1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre.
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.
Vincent Hauuy
Titre : Le tricycle rouge
Editeur : Hugo
Sortie : 18 mai 2017
Lien vers ma chronique du roman
Comment un français, parti au Canada, se retrouve t-il à écrire un thriller aussi dense, se déroulant sur le continent nord américain ?
C’est une bonne question. Même si je suis un gros consommateur de thrillers, j’avais pour habitude d’écrire dans le domaine de l’imaginaire avant de m’atteler au Tricycle Rouge (j’ai quelques manuscrits qui dorment dans mes placards, de la SF et de la Fantasy). Pour écrire un thriller, à l’inverse de la SF, j’ai besoin de m’ancrer dans le réel. Il faut que cela sonne vrai pour que cela puisse paraître crédible au lecteur. Cela va des procédures policières jusqu’à des choses aussi insignifiantes en apparence que le crochetage de serrure. Il en en va de même pour les lieux.
Lorsque j’ai commencé la rédaction du Tricycle Rouge, cela faisait déjà près de cinq ans que je vivais au Canada. J’avais aussi été aux États-Unis, dans les États voisins à plusieurs reprises. J’ai naturellement puisé dans mon environnement quotidien pour créer la trame de fond. L’une des scènes de crime se déroule exactement à l’endroit où je vis (Lac-Beauport). Je suppose que si j’étais resté en France, j’aurais écris un thriller de déroulant en Lorraine, sûrement dans les Vosges d’ailleurs.
Ce premier roman a obtenu le prix VSD Michel Bussi du meilleur thriller français 2017. Vous nous racontez cette belle aventure ?
C’est effectivement une belle aventure. Elle m’a coûté quelques neurones mais le jeu en valait clairement la chandelle. Au moment où j’ai pris connaissance du concours annoncé sur la plateforme Fyctia (Pour ceux qui ne connaissent pas c’est une plateforme d’écriture participative qui organise des concours dans différents genres… dont le thriller) j’étais déjà bien avancé dans un concours d’écriture (un thriller fantastique). Pour autant, j’ai foncé sans hésiter. J’avais la scène du prologue qui me hantait depuis quelques jours déjà, et je me suis dit que cela serait une bonne opportunité de l’exploiter.
Je me suis donc retrouvé à écrire pendant un mois et demi sur deux histoires en parallèle, c’était à devenir fou (d’ailleurs peut-être le suis-je devenu). La durée de la première phase du concours était de trois mois (les lecteurs décident qui sera dans le top 4 en votant pour un peu plus de 250 textes). C’est un laps de temps très court. Café sous perfusion et manque de sommeil étaient au programme (je travaillais la journée, je devais écrire soit tôt le matin, jusque soit tard le soir et bien sur tous les week-end étaient dédiés à l’écriture). J’ai fini premier de cette phase. A partir de là, il me restait un mois pour finaliser le manuscrit qui serait alors envoyé au Jury dont le président était Michel Bussi. Au terme de cette écriture, j’étais éreinté mais heureux, encore étonné d’avoir pu écrire ce roman en si peu de temps. Happy End : Cela a payé, j’ai fini par être appelé pour me dire que j’avais gagné le concours et que Michel Bussi avait beaucoup apprécié mon livre. Il me restait à faire l’éditorial et puis … livrer le roman au public.
Cette histoire est un véritable puzzle, autant pour les personnages que pour le lecteur…
Je plaide coupable. J’ai construit cette intrigue autour de plusieurs questions dont une est relative au prologue « Que vient faire le tricycle dans toute cette histoire ? ». Aussi, le fait d’avoir deux protagonistes partis sur deux enquêtes différentes (à priori) m’a permis de tisser plusieurs fils pour mieux distribuer mes pièces des puzzles. Je l’ai fait par pur plaisir de manipulation.
C’est de cette façon (déformation professionnelle, je suis concepteur de jeu) que j’aime concevoir et articuler mes récits. Je pense d’ailleurs que mes prochains livres seront dans la même veine. C’est aussi ce que j’apprécie en tant que lecteur d’ailleurs, c’est pour cela que j’aime les livres de Michel Bussi. Je sais qu’il y aura toujours un coup de théâtre, un twist et que la fin sera surprenante.
On retrouve dans ce triller tout ce qui fait le succès du genre. Mais vous avez réussi à y imprimer votre marque…
Alors c’est vrai que je suis nourri de pop culture. Biberonné très tôt à Stephen King, fan absolu de George R.R. Martin, de Tolkien et d’une palanquée de films et de séries. Je vais naturellement (de manière totalement inconsciente d’ailleurs) puiser dans ce bon vieil « imaginaire collectif » pour constituer ma palette. Aussi, je connais bien les codes du thriller, mais avec Le tricycle Rouge, j’ai tenté de leur donner une « twist », de mettre le lecteur dans une zone de confort (Oh, encore une histoire de tueur en série !), pour mieux le surprendre et le trimbaler vers d’autres avenues. Il en va de même pour les personnages qui sont tous typés et un peu cabossés. Leur morale est grise car les extrêmes (La vertu immaculée et le mal absolu) m’ennuient profondément.
Les personnages sont particulièrement mis en avant. Ce n’est pas seulement l’intrigue que vous avez fignolé…
Dans n’importe quel roman, les personnages sont les éléments clé. L’ingrédient principal du récit avant même l’intrigue. C’est d’ailleurs eux qui nous restent une fois le livre fermé. Nous vivons l’histoire à travers leur sens, nous souffrons avec eux. Le lien empathique est primordial pour tenir le lecteur en haleine tout au long de l’histoire. L’intrigue ne prendra pas si les personnages son fades et ne sont pas ancrés dans le cœur et l’esprit du lecteur. Sol Stein (un éditeur Américain) a écrit dans son livre consacré aux techniques d’écritures (Sol Stein on Writing) : We need to know the people in the car before we see the car crash. Un événement de l’intrique, aussi dramatique qu’il soit, n’aura pas d’impact si on n’a pas d’attachement.
Dans mon roman j’ai tenté non seulement de mettre en avant mes personnages principaux, mais aussi de laisser une belle place aux personnages secondaires même s’ils n’apparaissent que dans un chapitre. Je les voulais vivants, saillants.
D’ailleurs, j’essaie de faire disparaître l’auteur des lignes (mon style est assez sobre) pour ne pas faire d’ombre à mes personnages. Il m’arrive de décrocher de certains livres à cause d’un style trop ampoulé qui met l’auteur en avant, me donnant l’impression de voir le réalisateur dans le champ qui me fait des grands signes.
Catégories :Interviews littéraires
Merci Yvan ! Les retours sont unanimes et je me laisserai vraisemblablement tenter par ce livre.
https://polldaddy.com/js/rating/rating.jsJe vais me laisser tenter car je n’entends que du bon à propos de cet ouvrage !
hello Yvan, pour une fois que j’arrive à rapatrier un de tes articles…
ce livre me tente bien , tu m’a donné envie de le lire, je le mets dans ma liste,
a bientôt