Interview Clarence Pitz – Les enfants du serpent

Editeur : IFS

Sortie : 09 octobre 2023

Lien vers ma chronique du roman

Ce n’est pas la première fois que tu nous emmènes en Afrique, qu’est-ce-qui a fait que tu choisisses à nouveau ce continent et ce sujet très sensible ?

Mes romans sont toujours des invitations à la découverte de régions, de villes et de cultures. À ce titre, l’Afrique est une excellente source d’inspiration. J’éprouve une vraie fascination pour ce continent. Je suis historienne de l’art, spécialisée en arts africains. J’aime comprendre et analyser les autres systèmes de pensée.

C’est ainsi que pour mon premier roman, « La parole du chacal », j’avais pris le risque d’écrire un thriller immersif qui se déroulait au Mali, en plein pays dogon. Les lecteurs avaient apprécié le côté insolite du lieu et de l’intrigue. J’ai récidivé en proposant un Bruxelles-Congo pour « Les enfants du serpent ».

Mais cette fois, j’ai abordé l’Afrique sous un angle plus actuel. J’ai à nouveau pris un risque puisque le thème, fort et très sensible, est celui du corps des femmes comme arme de guerre dans la région du Kivu. Ce sujet me tenait à cœur, car il est révoltant et, pourtant, bien trop méconnu.

” Écrire ce roman a été un véritable exercice d’équilibriste “

Tu es parfois sur un fil, à devoir décrire la violence terrible, mais en prenant soin de ne pas tomber dans l’excès…

Écrire ce roman a été un véritable exercice d’équilibriste. Je souhaitais que les lecteurs éprouvent de l’empathie pour les personnages et comprennent bien l’horreur qu’ils vivent au quotidien. Certaines scènes bousculent les lecteurs, mais elles sont nécessaires. Je voulais éviter l’effet soldat de plomb des vieux films de guerre : on ne les connaît pas, ils tombent au combat, sans que l’on éprouve le moindre regret pour eux. Par contre, je refusais de tomber dans le voyeurisme. Le sujet est bien trop grave et franchir cette ligne aurait été indécent.

On imagine bien que le travail de recherches a été conséquent, mais tu as vraiment veillé à ce que ce soit totalement intégré dans ton histoire…

Le travail de recherches a bien sûr été conséquent et il ne m’a pas laissée indemne. J’ai appris des choses atroces. Dans ma vie, il y aura un avant et un après « Les enfants du serpent ».

Et puis, comme pour la violence des scènes, j’ai dû bien gérer le dosage. Je n’ai pas écrit un essai de géopolitique, mais une fiction qui se base sur des faits de société. J’ai distillé les informations contextuelles pour que les lecteurs se rendent compte de la situation difficile dans laquelle évoluent mes personnages. Je pense que la littérature noire est un genre qui peut sensibiliser les gens et ouvrir leurs horizons. Je suis toujours ravie quand des lecteurs me disent avoir voulu en apprendre plus et avoir consulté des photos ou des articles de journaux pendant la lecture de mes livres.

” J’ai pris un soin particulier à émouvoir le lecteur, mais aussi à le surprendre “

On retrouve plusieurs de tes personnages, mais le roman se lit facilement de manière individuelle…

On retrouve Karel Jacobs, mon flic récurrent qui apparaît pour la première fois dans mon roman « Ineffaçables ». Il était aussi un des protagonistes de « Meurs, mon ange », mon troisième thriller.

À la base, je n’avais pas prévu qu’il reprendrait du service. Mais je m’y suis attachée et j’avais envie que ma plume grandisse avec lui. C’est un personnage qui gagne en sensibilité et en humanité au fil de ses enquêtes et de sa vie personnelle qui n’est pas épargnée. Karel fait office de fil rouge dans mes histoires, mais chaque livre développe une ambiance, une thématique et une enquête différentes. On peut donc lire la série dans le désordre sans être perdu.

Mais ça reste aussi, surtout, un vrai thriller, avec nombre de rebondissements et de faux-semblants, à travers un rythme soutenu…

Oui, même si l’histoire est profondément humaine et véhicule des messages forts, elle respecte les codes du thriller. J’ai pris un soin particulier à émouvoir le lecteur, mais aussi à le surprendre. Le rythme est maintenu par une alternance passé/présent et Kivu/Bruxelles. La scène d’entrée, quant à elle, donne le ton et plonge directement les lecteurs dans l’atmosphère du livre. Je voulais leur laisser peu de répit, les bousculer et les sensibiliser jusqu’à la dernière ligne.



Catégories :Interviews littéraires

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4 réponses

  1. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Merci Messieurs Dames pour ce bel entretien.
    Je viens de finir les enfants du serpent, j’en suis toute retournée. Oh je le savais avant de lire le livre pour en avoir discuté avec l’auteure lors de notre GAV mais justement comme j’étais prévenue, je ne m’attendais pas à prendre une telle claque. L’écriture de Clarence est tout simplement humaine et sensible. J’ai adoré

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      sacrée garde à vue ! ;-). Pas étonné que tu sois secouée, je te connais

  2. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Une belle surprise me concernant !

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