Ingrid Desjours vient de sortir Tout pour plaire, un thriller psychologique qui ne laissera pas indifférent !
Voici ma deuxième interview de l’auteure (dans la même année !). Elle y est, comme à son habitude, magnifique de sincérité. Un grand merci à elle de venir nous parler ainsi de son nouveau roman.
Crédit photo : Bruno Klein Photographies
Ma chronique de Tout pour plaire
Ce qui étonne de prime abord, c’est l’épaisseur du roman. 525 pages c’est assez inhabituel pour ce genre de thriller…
Avant d’être un roman, Tout pour plaire est une série écrite pour le petit écran. Il y a énormément de rebondissements et, juste avec l’action pure, j’aurais pu écrire un roman de 300 pages.
Mais bien sûr, je n’allais pas me priver du plaisir de fouiller la psychologie de mes personnages, ni de les mettre dans de nouvelles situations permises par le roman ! D’où le volume…
Ce roman est sensiblement différent du précédent, par son histoire, par son traitement et même jusqu’à ton écriture…
Maintenant, on retrouve toujours plus ou moins ces bons vieux thèmes que j’aime tant explorer : le sentiment de culpabilité, la maternité, et bien sûr les apparences… Peut-être aussi retrouve-t-on un style qui m’est propre, bien qu’il évolue avec moi ?
Ce qui semble primer dans ton récit, ce sont clairement les sentiments des personnages. Des émotions qui semblent toutes exacerbées…
Parce que ce sont elles qui nous gouvernent et conditionnent notre raisonnement, que l’analyse objective et le libre-arbitre ne sont au final que des leurres. Nous sommes des êtres de chair, d’âme et de cœur. Seul ce que nous ressentons, éprouvons est réel. Le reste n’est que prétention… et gesticulation.
Alors oui, ce qui m’intéresse, c’est ce qui vibre chez les gens… et par extension chez mes personnages.
Les personnages sont mis très en avant, mais c’est aussi un récit plein de faux-semblants… Doit-on se méfier de tout le monde dans la vie ? 😉
Je me garderai bien de dire à mes lecteurs ce qu’ils doivent faire ou non ! En revanche, pour ma part, je me méfie autant des évidences que de ceux qui s’en contentent…
Tu sembles avoir privilégié la dureté des relations humaines cette fois-ci, plutôt que la violence physique (même si elle est inévitablement présente)…
Ce roman est sûrement moins « violent physiquement » que le précédent, pour lequel certaines scènes un peu dures étaient nécessaires à l’évolution des personnages et à la compréhension de leurs réactions…
J’ai néanmoins toujours privilégié la violence psychologique, dans mes récits. Or la violence psychologique est, dans la vie comme dans les fictions, si subtile, perfide et insidieuse qu’il est aisé de ne pas la voir ou de détourner la tête à la moindre occasion… Dans Tout pour plaire, elle apparaît peut-être plus clairement parce qu’il n’y a pas de diversion…
T’es-tu laissée surprendre par l’évolution de cette foisonnante intrigue ?
Le scénario déjà écrit, je savais exactement d’où je partais et où j’allais, comment…
Maintenant la magie de l’écriture fait que certains personnages et événements imprévus sont apparus, pour mon plus grand plaisir ! Je suis et reste ma première lectrice et je me régale de ces surprises !
Dans Tout pour plaire, on parle beaucoup des théories à la mode en matière de psychologie. Comment as-tu travaillé cet aspect-là pour jouer ainsi de ces thématiques ?
Je dispose déjà de pas mal d’outils grâce à mon ancien métier de psycho-criminologue. Je connais bien la problématique des pervers qu’ils soient qualifiés de « narcissiques » ou non.
Concernant cette “théorie à la mode”, elle m’agace quand on l’utilise à tort, pour un oui pour un non, et qu’on la galvaude… Parce que non, toute personne contrariante n’est pas un pervers narcissique, que non, tout le monde n’a pas la capacité de les débusquer car tout le monde n’est pas psy… Et que surtout, à crier trop souvent au loup on finit par ne plus voir les vrais… et laisser filer ceux qui sont vraiment dangereux et feront de réelles victimes.
Lors de notre précédente interview pour « Sa vie dans les yeux d’une poupée », tu me disais t’être complètement déconnectée du monde durant sa phase d’écriture. Comment cela s’est il déroulé cette fois-ci ?
