Interview – 1 livre en 5 questions : Le sang des sirènes de Jean-François Thiery

1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

Sortie : décembre 2014

Éditeur : Ex Aequo

Ma chronique du roman

Le nouveau thriller de Jean-François Thiery mérite qu’on s’y attarde.

Merci à l’auteur d’avoir accepté de nous parler de cette histoire (et de sa manière de l’aborder).

Ce récit se déroule entre passé et présent. Comment as-tu abordé cette approche de l’histoire ?

L’histoire est partiellement ancrée dans un lieu marqué au fer rouge par l’Histoire, une ville que j’affectionne particulièrement, Berlin. Le sombre passé du nazisme et de la STASI y reste excessivement présent, dans les architectures, dans les esprits.

En fins psychologues, les allemands ont compris que les stigmates ne pouvaient disparaître avec quelques coups de peinture, ou en démolissant quelques pierres. Comme dans toute psychothérapie, la résilience passe plutôt par un changement de représentation du traumatisme, et non par le déni. Le résultat que j’y ai observé a forcé mon admiration.

J’ai découvert Berlin Ouest & Est en 1989 (6 mois avant la chute du Mur) en tant que militaire. Depuis, je l’ai revisitée à plusieurs reprises dans un cadre professionnel. La ville a changé en surface ; elle s’est modernisée, internationalisée. La malade n’est pas guérie pour autant. Pendant toutes ces années, j’y ai ressenti une atmosphère très particulière, un mélange de joie de vivre un peu « années folles », et paradoxalement une tristesse latente, comme un Sisyphe agrippé indéfiniment au poids de son passé. Berlin est une ville très attachante.

L’une des intrigues de ce roman s’inscrit entre les derniers jours du Berlin nazi, la période sombre de la STASI et la liberté offerte avec la chute du Mur. A Berlin, il ne s’agit pas d’un grand écart, à peine un saut de puce.

Tu as noté que le mini-livre WOLF apportait « une autre ampleur au récit », et je pense que tu as raison. On peut parler de « Teaser » chargé de présenter Rolf Wolf le personnage principal des trois opus. Je l’ai conçu pour apporter un éclairage plus intense sur cette imbrication entre passé et présent. Néanmoins ces ouvrages peuvent, je pense, se lire indépendamment. Bien entendu, je laisse au lecteur le soin d’en juger.

C’est également un récit sur une partie de notre jeunesse désenchantée...

Nous vivons dans une société globalement permissive, où les repères disparaissent les uns après les autres : cellule familiale désagrégée, structures sociétales décrédibilisées, pairs défaillants voire hostiles.

J’observe autour de moi beaucoup de jeunes, et cela m’effraie. Certains s’en sortent bien, mais ils ne constituent pas la majorité, hélas. L’adolescence est une période difficile où l’ado garde un œil attendri sur les années insouciantes de l’enfance, tout en se projetant vers une position idéalisée d’adulte.

Le virage est dangereux, surtout dans un tissu sociétal en voie de putréfaction. Cet entre-deux est le terrain de chasse privilégié de certains prédateurs. Les faits divers regorgent de leurs crimes. Le sang des Sirènes navigue dans ces eaux troublées et troublantes.

C’est une nouvelle aventure du groupe Wolf que tu nous proposes ici. Pourtant ce roman peut se lire individuellement. Comment as-tu travaillé cet aspect-là ?

L’éditeur Ex Aequo a initialisé, puis développé une initiative originale. Il s’agit du concept du mini-livre. Ce sont des textes courts (une trentaine de pages environ) qui sont vendus à un prix modique (livres papiers + eBook), et qui sont offerts à l’occasion de dédicaces. Le procédé est particulièrement apprécié par les acheteurs qui sont plus habitués à recevoir un flyer ou un marque-page, voire rien du tout pour le cas de grandes maisons d’éditions.

Dans le contexte de la sortie prochaine du thriller Le sang des Sirènes, l’éditeur m’a demandé de produire un ouvrage axé sur le groupe WOLF, i.e. les personnages récurrents présentés dans les opus précédents Thérapie en sourdine et L’affaire Cirrus, et le futur Le Sang des Sirènes.

