Interview littéraire 2014 – John N. Turner

John N. Turner a sorti en 2014 un premier thriller assez étonnant et épatant : Amérithrax.

Un thriller différent, avec une vraie idée originale et bien ancré dans la réalité. Tout sauf un hasard quand on découvre le profil de l’auteur.

Partez donc à la découverte de l’auteur grâce à cette passionnante interview.

(Photo prise durant le festival sans nom 2014, salon du polar de Mulhouse)

Ma chronique de Amérithrax

Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?

C’est impossible.

Votre profil professionnel a son importance dans le cadre de ce roman. Qui êtes-vous en quelques lignes ?

C’est vrai que j’ai un profil professionnel qui détonne dans le petit monde du polar. Je suis un peu rentré dans cet univers par effraction.

Médecin de formation, puis chercheur de profession, j’ai longtemps travaillé sur un domaine qui touche l’affaire, la maladie du charbon, encore appelée « anthrax ». Je me souviens avoir été longtemps intrigué par cette affaire de lettres mystérieuses truffées de poudre d’anthrax qui avait commencé en 2001.

L’enquête semblait nimbée de mystères et de contradictions. J’ai été piqué d’une curiosité encore plus grande quand j’ai appris la disparition mystérieuse d’un scientifique connu du domaine. J’ai alors commencer à écrire…

Pourquoi avoir choisi de publier sous un pseudonyme anglo-saxon ?

Il y a deux questions si je comprends bien ? Pourquoi le pseudo et pourquoi anglo-saxon ? L’idée ne vient pas de moi ! Elle m’a été suggérée par mon éditrice…

Son idée initiale était de me donner un nom franco-américain. Je n’aimais pas trop le mélange. J’ai opté pour une version complètement anglicisée. J’ai vite compris que le pseudo m’offrait plus de liberté… En effet, je pouvais complètement dissocier mon activité professionnelle de l’écriture… Et puis l’histoire se déroule en Amérique… il est plus naturel que le nom de l’auteur sonne anglo-saxon, non ?

Est-il exact que ce texte ne devait pas être une fiction, initialement ?

Oui, j’étais parti sur l’écriture d’une enquête, ou d’un témoignage. Cela s’est rapidement transformé en un roman. C’est tout d’abord quelque chose qui m’a été suggéré. Je me suis vite rendu compte que ça convenait mieux à la narration. La fiction amenait de la souplesse et de la profondeur. On pouvait entrer dans la psychologie des acteurs. Cela permettait de construire une logique entre de simples événements liés chronologiquement.

Vous semblez avoir pris soin de privilégier le rythme pour proposer un thriller à la fois dense et haletant…

L’histoire est longue, complexe et s’étale sur huit ans. Il fallait donner du rythme. J’ai dû faire des choix et élaguer l’histoire. J’ai travaillé sur un découpage en chapitres courts. Je voulais aussi rendre compte de l’atmosphère de cette Amérique traumatisée et apeurée du post 11 septembre. Je voulais un style et un rythme qui puisse rendre compte de cela.

Nous sommes dans le cadre d’une fiction, pourtant les événements concernant cette affaire de l’anthrax sont scrupuleusement respectés…

Oui, je m’étais fixé comme cadre de respecter scrupuleusement la chronologie et le tempo réel de l’enquête. Pour le reste, il me fallait créer des personnages crédibles, combler des lacunes, trouver du rythme quand l’enquête s’enlisait.

La chronologie de l’enquête et sa longueur montrent à quel point les fictions policières sont souvent éloignées de la réalité du terrain…

Certains auteurs comme R.J. Ellory construisent des fictions policières dont certaines s’étalent sur des dizaines années. Certaines enquêtes sont plus longues que d’autres, et parfois la réalité dépasse la fiction. Certains tueurs en série donnent du fil à retordre à la police pendant longtemps.

C’est difficile de juger et de généraliser. Mais c’est vrai que l’enquête Amérithrax a été particulièrement longue et difficile pour le FBI.

Sur 500 pages, l’enquête proposée est particulièrement touffue et précise. Malgré votre cursus professionnel, vos recherches ont-elles demandé un gros investissement de votre part ? Avez-vous été surpris de vos découvertes dans le cadre de ces recherches ?

Effectivement, ces travaux m’ont demandé des recherches. Pour cela, je me suis aidé des milliers de pages disponibles sur le site du FBI, du ministère de la justice et d’autres organismes gouvernementaux.

Aux Etats-Unis, il existe une loi sans équivalent en Europe qui est le Freedom of Information Act. De nombreuses archives sont en libre accès bien avant les délais légaux que nous connaissons en Europe. Cette loi est très contraignante pour les autorités, mais surtout elle offre une mine d’or aux lecteurs attentifs. J’y ai découvert beaucoup de choses, depuis des compte-rendu d’interrogatoires de l’affaire Amérithrax, jusqu’au minutes des interrogatoires de Saddam Hussein.