De la même façon ! L’écriture est une activité solitaire, bien que nourrie par le monde extérieur. C’est un carrefour entre le dedans, l’introspection, et le dehors, les gens, la vie…
J’écris dans un entre-deux indéfinissable, dans une douce euphorie mêlée d’urgence, un pied dans la réalité et l’autre dans une dimension étrangère, à l’instar du chat de Schrödinger… Voilà, pour moi, écrire, c’est en quelque sorte une expérience quantique !
Tu as décidé de dévoiler ta double vie d’auteure durant le salon de Saint-Maur en poche en juin dernier. Tu as en effet écrit la trilogie Kaleb sous le pseudo de Myra Eljundir. Pourquoi ce coming out littéraire ?
Parce que ça devenait, hélas, un secret de polichinelle ! Et puis les lecteurs de Kaleb me le réclamaient avec force arguments !…
Et ils ont eu raison d’insister : je serais passée à côté de très belles rencontres si j’étais restée anonyme.
Blog littéraire ET musical oblige, et si tu devais coller un morceau de musique sur ce nouveau roman ?
Sans l’once d’une hésitation : Comme une ombre de Damien Saez.
Catégories :Interviews littéraires
Superbe interview Yvan, et Ingrid, comme à son habitude, se dévoile sans détours ni faux-semblants. Une raison supplémentaire, si besoin était, de rajouter “Tout pour plaire” à la longue “Liste de mes envies”.
Bon weekend, mon ami. 🙂
eheh, merci de si bien résumer l’affaire mon ami 😉
Bon WE !
toujours pas lu …mais je vais finir par me décider 😉
je sens que tu y viens effectivement Sylvie 😉
Toujours un plaisir ces interviews !
merci manU, c’est sympa 😉
Une vraie belle personne Ingrid. Ça se sent dans son discours, une passionnée qui aime les gens.
je suis bien d’accord ;-), c’est pour ça qu’elle les comprend bien dans ses romans
Une magnifique interview, je note encore cette auteure dans ma Wish….Je pense que ce thriller a l’air plus que prometteur, et que c’est le style de livre qui me convient à merveille….;)
si tu aimes le coté psychologique et le travail sur les personnages, c’est ptet pour toi oui 😉
Oui c’est exactement ça!!!;) bon il va atterrir dans ma PAL d’ici peu à mon avis…..;)
notre globe trotter reporter à encore frappé ! belle interwiew de l’ami Yvan !
globe trotter depuis son fauteuil 😉
Merci à toi !
Kaleb est dans mon paddock et je penserai à l’auteure quand je le lirai. Moi qui pensait avoir affaire à un auteur nordique (Eljundir) 😆
Je retiendrai une jolie phrase “toute personne contrariante n’est pas un pervers narcissique” et ça me fait chaud au coeur parce que j’aime être contrariante… je suis une perverse, ça, je le sais et les autres aussi, mais je ne suis pas narcissique !
Yvan… tu es terrible avec tes interviews, tes questions, ton micro que tu tends à ces pauvres auteurs et tu es un horrible personnage avec mes finances ! 😛
je ne suis pas un pervers narcissique non plus et je ne fais pas souffrir les auteurs ! (si ??)
Pervers tu n’es pas, narcissique non plus, mais tu nous fait souffrir avec tes superbes chroniques qui nous font craquer en librairie 😉
Je te vois bien en train de braquer une arme sur la tempe des auteurs et de leur dire “avoue tout” 😀
je fais preuve de gentillesse avec eux, j’ai constaté que c’est une “arme” qui marche encore mieux 😉
Sûr ! Mais je te voyais bien avec une arme à feu… ou une pile d’Harlequin dont tu lirais des passages entiers pour que les auteurs répondent tous à tes questions 😆
ça c’est très très sadique comme méthode 😉
Je me sentais d’humeur sadique, hier soir… j’avoue que c’est une technique violente.
Je pourrais aussi diversifier et leur lire des passages de “50 nuances” ou de “merci pour ce moment”… 😆
chouette cette interview ! j’ajoute son livre, que j’avais déjà repéré, sur mon énorme PAL ! A bientôt … Amicalement
meuh non Valou, ta PAL n’est pas énorme 😉 c’est juste du plaisir !
Amitiés à bientôt !
Toujours autant de plaisir avec tes duos d’écriture, Yvan. Ta délicatesse récolte la sincérité de l’auteur. Toi seul était capable de faire ressortir ainsi les profondeurs d’une Ingrid si forte et fragile à la fois. Merci à tous les deux.
Tu sais que venant de toi, ce compliment me touche tout particulièrement ;-). Et merci pour Ingrid !
Ohhh comme j’aimerai la rencontrer…Magnifique interview!!!
ça arrivera un jour, tu verras 😉
🙂 🙂