1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre
5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger
GUILLAUME MUSSO
Titre : La vie secrète des écrivains
Editeur : Calmann-Lévy
Sortie : 02 avril 2019
Lien vers ma chronique du roman
1 – Ce récit se déroule à nouveau en France, sur une île imaginaire. Comme un huis clos en plein air…
J’avais envie de rester dans l’atmosphère méditerranéenne de mon précédent roman, La Jeune Fille et la Nuit, qui avait « ouvert la porte » de mon imaginaire à des souvenirs, à des paysages et à des sensations. L’île Beaumont apparaît au début du roman comme une sorte de havre de paix bucolique, bercé par les cigales. Le centre est couvert de forêts de pins et d’eucalyptus, les falaises s’ouvrent sur des calanques et quelques plages, la côte est intacte, très peu construite, une seule route fait le tour de l’île et les voitures y sont rares… Un refuge, loin du monde.
Puis, au fil du roman, le paysage change pour se faire plus inquiétant, un brin menaçant. La découverte d’un cadavre provoque la mise en place d’un blocus le temps de l’enquête ce qui fait basculer l’île dans l’inquiétude et la peur. Le lecteur prend alors conscience que cette île est aussi un endroit fermé, qu’on ne peut ni atteindre ni quitter, et la sensation du huis-clos apparaît.
2 – Tu as pensé cette histoire comme un jeu, à travers l’intrigue en forme de mise en abyme, mais aussi par les citations choisies. Et que tu t’es beaucoup amusé à construire le tout !
C’est vrai, j’ai conçu cette histoire comme un jeu, à plusieurs niveaux d’ailleurs. Jeu avec les livres et les écrivains qui constituent mon panthéon personnel, à travers les citations, employées tour à tour comme clin d’œil et comme portes de réflexion, lesquelles éventuellement renvoient vers d’autres lectures. Et jeu surtout avec le lecteur : j’ai voulu l’emmener dans une sorte de puzzle littéraire pour lui faire ressentir la mystérieuse et très mouvante frontière entre réalité et fiction qui me passionne depuis des années.
3 – Ton personnage principal est écrivain et a des avis très tranchés sur le milieu de l’édition. Ce serait pourtant tomber dans le piège de se dire que c’est ce que pense Guillaume Musso. Là aussi, tu sembles jouer avec cette idée…
En effet, l’auteur ne se confond pas avec le narrateur, du moins pas complètement… Le personnage de Nathan Fawles est dans son rôle de romancier retiré de l’écriture, à la fois lucide et de mauvaise foi sur un monde qu’il a tant aimé. Mais il y a tout aussi peu ou tout autant de moi dans le jeune apprenti écrivain Raphaël, animé de beaucoup d’énergie et de rêves. Quand on écrit, tout est potentiellement source d’inspiration et matériau de fiction, mais rien ne se retrouve dans un roman tel qu’on l’a vu, vécu ou appris. Comme dans un rêve étrange, chaque détail de la réalité peut se déformer et devenir élément essentiel d’une histoire en gestation. Alors, ce détail devient romanesque. Il est toujours vrai, mais il n’est plus réel. L’art est un mensonge qui dit la vérité.
4 – Les émotions et le sentiment d’amour sont très présents, que ce soit entre les personnages ou à travers cet amour des mots qui transparaît tout du long…
L’amour – sous toutes ses formes – est la matière première de tous mes livres et celui-ci ne fait pas exception. Les comportements de Fawles et de Mathilde sont avant tout guidés par les sentiments. Comme d’autres l’ont dit avant moi : « c’est toujours de l’amour dont nous souffrons, même quand nous croyons ne souffrir de rien ! »
Et en effet, si ce livre parle d’amour, c’est aussi de l’amour des livres. À travers le rapport à la lecture et à l’écriture que peuvent avoir Raphaël, Fawles et d’autres personnages, c’est mon propre rapport à la lecture et à l’écriture que j’interroge. Mon amour pour la forme romanesque et pour l’univers des livres qui a tant compté dans la vie. À l’heure où on se désole du déclin de la lecture, ce roman est un éloge du livre qui reste pour moi, plus que jamais, l’instrument privilégié pour élargir notre vie intérieure. Ni le cinéma ni la télévision ne rivaliseront jamais avec cette relation très intime, très personnelle et chimérique qui se tisse pendant la lecture entre ces deux inconnus que sont le lecteur et l’écrivain. Une relation qui défie le temps, l’espace et la mort.
5 – Ce roman est une nouvelle belle preuve que la littérature populaire peut s’écrire avec élégance…
Que répondre ? Merci Yvan !
Yvan Fauth
Catégories :Interviews littéraires
Merci pour cette interview, Yvan ! J’aime autant lire ces mots que ses romans 😉 c’est passionnant !
Oui je trouve cette interview passionnante aussi, et quelle belle preuve de respect de ses lecteurs que de répondre à mon blog avec autant d’enthousiasme qu’avec les grands médias
Intéressant tout cela !
Je trouve aussi 😉
ben j’espère bien !
Finalement c’est tentant…