Ce pilote étant postérieur aux deux premiers thrillers, j’ai dû procéder à un choix, et j’ai focalisé ces pages sur le personnage principal, Rolf Wolf, et plus exactement sur son adolescence traumatisée. Le personnage est sombre, tourmenté, et il m’a semblé pertinent de remonter aux origines de ce mal-être. Quoi de plus naturel que de l’inscrire dans une adolescence à l’ombre du Mur de Berlin ?

La psychologie de ce personnage est cohérente dans tous les opus. En ce sens, WOLF constitue une introduction intéressante à tous les ouvrages mettant en scène le groupe WOLF. Néanmoins, j’y ai ajouté les germes d’une intrigue constituant une introduction plus prégnante à l’ouvrage Le Sang des Sirènes. En ce sens, WOLF peut être un prérequis intéressant pour le lecteur qui souhaite aborder le roman, même si une lecture a posteriori (ou pas de lecture du tout !) ne gêne pas sa compréhension, et je l’espère, le plaisir de la lecture.

Le sujet prouve une fois de plus que l’homme est capable du pire. Sans trop en dévoiler, comment as-tu procédé par rapport aux recherches pour ce roman ?

Les études de psychologies que j’ai menées à Paris 8 entre 2007 et 2010 m’ont permis de bien débroussailler ce thème. Qu’il s’agisse du mal-être des gens en général et des adolescents en particuliers, de la vie en institutions hospitalières où j’ai été stagiaire psychologue, ou des ressorts des psychés meurtrières, ces trois années ont constitué pour ma part une richesse certaine.

Elles sont la base de la plupart de mes intrigues, et Le Sang des Sirènes ne fait pas exception.

On parle également de rock dans ton roman. Je crois savoir que ce n’est pas un thème qui te laisse insensible 😉

Je suis musicien amateur, et il m’arrive parfois de torturer les oreilles de mon épouse avec quelques gammes sur mon violon ou sur mon piano…

J’aime la musique, et mes goûts sont très éclectiques. En fonction de mon état d’esprit je peux me plonger avec le même plaisir dans un concerto de Bach, un Reggae de Marley ou des riffs de ZZ Top. Et j’adhère également à des musiques beaucoup plus noires, avec une attirance particulière pour le groupe allemand Rammstein, et les gothiques symphoniques à l’instar d’Epica. Ces derniers exemples ont représenté une précieuse source d’inspiration pour Le Sang des Sirènes. Connaissant ta culture musicale au travers de ton blog, Monsieur Yvan, j’imagine bien que les parallèles ne t’ont pas échappés !

Il me reste à te remercier, Yvan, pour cet espace offert à l’explication de ma production.

Et je te souhaite, à toi et à tes proches, ainsi qu’à tous tes lecteurs – et je sais qu’ils sont nombreux – d’excellentes fêtes de fin d’année, et une bonne année 2015 pleine de plaisirs.

Une vidéo du groupe Epica pour illustrer le propos et qui colle bien au roman (avec des images du concert 2014 à Strasbourg !):



Catégories :Interviews littéraires

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8 réponses

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      merci 😉

  1. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    J’ai noté que je devais acheter “la petite sirène” et le lire. Quoi ? C’est pas ça ?? 😆

    Bon, ben, puisque la sirène à sa mauvaise semaine, je m’en vais sur la pointe des pieds tout en remerciant l’auteur et l’interviewer de nous en avoir appris un peu plus. Beau partage 😉 Et c’est moi qui vais finir l’année sur les plus grosses conneries ! 😛

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      je n’avais aucune chance de te battre à ce petit jeu là 😉

      • belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

        Non, si tu joues à l’imbécile avec moi, je vais te battre à plates coutures ! 😆

  2. Un auteur que j’ai déjà découvert et que j’adore lire!!! Je note ce petit….

  3. Va falloir réellement que je découvre ce titre et cet auteur

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      tu peux oui, tu peux 😉

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