Interview – 1 livre en 5 questions : Jake – Bryan Reardon

1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre.

5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

Bryan Reardon

Titre : Jake

Sortie : 08 février 2018

Éditeur : Gallimard / Série noire

Lien vers ma chronique du roman

Merci à Aude pour la traduction ! Vous pouvez la retrouver sur son blog Aude bouquine

Le sujet du roman est tristement d’actualité, une fois encore, aux États-Unis. Vous y repensez à chaque nouvelle tuerie dans les écoles ?

Oui et non. Ça me rend triste chaque fois qu’un enfant est tué dans son école. Nous, les adultes, échouons dans notre rôle le plus élémentaire, celui de protéger nos enfants. En même temps, mon intention n’a jamais été d’écrire un livre dans le but de résoudre cet horrible échec. A la place, j’ai commencé à écrire au sujet de l’introspection et du pouvoir du jugement. Je savais que je voulais parler d’un jeune homme réservé, accusé de quelque chose de terrible, et dire combien les autres sont prompts à décider de sa culpabilité. Je crois que le fait le plus révélateur est que j’avais besoin d’une tragédie, quelque chose de crédible dont puisse être accusé le garçon, et j’ai immédiatement pensé à une tuerie dans une école.

Dès le début du processus d‘écriture, aviez-vous décidé de ne rien décrire de la tuerie en elle-même ?

Même si ce n’était pas une décision consciente, je n’ai pas pensé une seule fois à décrire la tuerie. Je savais que Jack devait raconter l’histoire de Simon. Et, même si j’écris souvent plusieurs points de vue, pour ce livre, j’ai choisi dès le début de garder sa voix. De ce fait, la tuerie ne pouvait pas être décrite quand elle est arrivée, seulement dans des articles de presse. Quand cette direction a été prise, j’ai choisi de rester loin d’une description explicite. A mon avis, la manière dont les médias se chargent de rapporter les tueries de masse en dramatisant la violence, est exactement ce qui a inspiré le livre au début. Je crois que plus les enfants, et même les adultes regardent cette violence crue à la télé, et plus ce type d’incidents violents va se reproduire.

Était-ce compliqué de raconter une telle histoire en faisant parler autant les émotions, avec un style d’écriture si déchirant, sans jamais tomber dans le voyeurisme (c’est une des réussites du roman) ?

Je pense que laisser les émotions d’un personnage parler est la partie la plus difficile lorsqu’on écrit n’importe quel roman. Même si je suis classé dans les auteurs de thrillers, ici aux Etats-Unis, je ne me suis jamais vu dans cette case. Je suis beaucoup plus intéressé par les relations entre mes personnages, que se soit la relation parent-enfant, ou mari-femme. Je pense qu’une chose m’a aidée à faire publier ce livre pendant que j’apprenais le métier, c’est de rentrer dans le personnage pendant que j’écrivais. J’essaie de vivre ce qu’ils vivent, de ressentir ce qu’ils ressentent. Cela peut être difficile, et triste parfois, mais ça a certainement amélioré ma façon d’écrire.

Vous vous êtes inspiré de votre propre expérience pour parler de ce père au foyer vivant en banlieue, c’est exact ?

Oui c’est exact. Quand mes jumeaux qui ont maintenant 14 ans, avaient 6 mois, j’ai quitté le job que j’avais au sein du gouvernement et je suis resté avec eux à la maison. Ma femme a été embauchée dans une grande entreprise et je pouvais décrocher des travaux d’écriture en freelance. C’était parfait, logique pour nous. Puis, quand le moment est venu pour moi de commencer à travailler à la maison et elle dans sa société, je me suis demandé à quoi j’avais bien pu penser en prenant une décision pareille. Mais, cette expérience m’a aidé à écrire ce livre. Et, plus important encore, j’étais très chanceux de pouvoir passer autant de temps avec mes enfants. Je ne regretterai jamais ça.

C’était également une manière de montrer combien le pouvoir des médias influence la manière de penser au quotidien ?

Dans le livre, le rôle des médias est très intentionnel. Ma toute première inspiration pour le sujet du livre est venue en regardant un reportage télévisé qui parlait d’une fusillade dans une école. Comme tout le monde, j’étais suspendu à chaque mot. J’avais besoin de toujours plus d’informations. Peut-être parce que je voulais trouver une raison à tout ça. Une façon de m’assurer que cela n’arriverait jamais à ma famille. A mes enfants. Pourtant, plus je regardais, plus je me sentais gêné par ce que je voyais. J’étais un voyeur qui contemplait la tragédie déchirante des autres. Honnêtement, je peux dire que je n’ai pas regardé un seul journal télévisé depuis le jour où j’ai commencé à écrire Jake.



Catégories :Interviews littéraires

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