Plongée dans l’horreur, entre présent et passé
Entre présent et passé, elle nous plonge dans l’horreur. A travers cette histoire, elle nous enfonce la tête au fond de ce que l’homme est capable de perpétrer de pire.
En ce qui concerne l’utilisation de ce qui fait partie des pires heures de l’humanité, soyons clair : l’auteure ne tombe jamais dans une quelconque « récupération ». Petite fille de déporté et membre de l’association française des déportés de Buchenwald, elle sait de quoi elle parle et a la légitimité pour en parler.
Ces parties du récit sont donc documentées et d’une réelle expressivité. Passages éprouvants, une descente dans la pire des abominations en forme de catharsis.
En terme de thriller, arriver à joindre les deux bouts est déjà un exploit en soi. Créer une véritable intrigue entre le mal à l’état pur en lien avec un tueur en série, et le Mal absolu du nazisme n’était pas gagné d’avance. Un premier satisfecit pour Johana Gustawsson qui, pour un premier roman, maîtrise intelligemment le déroulé du scénario.
Duo atypique
Block 46, dans sa partie contemporaine, est un voyage entre Londres et la Suède (et la marseillaise qu’elle est, prouve qu’elle connaît parfaitement ces deux univers si différents). C’est également l’avènement d’un duo hors-normes d’enquêtrices atypiques (enfin ! On sort du sempiternel couple homme-femme et du stéréotype du flic alcoolique). Rien que pour ça aussi, Gustawsson mérite qu’on la remercie chaleureusement.
Attention, âmes sensibles s’abstenir. Le récit est dur, très dur. Il touche à l’âme et aux tripes, il se frotte à ce qui définit véritablement notre humanité. Les scènes actuelles sont sordides (mais l’auteure ne tombe pas dans une description racoleuse et gratuite pour autant). Les passages dans les camps sont insoutenables, mais d’utilité publique.
Johana Gustawsson a été journaliste et on le sent dans ce travail d’enquête qu’elle a mené. Un travail qui ne s’arrête pas qu’aux faits, c’est aussi un vrai boulot “d’investigation” de l’âme humaine, à travers ce thriller où la psychologie des personnages est fouillée.
Autant divertissement que devoir de mémoire
Pas de cadence trépidante dans cette histoire, le rythme est assez lent, posé, pour mieux mettre en avant l’enquête, les personnages et l’horreur qui les entoure (le syndrome suédois ?). Même si j’aurais aimé quelques accélérations de ce rythme de temps en temps, l’intrigue est clairement immersive.
Et puis il y a la plume de l’auteure. Une écriture soignée, travaillée et qui se métamorphose selon le personnage (elle place quelques passages où son humour acerbe fait mouche et permet de relâcher un peu la pression, et le lecteur en a besoin).
Block 46 est une vraie et dépaysante réussite. Un récit suffisamment original et habile pour mettre en lumière ce roman, tout autant thriller que devoir de mémoire. Et une nouvelle auteure française à suivre de très près.
Le livre en un mot : Mémoire.
Lien vers mon interview de Johana Gustawsson
Sortie : 21 octobre 2015
Éditeur : Bragelonne
Genre : Thriller / roman noir
Notes :
Profondeur : 8/10
Dimension de l’histoire : 9/10
Psychologie : 7/10
Qualité de l’écriture : 7/10
Émotions : 8/10
Note générale : 8/10
PS : Johana Gustawsson a monté un très beau site internet, qui parle d’elle, de son roman et de ses recherches en lien avec les camps, Londres et la Suède. A visiter en suivant ce lien
4° de couverture
Falkenberg. Suède. Le commissaire Bergström retrouve le cadavre nu et gelé d’une femme aux abords de la plage d’Olofsbo.
Londres. Profileuse de renom, la ténébreuse Emily Roy enquête sur une série de meurtres d’enfants dont les corps sauvagement mutilés ont été abandonnés dans les bois d’Hampstead, au nord de la ville. Ils présentent les mêmes mutilations que la victime suédoise : trachée arrachée, yeux énucléés et un mystérieux Y gravé sur le bras.
Étrange ce serial killer qui change soudain de type de proie et de lieu de chasse… S’agit-il en fait d’un tandem de sociopathes ? Les nombreuses questions que soulèvent les deux affaires amènent Emily Roy en Suède, où elle retrouve une vieille connaissance, la tenace Alexis Castells, écrivaine française spécialisée dans les tueurs en série.
Ces deux femmes aux personnalités discordantes se lancent à la poursuite de tueurs aussi pervers qu’incontrôlables. Une traque qui les conduit jusqu’aux atrocités du camp de concentration de Buchenwald, en 1944.
Catégories :Littérature
Ouf, je sais pas si je le lirai! En même temps ça me tente , mais si c’est trop noir je vais m’abstenir….Alors????Tu me le conseilles ou pas?
Il est dur ce livre oui. Je le conseille tu l’as compris. Ce n’est pas qu’un simple thriller et je soutiens cette auteure avec ce premier livre de qualité
Ok je me le note donc!!!!;)
Ça me tente !!!! Je sens que le craquage va être imminent 🙂
Ah bon, c’est pas encore fait ? ;-). Merci Leila pour ton commentaire
ben non, oui surprenant pour une mordue de la WWII 🙂
le mélange est étonnant, tu verras… c’est du noir
je passe ce soir à la librairie 🙂
A coup sur , dans mes tuyaux de lecteur drogué!
Entre drogués, on se comprend Jean-Michel 😉
Ca â l’air d’être une réussite ce premier roman 🙂
J’ai beaucoup aimé. Quelques petites erreurs de jeunesse mais un livre étonnant, marquant et bien écrit
C’est pas gentil de faire augmenter ma liste d’envie (bientôt ma PAL ?!) comme ça ! Merci pour cette découverte …
je suis un gentil et si je peux rendre service ;-). Merci te ton message !
Je suis conquise!
Tu m’énerves. .. 😉
de rien, c’est gratuit (pour moi)
salopard 😉
Je m’attendais à une nième auteure scandinave, et… surprise! Voila qu’émerge sous le patronyme suédois une marseillaise d’origine espagnole… La chronique élogieuse que tu fais de son roman fait que, malgré la gravité du sujet traité, je vais essayer de lui réserver une petite place dans ma Pal.
Amitiés.
eheh, Johana est une multinationale à elle toute seule ;-). Je vois que ce sont tes gènes qui parlent ;-). La bise mon ami
Tu n’arrêteras donc jamais hein!!!! Mais bon..j’avoue j’aime ça et tu sais quoi…je note!! Une fois de plus quoi!!!
pour l’instant non, je n’ai pas prévu d’arrêter :-p. Oui tu peux y aller avec celui-ci Foumette, ça devrait te plaire
Je le veux !!!!