Passé les premiers étonnements liés à leurs particularités procédurales, les vraies surprises me sont venues de la manière dont l’enquête a été menée… Le FBI était dans mon imaginaire synonyme de professionnalisme. J’ai découvert une investigation rocambolesque menée souvent avec beaucoup de lourdeur, sans clairvoyance réelle, sous la pression directe du pouvoir politique, minée par des jalousies, des compétitions entre agences…

Finalement, rien de très nouveau, mais à leur décharge ils étaient confrontés à une configuration inédite de crimes en série, et ils ont dû inventer une méthode scientifique entièrement nouvelle sur le tas…

Vous découvrez le milieu du polar avec ce roman et à travers les salons que vous fréquentez. Comment se passent vos premiers contacts avec ce petit monde ?

C’est effectivement pour moi la plongée dans un monde entièrement nouveau… J’avoue que c’est une réelle découverte, assez plaisante. Les salons sont l’occasion de découvrir de nouveaux auteurs, des styles différents, mais aussi de rencontrer des lecteurs, des blogueurs, des critiques…

J’étais parti avec beaucoup d’appréhension à mon premier festival, et j’en suis revenu avec d’extraordinaires souvenirs de rencontres, et surtout avec une valise remplie de livres et de belles dédicaces…

Quels sont vos projets, un deuxième livre en route ?

Oui, je travaille sur un deuxième livre… Je n’en suis qu’au début. Je tiens l’histoire, mais je n’ai pas encore totalement défini comment la raconter. C’est sûrement beaucoup plus dur que le premier. On vous attend au tournant, surtout quand le premier est tiré d’une histoire vraie… C’est l’occasion de se poser des questions… Suis-je vraiment fait pour l’écriture ? Une fiction ou une histoire vraie ? Comment repartir ? Dois-je construire un personnage de série ou m’extraire tout de suite du stéréotype ? Comment ne pas devenir prisonnier de son personnage principal ? Ce sont des choix délicats, le polar a ses codes… Je veux raconter cette histoire, mais différemment… Je n’en dis pas plus… car je ne suis pas sûr d’arriver au bout !!

Ce blog est fait de mots et de sons. La musique tient une vraie place dans votre roman. Quelle part prend-elle dans votre processus créatif ?

C’est une question intéressante. Quand on plante un décor, une ambiance, il y a souvent une musique qui vient en tête… A d’autres moments c’est la musique qu’on écoute qui guide dans la création du décor, des personnages… J’ai beaucoup utilisé pour ce livre le Boss, Bruce Sprinsteen

Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou votre dessert préféré…

Le fondant mi-cuit au chocolat… un dessert délicat qu’on ne trouve pas en Amérique…

 



Catégories :Interviews littéraires

Tags:, , , ,

8 réponses

  1. moi, c’est décidé, je veux ce roman ! Mais sans anthrax, merci bien… 😉

    Tu m’énerves, Yvan, mais tu m’énerves prodigieusement en faisant monter mon stock de livre… 😀 Tu es le viagra de ma PAL, monsieur Bern !!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Je me suis permis de supprimer ton post, enfin ses duplication,s puisque je l’ai eu 4 fois 😉
      Tu me traites de Bern maintenant ! On aura tout vu, je ne savais pas que je te bernais avec mes avis 😉

      • Oh, il est passé pour finir ?? Le site disait que non… tu as eu raison de supprimer les duplicatas ! Je suis unique, tout comme mon post. Imagine, 4 comme moi ! Mon dieu ! 😀

        Oui, je t’avais déjà dit que tu étais le Stéphane Bern des blogs et puisque tes critiques + tes interviews me font fondre le portemonnaie, je t’insulte, na !! 😛

        “Me bernais” !! JOLI ! Continue à nous bercer de tes avis et tu peux même nous berner avec tes interviews, tiens ! 😉

        Me sens maso ce soir….

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          4 comme toi ? tu veux notre mort ?? 😉
          Tu as raison, tu es unique !

          • Le crime parfait… je peux comprendre que 4 comme moi, ce serait ingérable !! 😆

            Nous sommes tous unique ! 😉 Et là, j’ai l’impression d’être celle qui vient de pondre un slogan pour une société d’intérim ! 🙂

  2. moi, c’est décidé, je veux ce roman ! Mais sans anthrax, merci bien… 😉

    Tu m’énerves, Yvan, mais tu m’énerves prodigieusement en faisant monter mon stock de livre… 😀 Tu es le viagra de ma PAL, monsieur Bern !!

  3. Je dirai tout pareil que Dame Belette mais je ne le dirai qu’une fois moi!!ahahahahah

Rétroliens

  1. Récapitulatif des interviews 2014 | EmOtionS – Blog littéraire et musical

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

%%footer%%