La science de l’esquive – Nicolas Maleski

J’aime de plus en plus ces livres à la croisée des chemins, ceux qui ne cherchent pas à pencher obligatoirement d’un côté ou de l’autre, ceux qui sont tout autant à ranger dans les univers de la littérature Blanche que de celle du Noir. Surtout quand la démarche n’a rien de préfabriqué et que l’auteur écrit avec une totale sincérité.

La part belle aux personnages

C’est le cas de ce deuxième roman de Nicolas Maleski. Ne cherchez pas à le cataloguer, d’ailleurs le titre du roman ne manque pas de sel à ce sujet.

La science de l’esquive, ou une tranche de vie d’un homme qui décide de changer de vie, de disparaître. Que cherche-t-il à fuir ? Abandon de poste ?  Besoin de refaire sa vie ? Éloignement du fait d’un événement ou d’une action plus grave ? Le flou est total au moment où Kamel Wozniak débarque dans un meublé perdu au fin fond du pays.

C’est bien connu, plus on cherche à se faire discret, plus on attise la curiosité du voisinage. Que ce soit le propriétaire du logement, sa voisine, les jeunes désœuvrés du coin, ou encore la gendarme du patelin.

Ne cherchez pas une intrigue complexe, ce roman est avant tout une histoire de rencontres. Entre un homme qui fuit le contact, mais qui pourtant peu à peu se retrouve à interagir, contraint ou non, avec son nouvel entourage proche.

Un récit qui fait la part belle aux personnages, entre ce Kamel Wozniak, ancien boxeur du genre taiseux, et les autres.

Le fait de ne pas connaitre les raisons qui poussent le personnage principal à fuir crée une certaine tension. Et le fil de l’histoire fera que ses nouvelles relations vont bouleverser une vie qu’il souhaitait la plus lisse possible.

Attachant

Oui, ce roman est avant tout l’histoire de personnes qui pourraient être vos voisins, ou vous et moi. Tout le monde a de petits (ou grands) secrets.

Ce qui m’aura surtout marqué, c’est cette capacité qu’à l’écrivain à rendre attachant même des personnages au comportement irritant, même les plus décalés. Maleski a une véritable tendresse pour eux, malgré (ou grâce) à leurs défauts, leurs travers.

Rien de révolutionnaire dans ce court roman, une histoire contée à travers une plume agréable, concise et parfois poétique, selon différents points de vue. Et l’environnement magnifique où elle se déroule donne un cachet supplémentaire au récit.

La science de l’esquive est un récit du quotidien qui éclaire les relations humaines, et qui montre que de l’ordinaire peuvent découler des rapports et des conséquences inhabituelles. Je le répète comme une devise, l’histoire et l’écriture de Nicolas Maleski ont ce côté attachant qui rend ce récit touchant et très agréable à lire.

Lien vers mon interview de Nicolas Maleski au sujet de ce roman

Yvan Fauth

Date de sortie : 08 janvier 2020

Éditeur : HarperCollins

Genre : Roman noir et blanc

4° de couverture

« Rien n’indiquait que c’était son jour. Il n’y avait rien de particulier dans l’air. En refermant la porte derrière lui, il savait que c’était la dernière fois. Il n’y avait plus à réfléchir. Sa décision était prise. Il restait à exécuter le plan. Les trottoirs étaient noirs de monde, les magasins happaient et recrachaient les badauds à jets continus. À cet instant il était encore un homme honnête. C’était facile en vérité de basculer dans l’horreur.»

Kamel Wozniak est en fuite. Locataire d’un meublé où pour rester invisible il faut se montrer habile, l’ancien boxeur sur ses gardes tente de se faire oublier le temps d’un été au vert. Mais de qui ? Et où s’arrête son plan B ? Difficile de disparaître dans une petite ville où un garçon comme lui, aux airs de desperado, n’est pas sans piquer les curiosités.
Après Sous le compost, Nicolas Maleski signe un roman qui s’ouvre comme un film des frères Coen, ménage un suspense de polar et déroule, dans langue où la lucidité combat à armes égales avec la causticité, l’épopée d’un antihéros insaisissable et pourtant pas si éloigné de nous.



Catégories :Littérature

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13 réponses

  1. https://evasionpolaretplus.wordpress.com – nancy – lectrice compulsive de polars et romans auteurs : Thilliez, Norek, Minier, Tackian, manzor, ... Ellory, Adler-Olsen, Kepler... pause sep et vacances

    Tu m’intrigues Yvan, j’aime quand tu me fais découvrir des auteurs que je ne connais pas et je ne suis jamais déçue 😘

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      en voilà donc un autre ;-). merci de tes gentils et motivants mots !

  2. jostein59 – Rédactrice du blog Sur la route de Jostein depuis 2010, je lis surtout des romans contemporains.

    Prévu dans mes lectures. Cela me semble bien s’annoncer

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      bonne future lecture alors 😉

  3. Je tâcherai de ne pas esquiver celui-ci! Merci Yvan! 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      eheh, oui tu devrais apprécier

  4. Et allez, un de plus à noter, merci pour cette magnifique chronique Yvan 🙏❤️

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Demain je t’en rajoute un autre, ahah ! Merci de ton écoute !

  5. Eve-Yeshé – Psychiatre à la retraite, je peux enfin m'adonner à ma passion. Lectrice assidue depuis le CP, je profite de ma retraite pour parler de mes livres, de mes coups de cœur, de mes déceptions aussi... ma PAL est gigantesque, il me faudra trois vies encore pour en venir à bout.

    j’ai hésité! je vais finir par avoir des regrets 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      il ne faut pas avoir de regrets dans la vie 😉

  6. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Lui je l’avais esquivé, il ne me tentait pas, il ne me disait rien… J’ai peut-être fait une bêtise mais tant pis… Comme tu en parles si bien, c’est comme si je l’avais lu ! mdr

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