My absolute darling – Gabriel Tallent

Non que je veuille parler de moi, mais c’est une réaction assez inédite que m’a causée la lecture de ce roman. Par le passé, j’ai pu être disert en refermant nombre de livres, mais celui-ci m’a laissé mutique. Durant des mois… Impossible de poser mes sentiments à l’écrit. Bloqué.

Je tente de m’y pencher aujourd’hui, longtemps après, pour essayer de traduire les sentiments ressentis.

Car, on est bien loin d’un livre pour lequel je n’aurais rien à dire ! Bien au contraire, mais mon ressenti est sans doute trop viscéral et animal pour trouver facilement les mots.

Un ami libraire m’avait conseillé de lire ce titre en me disant qu’il me laisserait sans voix. Il ne croyait sans doute pas si bien dire. La terrible noirceur de ce roman et sa pourtant profonde humanité font naître de telles émotions fortes qu’il y a de quoi en rester coi.

Pardon de parler ainsi de moi en introduction plutôt que du livre, mais tant de choses ont déjà été écrites par d’autres sur ce livre à succès et le talent de Gabriel Tallent.

Oui le propos est terrible, oui les sujets sont sensibles, mais oui, mille fois oui, cette noirceur est mise « au service » de personnages marquants. Surtout d’une héroïne comme on en rencontre peu, loin de n’être qu’une victime. Son cheminement mental et de vie, face à des situations hors-normes et une relation malsaine avec son père, est ineffaçable.

Je sais, je sens, que malgré les années et sans doute l’oubli de l’histoire en elle-même, le souvenir de la personnalité et de la force de ce petit bout de jeune fille me restera en mémoire. Présente de manière diffuse, mais bien là.

Avec My absolute darling, on touche sans doute à ce qui est la quintessence du roman noir. Un environnement familial vénéneux, une atmosphère pesante dans un coin reculé des Etat-Unis, un mal-être, des relations compliquées, des rencontres importantes…

Et surtout, le génie d’un écrivain qui arrive à mettre tout ceci en mots, à déclencher des images mentales, à générer un bouleversement émotionnel phénoménal. C’est ce qui le fait sortir du lot.

My absolute darling est un roman rare et Gabriel Tallent un auteur qui imprime sa voix dès son premier livre. L’éclosion d’un auteur à suivre, par la grâce de la naissance d’un personnage principal devenu immortel dans l’imaginaire collectif. Un roman très dur, mais d’où jaillit aussi de la lumière.

Sortie : 01 mars 2018

Éditeur : Gallmeister

Genre : roman noir 

Traduit par Laura Derajinski

Ce que j’ai particulièrement aimé :

Le personnage principal

L’écriture

L’ambiance

Le fait d’arriver à me laisser sans voix

4° de couverture

À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.



Catégories :Littérature

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13 réponses

  1. Aude Bouquine – « Lire c’est pouvoir se glisser sous différentes peaux et vivre plusieurs vies. » Ici, je lis, je rêve, je parle de mes émotions de lectures, avec des mots. Le plus objectivement possible. Honnêtement, avec respect. Poussez la porte. Soyez les bienvenus dans mon univers littéraire.

    Quelle magnifique chronique sur ce livre tellement « tripal »… J’imagine ton émotion, elle se sent à chaque ligne.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      j’en suis heureux alors ;-). Merci pour tes mots

  2. C’est le livre que j’ai fermé au moins dix fois, en disant « non, ça ne va pas être possible », et réouvert en pensant que je ne pouvais pas passer à côté d’un tel chef d’oeuvre… Outre ce que tu en dis fort justement, il décrit la nature d’une manière exceptionnelle. Un livre inoubliable !

  3. Salut mon ami, je me le gardais pour cette fin d’année et je l’ai fini la semaine dernière. Comme je te comprends ! POur moi, c’est le contraire, il a fallu que j’en parle, que je saoule les gens et que j’en achète deux pour des cadeaux de Noel. Pour moi, c’est mon livre de la décennie, comme Le diable tout le temps l’a été juste avant. Amitiés

  4. Ca fait un moment que je louche dessus, je cherche une idée de livre à demander pour Noël, mais le thème me fait un peu peur. Cependant à force de lire tous ces commentaires, je vais finir par craquer…

    Et sinon j’espère que personne de ta connaissance n’était au marché de Noël avant hier, et même sans connaître personne, pensées pour vous…

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Merci pour ta sollicitude

  5. Lord Arsenik – Noumea - Nelle-Calédonie

    Je m’étais promis de le lire en 2018, à priori c’est mal barré…
    Ce n’est que partie remise.

  6. J’ai bien aimé mais j’ai été moins emballé que toi! J’ai regretté le manque d’émotions. Le récit est dur mais les personnages un peu insensibles…
    Mais ce livre restera quand même dans ma mémoire!

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      comme quoi ;-). moi l’héroïne m’a énormément émue, mais c’est vrai que ce n’est pas le genre d’écriture à en rajouter dans l’émotion, parfois c’est perturbant

  7. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Je suis en plein dedans et je ne sais pas encore si je dois plonger dedans et me laisser emporter durant certaines scènes ou rester loin de tout ça pour m’en éloigner. Noirceur absolue, en effet… On touche au tabou.

    Mais toi, pour un qui est resté mutique et qui ne savait pas écrire sa chronique, tu nous as pondu une sacrément bien foutue !! Punaise, qu’est-ce que je vais pouvoir dire, moi, après ça ? Me restera sans doute que l’humour pour faire passer la pilule et me relaver de toute cette noirceur !

  8. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Un putain de roman ! Voilà c’est dit !

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