d’une traite, ce qui ne m’arrive jamais. Parce que, même quand il ne propose pas un livre d’une folle ambition, le King ne fait jamais les choses à moitié. Et n’a pu s’empêcher de proposer un récit fantastique plutôt que uniquement policier.
Jamie est un jeune garçon qui voit les morts, et peut même parler avec eux. On le suit de ces premières années jusqu’à son adolescence.
Le genre de don dont le prix est lourd à porter. Surtout quand les vivants s’en mêlent.
Jamie nous raconte son histoire, une histoire d’épouvante nous prévient-il. Il faut dire que quand on a eu une mort violente, on n’est pas très présentable face à lui.
Dans l’esprit, Après s’apparente effectivement assez à Joyland. Une histoire pleine d’émotions, entrecoupée d’action, aussi touchante qu’effrayante.
Le King a ce don de donner vie à ses personnages en quelques paragraphes, au point qu’on s’y attache fortement, que ce soit Jamie ou les personnages secondaires (il y en a peu dans cette histoire). Certaines scènes sont vraiment émouvantes, jouées entre ces protagonistes-là.
L’écrivain baigne ici dans un flot de références et d’idées tel qu’il les aime tant. Le milieu littéraire, l’enfance… Et tant d’autres clins d’œil qui plairont aux fans, sans aucunement gêner les autres lecteurs.
Jusqu’au final sacrément dynamique et un brin plus violent (et une toute fin subtilement bien vue). C’est une histoire d‘épouvante, rappelez-vous.
En terme de narration, c’est un modèle du genre, avec cette écriture qui évolue de manière astucieuse.
Après est un vrai page turner, un livre qu’on peu conseiller à tous, accessible à tous les lecteurs qui veulent passer un très bon moment de divertissement. Avec la touche qui change tout : ce supplément d’âme dont l’auteur a le secret.
Après est un livre sans prétention, mais d’une efficacité redoutable, par la grâce d’un Stephen King qui visiblement s’est bien amusé à écrire ce texte. On a juste envie de retrouver ce personnage dans le futur, il a tout pour ça, et il nous manque déjà.
Une chouette réussite, dans le genre.
Yvan Fauth
Date de sortie : 03 novembre 2021
Éditeur : Albin Michel
Genre : Fantastique
Traduction : Marina Boraso
4° de couverture
Grandir, c’est parfois affronter les démons qui vous hantent.
Jamie n’est pas un enfant comme les autres : il a le pouvoir de parler avec les morts. Mais si ce don extraordinaire n’a pas de prix, il peut lui coûter cher. C’est ce que Jamie va découvrir lorsqu’une inspectrice de la police de New York lui demande son aide pour traquer un tueur qui menace de frapper… depuis sa tombe.
Obsédant et émouvant, le nouveau roman de Stephen King nous parle d’innocence perdue et des combats qu’il faut mener pour résister au mal.
Catégories :Littérature
En cours de lecture ! C’est vrai que ça sonne comme un King “mineur” (pour autant que ça veuille dire quelque chose chez lui), mais les personnages sont tout de suite attachants, et le rythme impeccable. Impossible pour moi en ce moment de le lire d’une traite, mais j’ai hâte de m’y replonger 😉
mineur chez King, c’est le haut du panier chez la plupart des autres 😉
C’est injuste – pour les autres -, mais c’est exactement ça 🙂
Et bim. Déjà que j’ai tout juste fini “je suis l’abysse” sur tes conseils, “le mal est un cercle”, tu m’en remets une petite couche. Merci à toi Yvan. 🙏😘
On ne rate pas un RV avec le King, avec ou sans moi 😉
Jamais. J’ai d’ailleurs réconcilié mon libraire avec Monsieur Stephen King en lui conseillant l’outsider. 😊 Je me la pète un peu sur ce coup là. 😉😘
Bravo ! 😉
Merciiiiiiiiiiiiiii
QUOI ?? Que 320 pages ?? Un King qui n’est pas un pavé ? C’est déstabilisant, je trouve 😆
Bon, il est sur ma liste, je ne louperai pas le nouveau King (mais le Beaujolais oui) et ça me rappelle que je n’ai pas terminé tous mes devoirs de lecture avec les romans du Maître !!! 😉
Non, pas la fessée !!! 😆
Et pas sur la tête non plus. 😂😂
Pas le temps de le lire…
Lais il est proposé à mes lecteurs à la bibliothèque 😉
Lu, belle histoire, dévoré aussi en quelques heures. C’est un patchwork d’éléments déjà utilisés par King. Mais comme c’est toujours aussi efficace, on se laisse transporter.
Je suis un peu désarçonné par la dernière révélation, on charge un peu la mule je trouve.
Je vais laisser un peu reposer les sentiments avant d’attaquer mon billet.
C’était toujours meilleurs après.
FF
Pour ma part j’ai beaucoup apprécié cette surprise finale, subtile et inattendue, qui apporte une autre éclairage sur le personnage
Shame on me ! Je suis tellement à la bourre que le King ne peut pas grapiller des places dans mon programme. Mais pas question que je passe à côté 🙂
Tu le liras après 😁. Il trouvera sa place le moment venu
Aucun doute, je ne passerai pas à côté du King cru 2021
Mission accomplie et j'(en ressors mitigé. Comme tu le dis fort justement, ce texte signé par un autre je l’aurai porté aux nues, mais pour le King on était en droit de s’attendre à plus.
Du coup, je suis plus indulgent que toi, je n’oublie pas l’objectif initial. Un Pulp qui se lit vite, cahier des charges respecté.
Je lui ai quand même accordé 4 Jack… c’est pas rien 🙂
Absolument 😉